Musique : Maurice dans le flou alors que La-Réunion avance avec les Francofolies

La 7e édition des Francofolies, dont une branche se développe à l'île de La-Réunion, comptera cette année la révélation du rap français Yamê, ainsi qu'une quinzaine d'autres artistes.

Des milliers de spectateurs sont attendus dans la région de Saint-Paul (La Réunion) en septembre suite à l’annonce de la riche programmation des Francofolies, en ce début de 2024. En attendant, à Maurice, l’incertitude plane toujours concernant l’organisation d’événements artistiques. Les actions visibles tardent à suivre les engagements pris officiellement.

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Les acteurs du secteur artistique de Maurice espèrent toujours une action du ministre des Arts, Avinash Teeluck. Pour cause : malgré les beaux discours et engagements, des incertitudes demeurent quant à l’organisation d’événements culturels.

En attendant, la situation presse. Car l’épée de Damoclès des annulations et interdictions sans raison plane sur les organisateurs mauriciens (voir hors-texte). Dès lors, l’activité économique de ce secteur demeure en berne.

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Lire également notre analyse : chronique d’une année de censure du secteur artistique

Or, pendant ce temps à quelques centaines de kilomètres seulement, l’île sœur se prépare déjà à accueillir des stars reconnues ou montantes. Des artistes au rayonnement régional et international. C’est ce qui a été révélé la semaine dernière avec le dévoilement d’une partie de la riche programmation des Francofolies de La-Réunion.

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Call of Valhala

Il a explosé l’internet en fin d’année dernière grâce à son tube Bécane. Vulgarisé à travers la chaîne YouTube Colors, le titre de quelque trois minutes s’est popularisé des mois après sa mise en ligne le 1er juin 2023. Chaque semaine, les vues progressent de plusieurs millions, se chiffrant désormais à 37 millions. Sans compter la multitude de remix diffusés sur différentes plateformes numériques. Le Franco-Camérounais s’est depuis élevé comme « la » révélation rap de 2023.

Qualifié par Le Quotidien de « phénomène de la scène française aux multiples influences », Yamê foulera le sol de l’île sœur en septembre à l’occasion des Francofolies de La-Réunion. Le chanteur et pianiste interviendra en clôture de cet événement annuel, qui se déroulera du 3 au 8 septembre sur trois lieux à Saint-Paul.

Le responsable du festival, Jérôme Galabert, également organisateur du plus grand festival de musique du bassin Sud de l’océan Indien, Le Sakifo, a mis de l’avant une formule riche, éclectique et bien équilibré au fil des soirées.

En effet, le populaire rappeur de Marseille, SCH (Julien Schwarzer), s’inscrit comme tête d’affiche de cette présente édition. Tout comme le groupe de reggae français, Dub Inc, et le chanteur français Eddy de Pretto.

De grands noms, parmi d’autres, qui attireront des dizaines de milliers de spectateurs dans l’Ouest de La-Réunion. « L’objectif est de faire mieux que l’édition de 2023, qui était déjà très belle », confie Jérôme Galabert.

L’art de l’océan Indien

Pour cette prochaine édition cependant, aucune formation mauricienne ne participera aux Francofolies. En 2023, la chanteuse pop mauricienne, AnneGa (Anne-Gaëlle Bourquin), y avait offert une prestation mémorable, qui faisait beaucoup parler dans le milieu. Même des mois après.

« AnneGa était incroyable », se rappelait alors une Réunionnaise se baladant sur les berges du Barachois, à Saint-Denis, à l’occasion du plus grand festival électro de l’océan Indien, Les Electropicales.

Malgré l’absence d’ambassadeur de Maurice, l’océan Indien y est représenté notamment par l’entremise de Zily. La chanteuse mahoraise avait, en 2023, dévoilé la puissance de son vécu lors du festival Sakifo, en juin à Saint-Pierre, au sud de La Réunion.

La Mahoraise Zily sur la scène de La Poudrière. (Sakifo 2023)

Sur la scène de La-Poudrière, Zily avait ramené vers l’engagisme indocéanique, sans doute fleurit grâce à ses origines malgaches. Sur des rythmes ressemblant beaucoup au sega-tambour de Rodrigues, la chanteuse avait déployé une énergie revigorante face à des milliers de spectateurs.

Un mythique groupe réunionnais rempile également après le Sakifo : Ousanousava. L’année dernière, la formation avait subjugué, malgré les langues qui pensaient avoir déjà tout vu d’elle. C’était mal connaître Ousanousava.

Ils ont ainsi fait reprendre en chœur leurs tubes aux allures de patrimoines, dont Na Dé Milyon d’Années et Granmèr. « Nous avons de beaux artistes pour faire plaisir au public.

Nous aurons également quelques surprises que nous annoncerons vers fin juin », a soutenu Jérôme Galabert. Les Francofolies s’annoncent, de fait, comme un événement majeur pour 2024 dans l’océan Indien.


Il est où le ministre, il est où?


De nombreux artistes et organisateurs se demandent où en sont les engagements annoncés par le ministre des Arts et de la Culture, Avinash Teeluck. Face aux virulentes critiques émises à son encontre suite à une multitude de restrictions, Avinash Teeluck s’était lancé dans une campagne de Damage Control.

Venant de l’avant avec la formule magique de One-Stop Shop pour faciliter l’obtention de divers permis. Or, à fin janvier, aucune suite n’a été rendue publique à ce projet. L’incertitude plane toujours au sein du secteur artistique.

De plus, l’Union des Artistes avait indiqué au ministre que des clarifications devaient être apportées au mode de fonctionnement de ce fameux One-Stop Shop. Pour cause : malgré le fait d’avoir obtenu la totalité des permis requis, la police peut toujours s’objecter à la tenue de quelconque événement, selon la formule présentée à ce syndicat des artistes.

D’autre part, la Site Visit des lieux pouvant accueillir concerts et festivals se fait toujours attendre. Devraient y être conviés les artistes et les organisateurs. Mais rien n’a été dévoilé à ce sujet, alors qu’une liste d’endroits a déjà été portée au-devant du gouvernement l’année dernière.


Les Francofolies

Créé en 1985 à La-Rochelle, en Charente Maritime, en France, le festival a lieu tous les ans sur plusieurs jours, et ce, dans sept pays, constituant ainsi la Confédération des Francofolies. Les territoires concernés sont la France, Montréal, la Bulgarie, La-Réunion, La Nouvelle-Calédonie, la Belgique et le Luxembourg. L’objectif est de mettre de l’avant les artistes francophones, ainsi que ceux des régions où se tient l’événement.


Les festivals, manne économique pour les locaux

Lors de l’annonce de la programmation des Francofolies, le maire de la ville de Saint-Paul, Emmanuel Séraphin, a dit souhaiter par l’entremise de ce festival créer des liens avec d’autres « villes des Francos ». Objectif : permettre une meilleure circulation des artistes de et vers La Réunion.

Hormis cette opportunité pour les locaux de bénéficier de frottements avec ceux de l’étranger, ou d’exporter leur art vers d’autres territoires, des événements de cette envergure profitent à l’ensemble de l’économie de La-Réunion.

À l’occasion du Sakifo et des Electropicales, par exemple, les régions de Saint-Pierre et de Saint-Denis connaissent une explosion de leurs activités. Les commerces et restaurants restent ouverts et bondés jusqu’à fort tard. La location de maisons ou d’appartements est en hausse. Certains artisans en profitent même pour exposer leur savoir-faire. Une aubaine pour la population et les entrepreneurs.

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