Une semaine après la présentation de la filière Technology Education (TE), des questions subsistent en nombre à ce sujet dans le secteur de l’éducation. L’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), souhaite ainsi que le ministère de tutelle engage des discussions avec les différents partenaires afin de mieux cerner les enjeux de cette nouvelle filière. Car si ce projet est étendu à l’ensemble des collèges secondaires en 2025, il faudra prévoir le personnel académique nécessaire. De même, précise Arvind Bhojun, président du syndicat, il faudra s’assurer que les élèves ne soient pas servis en tant que cobayes.
Des critiques constructives. C’est l’intention affichée par le président de l’UPSEE, Arvind Bhojun, pour sa prise de position sur le Technology Education Pathway (TEP). « Je ne dis pas que nous sommes contre ce projet, mais nous souhaitons qu’il y ait des discussions avec tous les Stakeholders, car beaucoup de choses demeures floues », fait-il comprendre d’enrée de jeu. Présenté la par la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, le Technology Education Pathway s’annonce comme une nouvelle option pour les étudiants après le Grade 9 au niceau du secondaire.
Contrairement au parcours classique en Grade 10, qui mène vers le School Certificate de Cambridge, le Technology Education Pathway trace une autre voie vers un diplôme national, octroyé par l’Université de Maurice. Un projet pilote comprenant dix collèges sera mis à exécution au cours de la prochaine année scolaire, soit dès janvier 2024 (voir détails en encadré).
Arvind Bhojun se dit préoccupé par la manière dont ce projet a été élabiré et mis en place. « L’impression qui se dégage et que nous sommes en train de procéder à la va-vite. En même temps, il y a le problème de l’Extended Programme qui demeure entier en dépit de toutes les protestations. Cette année, nous avons baissé le niveau des examens du National Certificate of Education (NCE) pour permettre à un plus grand nombre d’élèves de cette filière de réussir à ces épreuves académiques. La question qui se pose, c’est de savoir si nus prévoyons le Technology Education Pathway pour les élèves de l’Extended Programme, qui réussiront les exalens du NCE, mais n’ont pas le niveau nécessaire pour prendre part aux traditionnels examens de Cambridge… »
Le syndicaliste concède que la technologie demeure une dimension incontournable du monde actuel et que les enfants doivent être équipés à cette fin. Toutefois, précise-t-il, il faut s’assurer que le programme atteigne ses objectifs. « Évitons un nouvel Extended Programme. On nous a dit qu’il y avait environ 200 élèves qui ont déjà témoigné de leur intérêt pour la Technology Education Pathway. Que leur arrivera-t-il si le projet est un fiasco ? » se deande le dirigeant syndical.
Le président de l’UPSEE se demande également si les élèves et leurs parents ont bien été informés, et s’ils sont conscients que cette filière ne mènera pas aux examens de School Certificate (SC) de Cambridge. « J’ai vu que le projet pilote se fera également dans deux académies. Cela m’étonnerait que les parents dont les enfants fréquentent des académies optent pour un diplôme national au lieu d’un SC », ajoute-t-il.
Ce qui préoccupe davantage Arvind Bhojun, sont les ressources humaines nécessaires pour assurer cette nouvelle filière, to deliver the goods. Car le programme comprend des éléments spécialisés, comme Engineering Technology, Health and Hospitality et Computer Technology and Innovation. « D’après ce que j’ai compris, ce sont les enseignants déjà en poste qui seront appelés à enseigner ces matières après une formation de quelques jours. L’autre question qui se pose : est-ce que les Education (Amendment 3) Regulations 2022 permettent aux enseignants en poste d’enseigner ces matières ? » s’interroge-t-il.
En effet, cet amendement à l’Education Act l’année dernière définit une liste de spécialisations spécifiques au niveau universitaire pour pouvoir enseigner les différentes matières au programme du secondaire. C’est ainsi qu’un jeune enseignant, détenteur d’un Master in Software Engineering de l’Université de Technologie, s’est vu interdire d’enseigner, car ce diplôme n’est pas accepté. L’on se demande ainsi quel sera le diplôme nécessaire pour enseigner Engineering Technology, par exemple, et si ceux qui ont été choisis pour enseigner dans cette filière le possèdent.
D’où la nécessité d’engager les discussions avec les différents partenaires, selon l’UPSEE. De plus, si le projet est étendu à tous les collèges après sa phase pilote, il faudra prévoir les ressources humaines nécessaires. Déjà que les collèges privés subventionnés font face à de nombrex obstacles pour assyrer le recrutement des enseignants depuis la promulgation des règlements de 2022.
De même, Arvind Bhojun s’intéresse aux manuels identifiés et qui feront partie du programme académique, étant donné qu’il s’agira d’un examen au niveau national. « Est-ce que le MIE sera appelé à élaborer des manuels, comme il le fait pour les Grades 1 à 9 ? Ou est-ce qu’on se basera sur les recommandations de Cambridge pour le SC ? Autant d’aspects qui demeurent flous. L’UPSEE dit enough is enough. Il faut arrêter de prendre nos enfants pour des cobayes », s’insurge-t-il.
« Si nous voulons qu’un projet soit vraiment positif pour les élèves, il faut éclaircir toutes les zones d’ombre et, surtout, s’assurer que toutes les opinions soient prises en considération. Il ne faut pas se fier uniquement aux techniciens, qui sont les mêmes que ceux qui ont conseillé différents ministres de l’Éducation », suggère-t-il encore.
Les grandes lignes de la TE
Le Curriculum Framework élaboré par le Mauritius Institute of Education (MIE) et le ministère de l’Éducation, la Technology Education Pathway se décline en deux parties. D’une part, il y a cinq matières obligatoires à tous les élèves dans cette filière. Il s’agit de l’anglais, du français, des mathématiques appliquées et des sciences appliquées, matières définies comme Essential Skills. Cela englobe ICT, Arts et Entrepreneurship. Le but étant de favoriser le Holistic Development ».
Pour l’autre partie, les élèves devront choisir entre trois clusters, soit Engineering Technology, Health and Hospitality et Computer Technology and Innovation. Chaque cluster comprend trois branches. Engineering Technology se décline en Fundamentals of Engineering, Engineering Applications et Engineering and Sustainability. Pour Health and Hospitality : Health and Wellness, Hospitality et Leisure and Entertainment. Computer Technology and Innovation comprend Computer Systems and Maintenance, Communication Technologies et Fundamentals of Programming.
De nouveaux clusters seront ajoutés au programme d’études, dépendant des besoins du pays. Après deux ans d’études, les élèves prendront part à un examen national sous la responsabilité du National Examinations Board. Le diplôme sera octroyé par l’Université de Maurice.
Pour décrocher un Technology Education Certificate, les candidats devront obtenir un minimum de E dans les Core Subjects et un minimum de C dans les Clusters. Les barèmes ont été élaborés comme suit : A (81-100), B (70-80), C (60-79), D (50-69), E (40-59) et Ungraded (moins de 40).

