Post-cyclones : alerte sur le blanchissement des coraux dû à la sédimentation

  • Une épaisse couche de boue visible dans le fond marin de la côte Sud-Est

Un blanchissement accéléré des coraux est relevé dans la région de Grand-Port et Pointe-d’Esny après le passage des cyclones tropicaux Belal et Candice. C’est ce que révèle l’ONG Eco-Sud qui a diffusé une vidéo à ce sujet afin d’attirer l’attention des autorités. Ce phénomène serait lié à l’augmentation de la sédimentation dans cette partie de l’île située entre mer et montagne. Eco-Sud regrette que le développement dans cette région, comme ailleurs, néglige les tampons naturels tels que les zones humides.

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Sur la côte Sud-Est, la mer devient boueuse après chaque grosse pluie. Les derniers épisodes climatiques avec le passage de deux cyclones et des pluies torrentielles dans la région ont aggravé la situation. Ceux ayant fait un tour du côté de Mahébourg, ces derniers jours, ont sans doute noté que la mer est à deux tons. Soit marron près de la rive et bleu, plus loin. Dans les fonds marins, il y a de véritables catastrophes écologiques qui se jouent loin des yeux des habitants.

L’ONG Eco-Sud attire justement l’attention sur un phénomène préoccupant dans cette région actuellement. « À la suite de Belal et Candice, nous avons observé un blanchissement alarmant des coraux et une mortalité accrue dans le lagon de Grand-Port et de Pointe-d’Esny, qui semblent être liés à l’augmentation de la sédimentation et de la turbidité due à l’afflux élevé des eaux de ruissellement apportées par les cyclones, explique l’ONG dans un communiqué.
Il faut savoir que dans cette région toute l’eau de pluie provenant de la montagne et des champs de cannes finit son cours dans la mer. Les pêcheurs se sont plaints de cette situation à plusieurs reprises car tant que la mer est boueuse, ils ne peuvent pratiquer leurs activités et cela n’est pas couvert par la Bad Weather Allowance. Ils ne peuvent non plus retrouver leurs casiers.

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Eco-Sud vient aujourd’hui démontrer un autre aspect de cette situation avec sa vidéo sur le blanchissement accéléré des coraux dans cette région : « À l’heure actuelle, une épaisse couche de boue est toujours visible sur le fond marin à travers le lagon. L’accélération du flux d’eau douce due à l’urbanisation et à l’agriculture est une préoccupation majeure »,fait-on comprendre.

Cette situation, ajoute Eco-Sud, met en lumière un impact moins connu du changement climatique et de l’urbanisme qui néglige les tampons naturels tels que les zones humides, les forêts de mangroves et les rives des rivières.  « Les inondations qui ont suivi le cyclone Belal ont montré que les effets ne se limitent pas uniquement à la terre ferme. La destruction des barrières naturelles a un impact profond, perturbant l’équilibre entre nos écosystèmes côtiers et marins. Nous sommes profondément attristés par l’ampleur de ces dégâts », indique l’ONG.

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Eco-Sud dénonce également que l’environnement soit souvent sacrifié au profit des développements. « La protection de nos écosystèmes côtiers et marins est plus importante que jamais. Nous devons comprendre, nous adapter et atténuer ces défis pour une île Maurice plus saine et plus résiliente. Nos lois et nos politiques doivent aussi changer pour une meilleure protection des écosystèmes et des citoyens », prévient-on.

Malheureusement, poursuit encore Eco-Sud, l’État ne se range pas toujours du côté des citoyens, dans les combats pour protéger les écosystèmes. L’ONG cite en exemple sa bataille contre un projet immobilier à Pointe-d’Esny, pour défendre les zones humides et les mangroves. « En 2023, la Cour suprême de l’île Maurice a rendu un jugement historique en réinterprétant le test du Locus Standi sous l’EPA 2002. Cette décision a ouvert la voie à un accès plus élargi, facilitant ainsi l’accès à la justice environnementale pour les citoyens et les organisations », se félicitent les animateurs de l’ONG.

Ce jugement marque ainsi une avancée significative pour le droit environnemental. « Cependant, cette avancée est aujourd’hui remise en question par le ministère de l’Environnement et un promoteur, qui contestent ce jugement devant le Privy Council »,regrette-t-on.

Eco-Sud se dit toutefois déterminé à aller jusqu’au bout dans ce combat pour tous les citoyens. Une levée de fonds est en cours, pour assurer le financement des procédures au Privy Council. L’affaire sera entendue le 5 mars prochain.

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