La Green Reparation Foundation (GRF) et Linion Moris (LM) sont alignés sur le point que les descendants d’esclaves obtiennent une réparation financière. C’était lors de la cérémonie de gerbe pour marquer le 1er Février.
« Il y a deux volets concernant la réparation, soit sur le plan moral et financier. L’île Maurice a déjà complété la partie réparation morale avec un jour férié le 1er février, la montagne de Le-Morne comme une reconnaissance mondiale étant un patrimoine de l’Unesco, et depuis 2004 l’Assemblée nationale a reconnu l’esclavage et l’engagisme comme des crimes contre l’humanité. Il y a aussi eu le rapport de la Commission Justice et Vérité », explique Didier Michel, secrétaire de la GRF, dans son discours tenu au Jardin de la Compagnie hier.
Didier Michel a dénoncé l’attitude d’une catégorie de personnes lorsque le sujet de la réparation financière est évoqué : « Ena pe dir bann desandan esklav pe vinn rod bout, pe rod sarite. Se pa sa! Reparasion finansier se retablir nou bann drwa akoz bann sekel ankor prezan ». Il a aussi cité des exemples où les descendants d’esclaves souffrent toujours des séquelles comme sur le plan du logement, des échecs scolaires. Il a également abordé le déficit en formation dans certains établissements pour encadrer les enfants, et le manque d’accès aux finances pour ceux intéressés par l’entrepreneuriat.
De son côté, Rama Valayden de LM appelle à ne pas faire d’amalgame entre esclavage et engagisme : « Seki esklav inn pase ek desandan esklav inn pase, na pena okenn komparezon ». Il a réitéré qu’une des recommandations du rapport « Justice et Vérité » mentionne la réparation financière. Il a ajouté : « Pourquoi ne pas demander aux gros propriétaires sucriers de tenir une table ronde pour discuter du sujet? Il est temps que Maurice présente un dossier à ce sujet tout comme l’ont fait les pays des Caraïbes ».
Par ailleurs, il a dénoncé le fait que la justice « ankor bloke lor sistem Evidence konsernan bann dimounn ki kokin terin. Zot ena arpanter, avoka, avoue. Kouma bann ti-dimounn pou lager kont zot ? Li inportan pou met enn tribinal avek bann aseser ki metriz bann domenn kouma listwar, resers ek kisannla pou al fer arpantaz ».
Rama Valayden estime que les descendants d’esclaves ne jouissent pas des mêmes chances au sein de la société mauricienne. « Lakaz zot pena, akse pou gagn lakaz pa gagne, labank pa rod donn zot loan akoz zot pena terin pou met angaz. Dan zidisier enn ziz kreol pann nome, dan lapolis ek servis sivil mem problem. Eski nou pei pou vinn solid si nou pa inklir tou dimounn, ek pena egalite ek sans egal? » s’insurge-t-il. Ainsi, il préconise des changements au niveau de l’Equal Opportunities Act.
Sylvio Michel des Verts Fraternels est revenu sur le parcours de son parti pour que le 1er février soit décrété jour férié en hommage à l’abolition de l’esclavage. « La commémoration de jeudi est basée sur le thème de la réparation. Depuis 48 ans nous luttons sur le sujet de l’esclavage. Notre combat a débuté en 1969 à Mont-Choisy où l’Organisation Fraternelle avait brandi un drapeau marron en souvenir des esclaves marrons. En 1976, nous avons construit un monument dédié à l’esclavage au Jardin de la Compagnie. En 2000, il y avait certains projets de construction sur la montagne du Morne qui auraient effacé ce site de marronnage. Nous avons alors commémoré l’abolition de l’esclavage à Le-Morne au lieu de Port-Louis et en 2009, le site a été décrété patrimoine de l’humanité ».
Des membres de la GRF et LM ont procédé à un dépôt de gerbes au Jardin de la Compagnie et auprès de la stèle en face du Théâtre de Port-Louis hier. Plusieurs membres ont pris la parole pour évoquer l’histoire de l’esclavage et son impact qui perdure au fil des générations.