En 2023, l’on aura témoigné d’une écocitoyenneté mauricienne de plus en plus prononcée. Il y a eu une sorte de prise de conscience collective autour des enjeux climatiques, de la sauvegarde du patrimoine naturel et de la protection de l’environnement. Nous avons aussi vu que l’union fait la force et que face à l’action tardive, voire inaction des autorités mauriciennes, la raison prime toujours, notamment dans le cas d’Anse-la-Raie. Nous vous rappelons, dans cet article, les grands combats environnementaux de cette année.
Mare Chicose, déchèterie verticale
La situation à Mare Chicose étant devenue trop encombrante avec les 10 millions tonnes de déchets qui y sont déposés, les autorités iront de l’avant avec le projet d’expansion verticale du site d’enfouissement, a annoncé le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, cette année. Un projet d’envergure qui pourrait résoudre le problème à moitié, soulignent de nombreux observateurs écologiques. Quand on sait que 60% des déchets enfouis à Mare Chicose sont essentiellement des déchets organiques et compostables, ne faudrait-il pas en parallèle former et encadrer les employés de voirie au tri sélectif et ainsi encourager la population à trier ses déchets ?
Tous debout pour le Jardin de Pamplemousses
Le Jardin de Pamplemousses, ou le Sir Seewoosagur Ramgoolam Botanical Garden, était sous le feu des projecteurs cette année. Pour cause, des touristes ainsi que des citoyens mauriciens se sont plaints de l’état déplorable du plus vieux jardin de l’hémisphère Sud, jadis admiré pour sa beauté et son authenticité. Beaucoup ont également regretté la présence de deux samadhi (sanctuaires) dans ce haut lieu de patrimoine. Face à l’indifférence des autorités, il y a eu un lever de boucliers des Mauriciens qui, animés de leur amour de leur patrimoine, n’ont pas hésité à hausser le ton. Il y a quelques mois l’association Le Jardin de Pierre Poivre 1719-1786 voit le jour avec un double objectif ; d’une part, ramener les autorités à la raison sur la conservation, le maintien et le respect du site historique du Jardin de Pamplemousses, et de l’autre amorcer une prise de conscience collective sur la préservation du patrimoine, quel qu’il soit. Encore à ce jour, les membres fondateurs, dont Serge D. Astruc qui envoie des correspondances à qui de droit pour tenter de redonner ses titres de noblesse à ce jardin en désuétude…
Roches Noires
Projet immobilier, parc naturel…les autorités doivent trancher
L’on ne sait toujours pas ce qu’adviendra de Roches Noires, après toutes ces maintes tentatives de la « développer ». En début d’année, le projet de développement immobilier en gestation de Roches Noires Smart City (RNSC) de PR Capital (Mauritius) Limited, fondé par les promoteurs français Christophe Petit et Julien Ridon, a refait surface. Si le groupe a récemment soumis son rapport Environment Impact Assessment (EIA) revu et modifié, et qu’il a été dûment commenté par plusieurs collectifs écocitoyens et autres, la réponse des autorités de tutelle, elle, se fait toujours attendre. Par ailleurs, en début d’année, un consortium de conglomérats locaux, dont Eclosia, IBL, Currimjee, Scott et autres, forment le Collectif mauricien pour Roches Noires, proposant la construction d’un parc naturel sur le site de 358 hectares. Dans cette histoire-là, au-delà de toute cette paperasse administrative, il ne faut pas oublier que ce sont avant tout des zones sensibles, des sanctuaires, une faune et une flore endémique et des caves de lave millénaires qui sont en jeu.
Anse-la-Raie
Citoyens en grogne, le promoteur
se désiste
Le cas d’Anse-la-Raie fait cas d’école. Au mois de novembre, le député du Parti Travailliste Osman Mahomed évoque pour la première fois au Parlement la controverse autour d’un projet hôtelier à Anse-La-Raie porté par le promoteur Avinash Gopee à travers l’entreprise Luxury Suites ltd. Un projet s’étalant sur une superficie de 100 arpents, dont 50 arpents de wetlands. Suite à cette annonce, la grogne populaire n’a pas tardé à se faire entendre. Le mouvement #PaskokinAnseLaRaie est créé et une manifestation est organisée. Sur les réseaux, l’on crie à la destruction de zones environnementales sensibles et à l’abus de pouvoir. Coup de théâtre deux semaines après, le promoteur se retire. Dans une déclaration brève, le promoteur du projet Avinash Gopee a déclaré : « Face à la multiplication des calomnies, j’ai pris la décision de renoncer à ce projet. »
Sauver le Jardin botanique de Curepipe
Après le jardin de Pamplemousses, ce fut autour du jardin de Curepipe de se retrouver… en plein soleil, mais pas pour les bonnes raisons. En début d’année, des visiteurs du jardin tirent la sonnette d’alarme sur une plaque installée annonçant la construction d’une « religiously platform » (sic) au sein même du jardin public. Plusieurs citoyens et collectifs citoyens, dont Géraldine Joulia-Hennequin, qui a lancé une pétition ainsi que Rezistans ek Alternativ ou encore SOS Patrimoine en Péril ont pris position, demandant l’arrêt des travaux pour tenter de conserver la beauté de ce jardin public géré par l’État mauricien laïque. À ce jour, la plateforme a bel et bien vu le jour pour accueillir les différentes manifestations religieuses, mais cela étant dit, rien ne pense à croire que le Jardin botanique de Curepipe sera converti en spiritual park, comme le craignaient les contestataires. Affaire à suivre de très près.
La Tiny Forest de la capitale, une bouffée d’air frais
Il n’y a pas eu que des combats environnementaux cette année. Il y a aussi eu des choses positives, démontrant encore une fois qu’il y a une prise de conscience écologique. Et les honneurs vont à la fois au secteur privé et au secteur public qui ont collaboré pour encourager les bons gestes, dont le recyclage. Une initiative en particulier aura marqué les esprits : celle de la Tiny Forest de la Cathédrale Saint-Louis, sous l’administration du père Jean Maurice Labour. Le projet de Tiny Forest comprend la mise en terre de 1 200 plantes endémiques sur 400 m2. Une initiative qui revient à l’organisation Action For Environment Protection, ONG du diocèse de Port-Louis. Le but principal est de réconcilier l’homme avec la nature et surtout d’aider à guérir les poumons verts de la capitale…