Sportive de l’année — Noemi Alphonse : Tout un SYMBOLE

Pour cette année 2023, la rédaction sportive de Week-End a tenu à récompenser comme il se doit une athlète d’exception, qui continue de progresser au fil des années et qui demeure aujourd’hui, une valeur sûre du sport mauricien voire à l’INTERNATIONALE. Ce n’est ni plus ni moins que l’handisportive Noemi Alphonse qui a été impressionnante cette saison, en montant sur le podium des Championnats du monde de para-athlétisme en juillet dernier, à Paris, et ce, à deux reprises. Elle a décrochée la médaille d’argent au 100 m (catégorie T54) en 16,05, alors que sur le 400 m, elle a pris le bronze en 53,63 décrochant sa qualification pour les Jeux Paralympiques de Paris l’année prochaine. Mais, cerise sur le gâteau, et qui place notre championne au dessus des autres, demeure “ les 11 records d’Afrique “ améliorés par notre compatriote cette année sur 5 distances différentes. Nous n’avons pas cherché plus loin, Noemi Alphonse est tout simplement faite d’un autre métal…

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Retenez bien cette date, le 23 novembre 1995. C’est le jour ou la petite Noemi Alphonse a vu le jour ! 28 ans après, Noemi Alphonse a du mal à réaliser tous les progrès réalisés depuis. « C’est tout simplement incroyable. Je n’aurais jamais cru devenir un jour une sportive de haut niveau. Je profite de chaque instant en croquant la vie à pleine dents », avance-t-elle, avec ce sourire contagieux qui lui est propre. « C’est une année 2023 aboutie sur tous les plans, mais ses Championnats du monde resteront à jamais gravés dans ma mémoire », soutient-t-elle. Ces deux médailles portent le sceau d’un homme important pour Noemi : JEAN MARIE BHUGEERATHEE. Ce dernier est depuis 9 ans, la cheville ouvrière du succès.

« Mon coach Jean Marie est celui qui me connait le mieux sportivement. Il sait comment me motiver et me piquer dans mon orgueil quand le besoin se fait sentir. Il me donne confiance en moi et il a toujours cru que j’allais monter sur le podium aux Mondiaux. Il me disait que la médaille me pendait au nez », affirme notre interlocutrice. Noemi Alphonse est montée sur la deuxième marche du podium du 100m T54 en terminant devant son idole, l’Américaine Tatyana McFadden, troisième de cette finale avec un chrono de 16s05. La médaille d’or est revenue à la Finlandaise Amanda Kotaja. Celle-ci est devenue la détentrice du record de ces championnats du monde sur cette épreuve avec un temps de 15s96.

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Engagée sur le tour de piste également, la Mauricienne a brillé en finale, en ramenant une nouvelle médaille. Cette fois-ci, c’est le bronze qui est revenue à notre compatriote qui a signé un chrono de 53s63. Elle avait par ailleurs battu le record d’Afrique sur la distance lors des séries en signant un temps de 53s52. « Cette médaille était très inattendue. D’ailleurs, j’étais tellement concentrée sur ma course que je n’ai pas réalisé que j’étais sur le podium. Ma joie était incommensurable », précise-t-elle. Plus important encore, la recordwoman d’Afrique des 100m, 200m, 400m, 800m ; 1500m, 5000m et du 42 km fait partie de la crème mondiale, ayant amélioré ses records d’Afrique et national à 11 reprises. « J’ai amélioré le record d’Afrique au 400 m à quatre reprises en 2023 », précise-t-elle.
Engagée dans la course en fauteuil sur le célèbre marathon américain (marathon de Boston), Noemi Alphonse avait pris la 8e place en bouclant cette course en 2h08’04. Sa participation à Boston lui avait d’ailleurs permis de décrocher une place pour la prestigieuse Diamond League de Zurich, en août dernier. Noémie Alphonse avait reçu une invitation directe de la part des organisateurs, après avoir été reconnue pour sa détermination et son travail acharné. Elle avait d’ailleurs choisi de faire l’impasse sur les Jeux des îles de l’Océan Indien à Madagascar pour se rendre à Zurich, ou elle a terminé 8e également. Elle a aussi pris part à d’autres grandes compétitions dont la 11e édition de la Sharjah International Open Para Athletics Meeting, le Grand Prix de Dubaï et celui de Notwill, en Suisse. Elle s’est aussi essayée au Sanlam Cape Town Marathon.

Le sens du sacrifice
L’habitante de Sainte-Croix, qui a fréquenté le Père Laval R.C.A School et le College Lorette de Port-Louis gravit les échelons à vitesse Grand V, elle qui est née avec une malformation de la jambe gauche et de la main droite. Elle a suivi des cours à l’alliance française et possède un certificat de niveau 1 en Radio Press & Communication ainsi qu’en journalisme. Elle a aussi une licence en Web & Multimedia Development de l’Université de Maurice (UOM). « J’ai fait beaucoup de sacrifices pour atteindre mes objectifs. J’ai eu des hauts et des bas comme tout le monde, mais je ne me suis jamais laissé abattre. Ma situation d’handicap a été pour moi une FORCE et non une faiblesse. Je suis une personne très déterminée de nature, et ça je le dois à mes parents, the unsung heroes. On entend souvent parler de Noemi, mais en coulisse, ce sont mes parents qui ont fait de moi ce que je suis. Je tiens à les remercier pour tout ce qu’ils ont fait pour moi, ainsi que tous ceux qui m’entourent. Un merci spécial à mon sponsor ABC Group avec lequel je chemine depuis six ans et qui a largement contribué à mon succès. »

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Noemi Alphonse précise qu’être une athlète de haut niveau n’est pas évident à gérer tous les jours. « Le plus dur réside dans l’assiette (Rires). J’ai un régime adapté à mes besoins que tant que sportive et ce n’est pas facile. Mais étant bien encadrée et entourée, je trouve la force nécessaire pour faire fi de l’adversité. Sans compter les sorties qui se font de plus en plus rares pour que je privilégie le repos et le sommeil pour la récupération. Pour la petite anecdote, ma plus grande sortie se situe à Flacq, quand je vais rendre visite à ma grand-mère. »

La championne compte bien poursuivre sur sa lancées l’année prochaine avec notamment les Mondiaux au Japon au mois de mai et les Jeux Paralympiques à Paris. « Je n’ai qu’un seul objectif en tête : MONTER SUR LE PODIUM en France. C’est dans mes cordes et je me donnerai les moyens de mes ambitions. Mon but est de rendre mes proches et mon pays fiers de moi. »

Notre numéro 1 a aussi un message pour la jeune génération et ceux qui sont en situation d’handicap. « Il faut se fixer un objectif et foncer, travailler dur pour l’obtenir. La vie est faite d’obstacles, mais avec la bonne énergie et le degré de détermination nécessaire, rien n’est impossible. Mais pour les parents qui ont des enfants en situation d’handicap, encouragez-les à sortir de la maison et de vivre leurs vies. Ce n’est pas une fatalité. Ces enfants particuliers ont ce petit truc en plus qui illuminera votre existence. »
Comme dit le dicton, « La persévérance n’est pas une longue course : c’est plusieurs courses brèves l’une après l’autre ».
Bravo Noemi !

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Ils ont aussi brillé
Brian François-Fils : Dans la cour des Grands


Le combattant d’origine rodriguaise, Brian François-Fils ne pouvait pas ne pas figurer dans cette liste de sportifs qui ont laissé leurs empreintes en cette année 2023. Désigné « Sportsman of the Year 2022 », il a cette fois frôlé de peu le titre de champion de monde par deux fois, lors des Mondiaux en France et à l’occasion des World Combat Games à Riyad, en Arabie Saoudite. Ce sont par ailleurs les deux rendez-vous les plus importants cette saison du calendrier de la boxe française savate.

Brian François-Fils fait aujourd’hui partie des meilleurs dans sa discipline. Ainsi, lors des mondiaux en Croatie en juillet dernier, l’étoile montante de la boxe française savate, sous la férule de Kersley Visenjoue, a remporté ses trois combats dans la catégorie des moins de 65 kg. Il a pris la mesure du Croate Roko Dozdor, l’Afghan Khodabad Mehradi en phase de poule et le Bulgare Petar Angelov dans le dernier carré. En finale au mois de septembre à Marseille, le Mauricien n’a malheureusement pas convaincu les juges, s’inclinant face à Amine Feddal, pour se contenter du titre de vice-champion du monde.

Le 30 octobre dernier, Brian François-Fils n’est pas parvenu à prendre sa revanche sur Amine Feddal, à la King Saud University en Arabie saoudite. Il a perdu la finale des World Combat Games chez les -70 kg contre le Français. Ce dernier à l’unanimité des juges, a été fait vainqueur (5-0). Comme lors de la finale des Championnats du monde, en combat disputée en septembre, Brian François-Fils est revenu avec l’argent autour du cou. À noter que lors de cette compétition, Brian François-Fils a dominé en quart de finale l’Iranien Alireza Azarkhazin par K.O technique lors du troisième round, avant de s’imposer face à l’Ukrainien Oleksandr Bratchykov (4-1) en demi-finale. Le Mauricien est un vrai guerrier des temps modernes, lui qui titille les sommets et qui caresse le rêve de toucher le graal, en devenant ni plus ni moins, que le meilleur de sa catégorie.

Fabrice Bauluck : Un modèle de régularité et de professionnalisme


C’est un sportif que l’on ne présente plus ! Fabrice Bauluck est tout simplement un modèle de régularité et de professionnalisme, lui qui demeure un combattant hors du commun. Cette saison, le spécialiste de Kickboxing est monté sur la plus haute marche du podium à Istanbul (18-21 mai dernier), en Turquie. La compétition était organisée par la World Association of Kickboxing Organisations (WAKO) en association avec la Fédération de Kickboxing de Turquie. 45 pays et environ 3000 tireurs ont pris part à ce tournoi.
Fabrice Bauluck a été sacré en Full Contact en battant son adversaire ouzbek dans la catégorie des moins 57 kilos. Il avait déjà remporté l’or en 2022 face à un Kazakh. C’est la 10e médaille d’or remporté par le tireur Mauricien âgé de 36 ans. Au mois de juin à Jin Fei, il a glané la ceinture mondiale de la WAKO Pro lors du combat le plus attendu de la soirée de gala organisée par la Fédération mauricienne de kickboxing et disciplines assimilées. En effet, fort de son expérience, il n’a fait qu’une bouchée du Turque Yunus Emre Kili dans la catégorie des moins de 54,5 kg. Le combat a duré moins de deux rounds et il a fait la différence par K.O.

Il avait également à cœur de s’illustrer aux Jeux des îles de l’Océan Indien (JIOI) à Madagascar ou le kickboxing était pour la première fois au programme. Pourtant habitué des grandes compétitions internationales, il a beaucoup souffert face au Malgache Zafy Justin chez les moins de 57 kg. C’était d’ailleurs un combat très intense et les tireurs se sont beaucoup cognés dans une ambiance électrique. Notre compatriote, souvent mis en difficulté, a toutefois boxé intelligemment pour faire la différence. Il n’empêche qu’au bout de l’effort, il y avait la médaille d’or. Malheureusement pour lui, son aventure a coupé court aux Championnats du monde, en terre portugaise, éliminé en quarts de finale.

Aurélie Halbwachs-Lincoln : Une référence du cyclisme féminin


Aurélie Halbwachs-Lincoln a apporté sa pierre à l’édifice en 2023 et ce, de la plus brillante des manières. À 37 ans, la cycliste mauricienne, multiple championne national, est une référence en féminin. Elle a réalisée une performance exceptionnelle lors des Championnats d’Afrique sur route au Ghana en février dernier. En effet, pour son grand retour dans cette compétition continentale, elle a effectuée une véritable razzia en montant sur la plus haute marche du podium à trois reprises, sur quatre.

Sa récolte avait débuté avec le contre-la-montre dans l’équipe féminine. Aux côtés de ses coéquipières Kimberley Le Court de Billot, Raphaëlle Lamusse et Lucie Lagesse, la sélection nationale dames a fait honneur au quadricolore, en étant la plus rapide sur les 36 km, devant la Namibie et le Rwanda. Puis elle a remis ça lors du contre-la-montre individuel. Tel le phénix, la Mauricienne s’est offerte sa troisième couronne africaine dans le chrono après les éditions 2006 et 2017. Elle a sorti une performance de 35 minutes et 9 secondes. Elle a également contribué au sacre de la Team Maurice-MCB dans le relais mixte. Lors des derniers Jeux des Îles de l’Océan Indien (JIOI) en terre malgache, Aurélie Halbwachs-Lincoln a été médaillée d’or dans le chrono individuel et médaillée d’argent par équipe.

Yovanni Philippe Un talent comme on en voit peu


Ce jeune homme est passé de l’ombre à la lumière en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire ! Yovanni Philippe originaire de Beau-Bassin, est devenu célèbre en 2023 lorsqu’il a effacé le record des Championnats du monde au 400m T20. Bien que ce record ait ensuite été battu, sa performance remarquable a suscité l’intérêt et la curiosité de nombreux Mauriciens qui voulait en apprendre plus sur le personnage étant donné qu’il pratique l’athlétisme depuis seulement deux ans. Il ne faisait d’ailleurs même pas partie des favoris pour disputer la finale.

Les champions naissent dans les grands moments et Yovanni Philippe a eu son moment de gloire en demi-finale de cette compétition, en dominant facilement ses adversaires, avec un chrono, tenez-vous bien, de 47 secondes et 38 centièmes. Il avait alors battu le record de ces Mondiaux pour la distance. En finale, il est monté sur la troisième marche du podium en 47 secondes et 48 centièmes derrière les Brésiliens Samuel Oliveira (47 secondes et 20 centièmes et nouveaux records des Mondiaux) et Daniel Tavares (47,30). Grâce à cette performance, l’handisportif s’est qualifié pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024.
À noter qu’il s’était également illustré lors du Grand Prix de Dubaï en février dernier ou il avait pris la médaille d’or au 400 m. Il avait été crédité d’un temps de 49,62. Réputé, discipliné et bosseur, Philippe a une belle carrière devant lui et fait déjà partie du gratin de la discipline. Yovanni Philippe a débuté en 2017 sous la houlette de Guiliano Ameer et deux ans plus tard, à la veille des Jeux des Îles à Maurice, il s’est s’engagé avec l’entraîneur Jean-Marie Bhugeerathee. Et depuis, il a franchi un autre palier dans sa progression. Le meilleur reste à venir…

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