Océan Indien – Realpolitik : Le Chagos Deal compromis par les faucons anglais

Le nouveau Foreign Secretary, David Cameron, donné comme étant Dead Against le retour des Chagos sous le contrôle de Maurice Volte-face éventuelle de Londres après six rounds de négociations avec Port-Louis et le loyer de la base de Diego-Garcia évalué à Rs 120 milliards, soit l'équivalent d'au moins 25% du PIB de Padayachy

L’arrivée de l’ancien Premier ministre anglais, David Cameron, au Foreign Office, est venue ragaillardir les faucons au sein du cabinet de Rishi Sunak contre le Chagos Deal, confirmant le retour de l’archipel sous le contrôle de la République de Maurice, complétant du même coup le processus de décolonisation.

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Ainsi, avec le déplacement au cours de cette semaine à Washington du Foreign Secretary britannique et des échanges avec les Top Guns de l’Administration américaine, de gros nuages politico-diplomatiques s’amoncellent à l’horizon de l’océan Indien sur les Chagos. Les secousses internes ébranlant le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, n’augurent pas de bons offices pour les espoirs alimentés depuis le Joint Statement à Londres et à Port-Louis du 3 novembre 2022. Le Political Talk à Londres est que les jours du Cyprus-Style Deal sur les Chagos sont comptés. Mais, à ce stade, aucune indication sur la forme que prendra l’annonce de cette décision du No 10 Downing Street ou encore si Port-Louis peut espérer participer à un nouveau round sur les Chagos.

En tout cas, le très conservateur quotidien britannique, The Telegraph, ne fait pas dans la dentelle pour annoncer cette semaine que « Britain will drop plans to hand the Chagos Islands back to Mauritius under a new strategy being drawn up by Grant Shapps (Defence Secretary) ». Le Foreign Secretary a remis en question tout le programme et calendrier de travail menant à la conclusion de cet accord avec Maurice pour le retour des Chagos à la république de Maurice suivant l’Advisory Opinion de la Cour Internationale de Justice du 25 février 2019 et de la Résolution 73/295 des Nations unies du 22 mai de la même année.
Ainsi, un trio de faucons britanniques, comprenant le Deputy Prime Minister, Oliver Dowden, Lord Cameron et Grant Shapps, constitue le noyau dur au sein du Cabinet Sunak pour résister à tout accord avec Maurice. En vue de consolider leur objection, les échanges entre Cameron/Blinken à Washington se sont révélés décisifs dans la mise à exécution de leur sinistre plan.

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« All three ministers are understood to be concerned that ceding them to Mauritius, which is allied with China, would endanger the UK’s special relationship with the US and its defence interests in the Indo-Pacific region », note The Telegraph, qui révèle que dès son entrée en fonctions en tant que Defence Secretary, soutient avec force que « the islands should remain under British control, rejecting the international court ruling and defying the UN ».

Cette position rejoint la virulente sortie en septembre dernier de l’ancien Premier ministre britannique, Boris Johnson. Ce dernier avait parlé de « ‘colossal mistake’ to give away the Chagos Islands, describing a government plan ‘to haul down the flag, casting doubt on a major Western strategic asset’ ».

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Les dernières indications, rapportées par The Telegraph sont que « the Foreign Office drew up a Cyprus-style’ deal for Mauritius to be given sovereignty over the 60 islands, with Britain to remain in control of the military base. It mirrors the agreement struck between Britain, Greece, Cyprus and Turkey over two military bases in Cyprus in 1960, when the island was granted independence from the UK ».
Le quotidien conservateur fait état également du montant du loyer pour la base américaine de Diego-Garcia devant être versé à Maurice, soit Rs 120 milliards, représentant au moins 25% du Produit intérieur brut à la Padayachy. « The deal would also involve the UK making a significant payment, of as much as £2 billion, to the Mauritian government in exchange for use of the military base », rapporte The Telegraph. Le bail de la base de Diego-Garcia est annoncé pour une durée déterminée.

La principale thèse de ralliement demeure la proximité politique, diplomatique et économique, entretenue par Port-Louis avec Beijing. Et surtout la condition inconditionnelle de Washington contre le Move conjoint Truss/Sunak sur les Chagos. « Whatever solution you come up with, unless the Pentagon approves it, it’s dead », a-t-on fait comprendre à The Telegraph, ajoutant que « they don’t want anything that threatens the current status of the air base ».

Toutefois, un porte-parole du Foreign Office avance tout simplement que : « our clear aim is the continued full operation of the joint UK-US military base on Diego Garcia, which plays a crucial role in national, regional and global security. The UK will only enter into an agreement that protects our national interests and those of our partners ».
Du côté de l’Hôtel du Gouvernement à Port-Louis, l’on préfère éviter de faire des commentaires publics au sujet de ces tractations au sein du gouvernement britannique, affirmant qu’il existe une ligne de communication entre Port-Louis et Londres sous la forme des rounds de consultations agréées depuis le 3 novembre 2022.
Toutefois, d’autres milieux bien informés ajoutent que l’opposition au Chagos Deal à Londres n’a fait que gagner du terrain crescendo avec cette fois-ci trois Senior Cabinet Members du gouvernement Sunak déterminer à apposer leur veto à tout accord sur le retour des Chagos à Maurice.

Les prochaines semaines s’annoncent décisives avec l’intention déclarée du Premier ministre, Pravind Jugnauth, d’organiser une nouvelle tournée dans l’archipel des Chagos, sans la permission de Londres, comme tel avait été le cas en février dernier pour la Blenheim Reef Expedition au Nord de l’archipel en vue de délimiter les frontières maritimes avec l’archipel des Maldives.

Le volet de l’intégrité territoriale, engagée par la république depuis 55 ans déjà, entame un nouvel épisode face à ces faucons britanniques…

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