Lauréats : Au-delà du succès académique…

La proclamation des lauréats est sans conteste une joie immense pour ces jeunes et leurs proches. Après des années de dur labeur, de persévérance et de sacrifices, la réalisation de soi ! Pourtant, ce n’est là que le début du façonnement de leur avenir. Au-delà du succès académique, en effet, d’autres ingrédients sont nécessaires pour vivre une vie heureuse et épanouie. Trois anciens lauréats décortiquent avec nous la question.
Lauréat en 1960, Philippe Goupille, avait surpris son entourage à l’époque en s’orientant vers la prêtrise. Plus d’un y trouvera là un gaspillage car, pour beaucoup, être lauréat signifie « bien gagner sa vie, faire une belle carrière et être reconnu dans la société ». Bien des années plus tard, le prêtre ne regrette rien. S’il concède que le succès donne confiance en soi-même et prépare à relever d’autres défis, il ne faudrait pas, dit-il, « que tout cela nous monte trop à la tête ».
Sans vouloir diminuer le mérite et l’effort des lauréats, il souhaite une sorte de discrimination positive en faveur des plus défavorisés. Ajoutant : « la vie m’a montré que ce ne sont pas forcément les premiers de la classe qui ont mieux réussi leur vie. Certains se sont développés plus tardivement et ont très bien réussi ».
Kugan Parapen aura connu, lui, la déception, à sa première tentative et l’euphorie du succès un an après. L’ancien lauréat avoue que « l’agonie m’a été beaucoup plus bénéfique car cela m’a permis de forger un caractère beaucoup plus résilient face à l’échec et les déceptions. Comme dans toute compétition, le goût de la victoire est doux mais aussi éphémère ». Pour lui, « être lauréat n’est pas un accomplissement aussi extraordinaire que cela ».
Aux grands déçus, il dit : « cette déception, aussi légitime qu’elle soit, ne sera qu’un lointain souvenir dans le futur. La vie qui vous attend est beaucoup plus épanouissante que ce que vous vivez en ce moment précis ». Il conclut en disant qu’une vie heureuse ne s’articule pas qu’autour du succès académique, ou encore d’une carrière professionnelle réussie.

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C’est grâce à la bourse qu’elle a reçue en tant que lauréate que Zarrin Allam a pu faire des études de médecine en Irlande. Aujourd’hui gériatre et médecin interne à Perth, la jeune mère se souvient de l’euphorie du moment, qui s’est rapidement éteinte, une fois à l’université, en Irlande, parmi les plus brillants. « Le titre de lauréat n’est pas un passe-partout, du moins pas à l’étranger. Si cela ouvre la voie à des études brillantes, ce dont je serai éternellement reconnaissante, la réalité est que cela ne célèbre la réussite qu’à un moment particulier de la vie ».
Elle est d’avis qu’être lauréat ne signifie pas nécessairement une carrière et une vie réussies. « Cela ouvre les portes à l’enseignement supérieur, mais en fin de compte, c’est à l’individu de décider comment il utilise cette opportunité. Avoir la santé et le bonheur est bien plus précieux que le succès ».

PHILIPPE GOUPILLE (prêtre) :
« Il ne faudrait pas que cela nous monte trop à la tête »

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Les derniers résultats du HSC nous laissent réfléchir sur ces jeunes élites de notre société qui sont acclamées pour leurs prouesses intellectuelles et qui sont promises à de brillantes carrières. Quel regard y posez-vous plusieurs années après avoir été ovationné comme un des jeunes prodiges de votre pays ?

À mon époque – j’ai été lauréat en 1960 – il n’y avait pas autant de manifestations bruyantes après la proclamation des résultats. Il n’y avait que quatre lauréats pour les garçons, deux dans la filière classique et deux dans la filière sciences, et autant pour les filles. Donc, cela touchait moins de jeunes et moins de familles.
Cette proclamation n’avait pas autant de résonance médiatique. Aujourd’hui, les lauréats sont fêtés comme des héros. C’est un peu dans l’air du temps. Les médias célèbrent aussi les héros dans le sport, le cinéma. Ils sont couverts de gloire. Notre monde a sans doute besoin de modèles, d’icônes pour sortir de la désespérance causée par les guerres, les violences, les injustices, le mensonge, l’hypocrisie.
Mais, il ne faudrait pas que tout cela nous monte trop à la tête. Car nous devons tous, lauréats ou pas, retourner à nos engagements dans la vie de tous les jours, affronter les hauts et les bas de notre vie humaine. L’euphorie ne sera pas tous les jours au rendez-vous.

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Comment avez-vous vécu le fait d’être lauréat ? Combien de temps a duré l’euphorie ? L’étiquette de lauréat vous suit encore aujourd’hui ? Est-ce un passe-partout ?

Dans mon cas, ce fut un peu spécial. Le lendemain de la proclamation des résultats, nous avons eu le cyclone Carol. Donc, l’euphorie n’a pas duré longtemps. Nous nous sommes retrouvés face à la souffrance et à la détresse de compatriotes qui avaient tout perdu.
Nous sommes passés de l’euphorie à la solidarité, à œuvrer à la base avec tous nos compatriotes pour faire face au désastre et assurer l’indispensable : dormir, se loger, manger. En fait, je suis descendu du podium pour me retrouver dans l’angoisse et la souffrance partagées.
Je pense que cela m’a marqué en me faisant comprendre que nous devons souvent passer de l’euphorie d’un moment à la réalité du quotidien et de l’imprévu. Mais, vous avez raison de dire que le fait d’être lauréat nous donne une certaine aura qui nous suit pendant notre vie. Je pense surtout que le succès nous donne confiance en nous-mêmes et nous prépare à relever d’autres défis.

Si vous n’étiez pas lauréat, vous ne seriez pas ce que vous êtes aujourd’hui en termes de choix de carrière et en termes de personne que vous êtes ?

Déjà, avant les résultats, j’étais appelé à la vocation de prêtre catholique. Je dois avouer que ce ne fut pas une décision facile de poursuivre mon cheminement vers le sacerdoce. Beaucoup de personnes autour de moi me disaient que c’était un gaspillage et qu’il me fallait envisager un autre choix de vie.
En fait, c’était une réaction normale car, dans la manière de voir de beaucoup, être lauréat voulait dire être un grand médecin ou un grand avocat, un grand homme d’affaires, bien gagner sa vie, faire une belle carrière et être reconnu dans la société.
Être prêtre, c’était accepter une condition de vie plus humble, avec moins de gloire humaine, moins de panache. Mais, je dois dire que mes parents m’ont laissé totalement libre de faire mon choix et je leur en suis toujours reconnaissant.
Je salue aussi les conseillers qui m’ont aidé à discerner mon avenir spécialement le recteur, à l’époque, du Collège du Saint-Esprit. J’affirme avec beaucoup de lauréats d’aujourd’hui, entendus dans les médias, que notre famille et nos éducateurs ont un grand rôle à jouer pour nous aider à réussir notre vie.
J’ajoute que je ne regrette pas mon choix. Le fait d’être prêtre m’a ouvert des horizons très vastes et m’a permis de sortir de mon milieu pour mieux vibrer avec le cœur de toutes les communautés qui constituent l’arc-en-ciel mauricien. J’encourage les jeunes à suivre leur vocation : choisir un métier de prestige que nous n’aimons pas ne nous emmènera pas nécessairement au bonheur ou à une vie réussie !

Qu’auriez-vous à dire à tous ceux qui n’ont pas été lauréats mais qui ne déméritent pas pour autant ?

Je leur dirai volontiers que ce n’est pas la fin du monde pour eux. Ils ont les talents pour servir la société et les efforts qu’ils ont faits sont loin d’être perdus. Je salue la décision du ministère d’accorder des bourses d’études aux élèves souffrant de handicap et à ceux qui viennent de milieux défavorisés et qui n’ont parfois pas le soutien nécessaire pour devenir lauréats.
Il est bon d’encourager nos élites mais il nous faut donner une chance à tous, spécialement aux plus pauvres, pour bâtir avec eux une société plus harmonieuse et plus juste. Sans vouloir diminuer le moindrement le mérite et l’effort des lauréats, nous devrions pratiquer pour les bourses d’études un genre de discrimination positive et donner ainsi un coup de pouce aux segments défavorisés.
En regardant en arrière, la vie m’a montré que ce ne sont pas forcément les premiers de la classe qui ont mieux réussi leur vie. Certains se sont développés plus tardivement et ont très bien réussi.

Être lauréat, est-ce le passeport assuré pour une vie réussie ?

Ce n’est pas forcément un passeport pour une vie réussie. Ce n’est que le commencement de notre vie d’adulte et il faudra continuer le chemin avec la même discipline, le sacrifice de soi et l’attachement aux valeurs fondamentales qui nous ont été transmises par nos éducateurs et nos parents.
Il ne faut pas non plus oublier la dimension spirituelle de notre vie. Si nous sommes croyants, chercher à approfondir notre foi. Sinon, suivre notre conscience éclairée par des valeurs morales sans lesquelles nous risquons d’aller à la dérive. Je pense que pour être heureux il faut avoir un principe de vie.
La clef du vrai bonheur ne se trouve pas dans ce que je réussis à amasser pour moi-même : argent, pouvoir et gloire mais plutôt à me mettre au service des autres. C’est souvent dans le sourire et la joie de ceux et celles que nous avons aidé à se remettre debout que nous trouvons nos plus grands moments de bonheur !

KUGAN PARAPEN (Economiste) :

« Une vie heureuse ne s’articule
pas qu’autour du succès scolaire »

Les derniers résultats du HSC nous laissent réfléchir sur ces jeunes élites de notre société qui sont acclamées pour leur prouesse intellectuelle et qui sont destinées à de brillantes carrières professionnelles. Quel regard y posez-vous plusieurs années après avoir été ovationné comme un des jeunes prodiges de votre pays ?

C’est vrai que c’est un rituel auquel on semble ne plus déroger. Après le début de la saison cyclonique viendra inéluctablement la tempête de la proclamation des lauréats. L’ovation dont vous parlez est généralement le produit d’un engouement qui dépasse le cadre académique. Les boursiers deviennent souvent, malgré eux, des totems à brandir dans une société encore très complexée et revendicatrice.

Comment avez-vous vécu toute cette pluie de félicitations après avoir été lauréat ? L’étiquette de lauréat vous suit encore aujourd’hui, est-ce un passe-partout VIP ?

J’ai vécu deux proclamations de lauréats consécutives. J’ai goûté à l’euphorie d’être lauréat aussi bien qu’à l’agonie de ne pas l’être. Comme vous pouvez l’imaginer, ce sont deux expériences diamétralement opposées. Et, avec du recul, je pense que l’agonie m’a été beaucoup plus bénéfique car cela m’a permis de forger un caractère beaucoup plus résilient face à l’échec et les déceptions.
Comme dans toute compétition, le goût de la victoire est doux mais aussi éphémère. Mais, il est vrai que c’est une étiquette qui vous suivra à vie. Écoutez, au final, certains aiment bien rappeler à leur entourage leur statut d’anciens lauréats, d’autres pas…

Diriez-vous que le fait d’avoir été lauréat a déterminé votre carrière ?

Je suis issu de la classe moyenne et la bourse d’État était avant tout une aubaine économique pour pouvoir étudier à l’étranger. Je ne suis pas sûr que le fait d’avoir été lauréat aurait changé mon parcours professionnel.
En revanche, je pense que mes études en Angleterre m’ont permis d’évoluer dans un environnement différent de ce que j’aurais connu si je n’avais pas été boursier. Maintenant, est-ce que cela a eu un impact dramatique sur mon cheminement personnel, je ne peux me prononcer.
Une chose qui est certaine par contre c’est que le fait de côtoyer une pléiade d’individus venant d’une multitude de cultures différentes de la mienne m’a permis de développer une appréciation et une tolérance de l’autre que je n’avais pas préalablement. Et rien que pour cela, je suis reconnaissant pour cette bourse d’étude publique.

En quoi être lauréat peut être avantageux et en quoi cela peut-il être désavantageux ?

Il y a évidemment des bénéfices économiques liés à l’octroi de la bourse, surtout pour les State Scholarships qui couvrent la totalité du coût des études tertiaires. Et, je pense que pour trouver du travail à Maurice, cela doit être un atout non-négligeable d’avoir été boursier.
L’autre aspect à considérer concerne l’excellence : peut-on concevoir qu’une personne ayant excellé dans un système académique comme le nôtre peut en bénéficier mentalement et développer un bien-être psychologique ? C’est possible mais probablement peu probant.

Quant aux désavantages, il en existe potentiellement plusieurs. Beaucoup de lauréats sont confrontés à une pression considérable à un si jeune âge pour vaincre. Il ne faut pas oublier que le chemin vers la bourse s’échelonne sur plusieurs années et peut laisser des séquelles psychologiques à vie si nous n’arrivons pas à gérer nos émotions.
De mon expérience, j’ai vu certains parents exercer des pressions énormes sur leurs enfants pour qu’ils soient lauréats. Et, bien souvent, ces enfants n’étaient pas lauréats et se sentaient coupables de ne pas avoir été à la hauteur par la suite. C’est pour cela que nous ne devons pas parler exclusivement des lauréats mais bien de tous ceux qui aspirent à briller aux examens du HSC.
Et enfin, nous devons parler de la perception publique du lauréat. C’est un secret de polichinelle que de dire que les boursiers sont souvent vilipendés sur la place publique. Il existe une grosse frange à Maurice qui perçoit les lauréats comme des profiteurs de l’argent public et qui ne méritent pas que les contribuables dépensent des millions de roupies chaque année pour financer leurs études.
C’est un débat passionnant qu’il faudrait pouvoir dépassionner. Nul ne naît lauréat, on le devient. Est-ce que tout le monde a une chance égale de le devenir – pas forcément ! Mais de là à rendre coupable chaque année une quarantaine d’individus qui ont juste fait de leur mieux, je trouve cela quelque peu injuste et navrant.

Qu’auriez-vous à dire à tous ceux qui n’ont pas été lauréats mais qui ne déméritent pas pour autant ?

Pour avoir été à leur place, je comprends le sentiment de déception que certains d’entre eux peuvent ressentir. Je leur dirais : sachez, que cette déception, aussi légitime qu’elle soit, ne sera qu’un lointain souvenir dans le futur. La vie qui vous attend est beaucoup plus épanouissante que ce que vous vivez en ce moment précis.
Soyez heureux pour vos amis qui ont décroché cette palme académique tout en réalisant qu’être lauréat n’est pas un accomplissement aussi extraordinaire que cela. Si cette bourse vous ouvre des portes qui seraient restées fermées au cas contraire et seulement si vous pensez que vous auriez pu mieux faire à vos examens de la HSC, alors prenez la peine de contempler de refaire votre HSC. Au cas contraire, mettez cet épisode derrière vous et avancez…

Être lauréat, est-ce le passeport assuré pour une vie réussie ?

Alors là, absolument pas. Une vie heureuse ne s’articule pas autour du succès académique, ou encore d’une carrière professionnelle réussie. Je ne prétends pas posséder la recette du bonheur mais j’estime impossible de pouvoir être heureux sans être bien dans sa peau.
Au collège, on nous a toujours dit qu’il fallait avoir un esprit sain dans un corps sain. Et plus de vingt ans plus tard, cette philosophie de vie est plus que jamais d’actualité. Une vie épanouie ne peut se limiter à courir derrière le matériel. Surtout si vous avez bénéficié d’une bourse financée par le peuple. Pouvoir faire la part des choses est essentiel.

ZARRIN ALLAM (médecin à Perth) :

« Pas un passe-partout,
du moins pas à l’étranger »

Quel regard y posez-vous sur les lauréats plusieurs années après avoir été ovationnée aussi comme les jeunes prodiges de votre pays ?
Pour moi, c’est comme un rêve maintenant car cela remonte à 21 ans ! Toutefois, je me souviens de l’excitation, de l’incrédulité, du soulagement et de la fierté qui ont accompagné ce moment. Félicitations à la nouvelle cohorte de lauréats et bravo ! Je connais les années de travail acharné, de nuits blanches et de sacrifices derrière cette réussite.

Comment aviez-vous vécu toute cette pluie de félicitations ? L’étiquette de lauréate vous suit encore aujourd’hui, est-ce un passe-partout VIP ?

Au moment des résultats, la joie était indescriptible. Cela me semblait irréel et je peinais à croire que tout le travail acharné que mes parents et moi avions déployé avait porté ses fruits. Je me souviens encore de ce fameux jour. J’étais chez une amie et nous avions entendu l’annonce à la radio.
Mes parents sont venus me chercher pour aller au QEC. Ce jour et cette semaine se sont passés dans le flou. Tout ce à quoi je pensais, c’était que mon rêve d’étudier à l’étranger se réaliserait. Je me souviens d’une série de journalistes et de remises de prix après l’événement. Ma famille et mes enseignants étaient ravis et il y avait un sentiment général de soulagement.
J’étais intelligente et bosseuse, tout comme les autres étudiants qui avaient réussi aux examens et, même si j’avais rêvé de ce moment, je n’étais pas sûre que tel serait le résultat.
L’euphorie s’est estompée très rapidement, une fois que je suis arrivée à l’université en Irlande. J’ai commencé mes études de médecine après avoir choisi la filière des arts au collège et cela m’a demandé une période d’adaptation. Comme je me retrouvais parmi des étudiants brillants du monde entier, j’avais dû travailler deux fois plus dur pour réussir mes examens.
Le titre de lauréat n’est pas un passe-partout, du moins pas à l’étranger. Si cela ouvre la voie à des études brillantes, ce dont je serai éternellement reconnaissante, la réalité est que cela ne célèbre la réussite qu’à un moment particulier de la vie. Seuls les Mauriciens comprennent le parcours et les sacrifices derrière ce titre.

Si vous n’étiez pas lauréat, vous ne seriez pas ce que vous êtes aujourd’hui en termes de choix de carrière et en termes de personne que vous êtes ?

Pour moi, le fait d’avoir été lauréate a absolument défini ma carrière. Autrement, je n’aurais pas pu me permettre de faire des études en Irlande. Cependant, même si cela a été un grand soulagement financier, cela n’a pas défini ma carrière en soi. J’ai décroché une bourse d’études dans la filière classique à Maurice, puis j’ai complété un GCSE en Biologie et Chimie au cours des 9 mois post-HSC pour obtenir une place au Royal College of Surgeons en Irlande pour étudier la médecine. Aujourd’hui, je suis gériatre et médecin interne exerçant professionnellement à Perth.
Être lauréate a une certaine influence sur le type de personne que je suis aujourd’hui, notamment parce que cela m’a ouvert la porte pour devenir médecin. Cependant, cela n’a pas changé ma personnalité. Les qualités qui m’ont amenée à devenir lauréate m’ont guidée tout au long de ma carrière.
Je suis toujours ambitieuse, résiliente et prête à tout essayer, mais je suis aussi toujours une rêveuse, une lectrice assidue et ce que j’apprécie le plus, c’est le temps passé avec ma famille.

Qu’auriez-vous à dire à tous ceux qui n’ont pas été lauréats mais qui ne déméritent pas pour autant ?

Malheureusement, notre système ne récompense qu’un nombre limité de personnes et en fait un concours subjectif des meilleurs. Nous ne reconnaissons pas le potentiel et le talent de la majorité. La réalité est que devenir lauréat est un processus très variable. Cela ne dépend pas uniquement de l’intelligence de la personne, mais aussi fortement de la force de la cohorte cette année-là ; l’accès aux ressources et autres facilités dont ils disposaient au cours de l’année, telles que les cours particuliers, les enseignants doués ainsi que les conditions le jour de l’examen lui-même.
Je leur dirais que cela ne reflète pas à quel point ils sont intelligents ou méritants, qu’ils doivent persévérer avec leurs rêves et études et continuer à se battre pour ce qu’ils veulent dans la vie.

Être lauréat, est-ce le passeport assuré pour une vie réussie ?

Être lauréat ne signifie pas nécessairement une carrière et une vie réussies. Cela ouvre les portes à l’enseignement supérieur, mais en fin de compte, c’est à l’individu de décider comment il utilise cette opportunité. Cela dépend aussi très fortement des traits de personnalité que nous cultivons, des compétences en communication que nous développons et des relations que nous établirons en cours de route.
Je suis très chanceuse d’avoir eu de multiples opportunités qui se sont présentées à moi. En plus d’être médecin, je suis Director of Physician Education dans mon hôpital et Clinical Dean of Curtin University. J’ai reçu le State and National Clinical Educator of the Year Award.
Je n’aurais jamais cru à 18 ans que ce serait la carrière qui m’attendait et je n’ai pas fini. Je suis toujours à la recherche de nouvelles opportunités pour grandir, développer et mettre à l’épreuve mes compétences.
Être lauréate n’est cependant pas la clé d’une vie heureuse. Cela dépend directement de la qualité de vos relations avec votre famille, vos amis, Dieu et vous-même. Je suis plus heureuse lorsque je suis à la maison avec ma famille, passant un temps de qualité et regardant mon enfant grandir. Avoir la santé et le bonheur est bien plus précieux que le succès.

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