Les Salines, Rivières Noire : Un nouveau projet hôtelier se profile à l’horizon…

Platform Moris Lanvironnman : « Tous ces hôtels et PDS (…) n’ont pas fait l’objet d’une évaluation environnementale stratégique »

Une demande de permis d’Environment Impact Assessment pour un énième projet de développement foncier sur la péninsule des Salines Kœnig à Rivière Noire a été prononcée, il y une semaine. C’est ce que rapporte l’organisation non-gouvernementale militant pour l’environnement, Platform Moris Lanvironnman (PML) dans un communiqué.

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Ce n’est pas la première fois que cette partie de l’île fait parler d’elle, avec notamment l’affaire en Cour logée par les activistes de Rezistans ek Alternativ contre le projet hôtelier NMH (voir encadré). Cette fois-ci, PML tire la sonnette d’alarme sur le projet d’Amirek Holdings, soit « encore un hôtel/PDS dans les mudflats de la péninsule des Salines Kœnig à Rivière Noire sur un site de 15 arpents sous le Invest Hotel Scheme. » Ce scheme permet aux promoteurs hôteliers de financer le développement d’un projet hôtelier en leur permettant de vendre des villas, des suites, des chambres ou d’autres éléments faisant partie de l’hôtel à des acheteurs individuels. PML précise que cela concerne principalement la construction de 25 residential units et de 80 5-Star rooms (parfois 180 dans le rapport EIA).

Dans le cas d’Amirek Holdings, PML indique que la lettre de demande d’un bail pour le site date de 2018 et la Letter of Reservation a été donnée en 2019. « Le promoteur, Amirek Holdings, avait 18 mois pour commencer la construction. Suite à une requête pour une extension – invoquée pour “cause majeure” –, le ministère des Terres et du Logement a accordé une extension en avril 2023 pour 12 mois. »

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Pas Géométriques et espace public
Le promoteur d’Amirek Holdings, très connu dans le secteur foncier, détiendrait, selon l’ONG, qu’un Business Registration Number (BRN) pour Development of building projects for sale et pas pour des projets hôteliers.

Cela dit, les écoactivistes déplorent l’acharnement des promoteurs, d’une part, et l’inaction de l’État, d’autre part, sur le développement de tels projets fonciers sur ces Pas Géométriques, alors qu’à ce jour, aucune évaluation environnementale stratégique n’a été menée sur ce site. « PML a maintes fois fait ressortir que tous ces hôtels et PDS sur la péninsule des Salines n’ont pas fait l’objet d’une évaluation environnementale stratégique qui devrait informer tout exercice d’aménagement du territoire. Tous ces projets se feront, donc, sans que les impacts cumulatifs des travaux n’aient été étudiés, ni l’impact que les travaux de l’un auront sur l’autre. » Pour info, les Pas Géométriques « forment une étroite ceinture, d’une largeur théorique de 81,21 mètres (250 pieds français), tout autour de la côte et appartiennent à l’État », selon les services forestiers mauriciens.

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Il est aussi relaté qu’en 2003, « les Planning Proposals for Les Salines du ministère des Terres et du Logement prévoyaient un espace public d’environ 11 arpents sur les Pas Géométriques (plage sablonneuse), et incluant le site de la Batterie de l’Harmonie. Aujourd’hui, il n’en reste que les quelque 3 arpents de la Batterie de l’Harmonie après que des sites autour de la Batterie ont été alloués à deux des projets de villas mentionnés plus haut : Hyvec et South Seas Development Co Ltd. La “plage” déclarée publique est un terrain vaseux d’environ 5 arpents dans la partie sud de la péninsule. »

Avenir incertain des écosystèmes de la péninsule
PML indique, par ailleurs, qu’en plus du projet de villas NMH, il y a eu « d’autres demandes de permis EIA pour trois projets dans la partie sud de la péninsule, soit dans les mudflats vaseux. Ces projets sont Stella di Mare, Anse des Salines et Atalian. À part les projets de villas/appartements de Sweet Horizon (N. Gopee), Hyvec (E. Chady) déjà en construction dans la partie nord de la péninsule, celui de South Seas Development Co Ltd (S. Guness, R. M. Sharma, W. Lam Po Tang, G. Siew, selon une information de 2015) avait fait une demande de permis de construire (BLUP) en mai 2021 ; on ne sait où en sont les choses. »
L’un de ces trois promoteurs, soit Atalian, « pour sa part, avait proposé des travaux majeurs dans le cadre de son projet sur un site qui ne se prête guère à un projet hôtelier positionné 4-5*, ni même 3*. Il n’a pas reçu – dans son permis EIA ci – l’aval pour quelques-uns des travaux majeurs qui, en fait, remettrait en question le projet même », souligne PML. « Amirek Holdings, dont l’hôtel/PDS s’appellerait Les Salines, peut-il se positionner comme un 5 étoiles ? », renchérit l’ONG. En tout cas, pour cette dernière et d’autres observateurs écologiques, « tous ces projets se feront sans que les impacts cumulatifs des travaux n’aient été étudiés, ni l’impact que les travaux de l’un auront sur l’autre. Tout ceci risque de donner lieu à une combinaison d’impacts qui n’augure rien de bon pour les écosystèmes de cette péninsule des Salines de Rivière Noire. »

AFFAIRE NEW MAURITIUS HOTELS (NMH) : La Cour suprême se range du côté de ReA

En début d’année, la Cour suprême a donné gain de cause au parti écosocialiste dans sa démarche pour protéger l’ESA Wetland 76 aux Salines Rivière-Noire. Les juges Maghooa et Moutou-Leckning ont tranché en faveur de ReA pour que l’Environment and Land Use Appeal Tribunal (ELUAT) se penche sur la contestation de l’octroi du permis d’Environment Impact Assessment (EIA).

En effet, la Cour suprême a tranché en faveur des écoactivistes de ReA, en s’opposant à la décision du tribunal de l’environnement ELUAT selon laquelle les membres de ReA, nommément David Sauvage, Stefan Gua et Kugan Parapen, n’avaient pas de locus standi pour défendre le Wetland 76. Suite à cette décision, ReA pourra de nouveau faire appel pour contester le projet de NMH sur ce site protégé. « L’ELUAT a commis une erreur en se limitant à examiner si les contestataires étaient des personnes lésées, sans tirer une conclusion en vertu de l’article 54 (2) (b) de l’Environment Protection Act », a statué la Cour suprême. Par ailleurs, depuis le début du combat en 2018, ReA aurait subi plusieurs menaces. « Nou inn sibir enn trale latak, pran depi minis Seeruttun kinn sey defann proze-là. Bann deklarasion minis Soodhun ki ti menas bann ekolozis ouswa minis Collendavelloo ki ti felisit bann gro lebra letan Franklin ek so klik ti vinn menas bann ekolozis pandan selebrasion World Wetland Day 2019. Inn ena ziska trakasri polisier kont militan David Sauvage kot case rogue ek vagabond inn reye an 2019 par DPP », avançait le parti, dans un communiqué de presse émis au mois de janvier.

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