Après plus de vingt ans de procédures la clinique Darné – aujourd’hui C Care – a été obligée de reconnaître que son personnel médical en service, n’était pas « adequately qualified » dans une affaire alléguée de négligence médicale.
Le 17 mars 2004 Henri Patrick Guimbeau est admis à la clinique Darné pour une opération qui doit avoir lieu deux jours plus tard. En début de soirée l’état du patient se dégrade mais le médecin résident, qui n’est pas à la clinique mais à son domicile, n’est pas appelé sur le champ. Quand il sera appelé et arrive à la clinique, après minuit, le patient a déjà rendu l’âme. La famille n’est pas satisfaite des justifications de la direction de la clinique sur les circonstances de la mort de leur proche.
En juin Eric, l’un des fils du défunt, qui était alors membre du Parlement demande au ministre de la Santé de l’époque l’ouverture d’une enquête sur les conditions de la mort de son père. L’enquête est bouclée mais les conclusions ne sont pas remises à la famille Guimbeau pour « respecter un protocole en cours » au ministère de la Santé. C’est à force d’insistance que le ministère de la Santé finira – un an plus tard – par informer l’avouée de la famille Guimbeau qu’au moment de la mort de leur proche le personnel médical de la clinique Darné, en service, n’était pas « adequately qualified ».
Résident ou “on call”
Des réponses à des questions parlementaires permettront d’établir qu’un des infirmiers de garde était un assistant, un autre un étudiant et les deux derniers des stagiaires. Mais on ne saura jamais si du point de vue de la direction de la clinique le médecin résident aurait dû être présent physiquement et pas seulement « on call » au téléphone.
Malgré ces faits établis la direction de la clinique Darné refuse d’admettre sa responsabilité et la famille Guimbeau n’a eut d’autre alternative que de la poursuivre pour négligence médicale. Depuis l’affaire connut plusieurs renvois, à la demande des deux parties, avant d’être entendu pratiquement vingt ans après les faits, en janvier 2024.
Lors de l’audience ENS Africa, les avocats de la clinique déposent un rapport relatant les évènements de la nuit au cours de laquelle Henri Patrick Guimbeau était décédé et prouvant, de leur point de vue que l’accusation d’erreur médicale n’était pas justifiée. Un rapport qui avait été manifestement rédigé par plus d’une personne.
Un rapport original sans ajouts
En guise de réplique, Me Rama Valayden et Me Oshan Bellepeau, les hommes de loi de la famille Guimbeau, ont déposé en cour le rapport original du déroulement de la soirée ne comportant pas des ajouts comme dans la version de la clinique. Face au contenu du rapport original, sans les troublants ajouts, les hommes de loi de la clinique ont alors demandé et obtenu un renvoi pour le 5 février.
Mais par la suite ils ont contacté les hommes de loi de la famille Guimbeau pour les informer que la Clinique Darné, devenue entre C Care, acceptait ce qu’elle refusait systématiquement depuis 20 ans : reconnaitre ses torts. La direction demandait également un règlement de l’affaire à l’amiable pour mettre fin au procès, ce qui a été accepté par le plaignant.
On ne sait si le personnel soignant ainsi que les membres de la direction de la clinique concernés par cette affaire ont été sanctionnés. Ce que l’on sait, par contre, c’est que la clinique Darné et Eric Guimbeau ne peuvent au terme de leur accord commenter publiquement les tenants et aboutissants de cette affaire, ce qui est une façon pour la clinique de ne pas ébruiter cet arrangement ou “d’étouffer l’affaire”…qui est tout de même publique!
C -Care Darné se dit “ pas en droit de s’exprimer sur cette affaire”
Dans une missive adressée à Week-end pour un commentaire sur l’affaire du père d’Eric Guimbeau C-Care Darné nous a informé qu’ elle n’est malheureusement pas en droit de s’exprimer sur cette affaire. Cela, bien que la clinique dit comprendre l’émotion de la famille depuis le décès de ce proche en 2004. C-care reste fortement engagée dans sa démarche de qualité pour servir ses patients.