Chagos – Marine Protected Area : Maurice mise sur un double objectif conservation marine et souveraineté

Appel aux Chagossiens à contribuer de manière significative aux aspects scientifiques et de conservation dans l'archipel

L’atelier de travail consacré à la création d’un Marine Protected Area (MPA) autour de l’archipel des Chagos, organisé à l’initiative du Prime Minister’s Office (PMO) et de la Zoological Society of London s’est ouvert, hier, avec en toile de fond les revendications mauriciennes concernant sa souveraineté sur les Chagos. « L’excision (des Chagos du territoire mauricien) a été effectuée dans des circonstances contestées », réitère le Premier ministre, Pravid Jugnauth. Il soutient que les Chagossiens peuvent contribuer de manière significative aux aspects scientifiques et de conservation de cet atelier.

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Parmi les personnalités présentes à l’ouverture de la conférence des personnalités associées aux dossiers des Chagos, dont Olivier Bancoult et une délégation des Chagossiens, l’ambassadeur Jagdish Koonjul, représentant permanent de Maurice auprès des Nations unies à New York, Me Philippe Sands, KC, et plusieurs hauts fonctionnaires. Par contre, avec la présence de plusieurs membres du corps diplomatique, l’absence de la haute commissaire britannique, Charlotte Pierre, n’est pas passée inaperçue bien que l’atelier de travail soit organisé par une organisation britannique représentée par l’ambassadeur Matthew Gould. Ce dernier s’est longuement entretenu avec la Premier ministre en marge des délibérations.

Intervenant à l’ouverture, Pravind Jugnauth fait ressortir que l’archipel des Chagos abrite une richesse marine inégalée en matière de flore et de faune. Il note toutefois que ce paradis est confronté à des menaces importantes, d’où un appel crucial à l’action : la création d’un Marine Protected Area autour de l’archipel des Chagos, visant à protéger et conserver cet environnement unique et fragile au profit des générations actuelles et futures. « L’archipel des Chagos n’est pas une entité isolée. Sa santé et sa vitalité contribuent à la résilience globale des océans de notre planète », s’est-il appesanti.

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Le Premier ministre a profité de l’occasion pour faire un bref historique et juridique au sujet du statut de l’archipel des Chagos en vertu du Droit international, maintenant que l’archipel a toujours fait partie du territoire de l’île Maurice, mais excisé et incorporé dans le soi-disant British Indian Ocean Territory (BIOT), à la fin des années 1960 pendant la période de décolonisation.

« L’excision a été effectuée dans des circonstances contestées, et les habitants de l’archipel des Chagos, environ 3 000, qui vivaient sur ces îles depuis des générations, ont été déplacés de force de leur lieu de naissance pour faire place à l’établissement d’une importante base militaire à Diego-Garcia, avec plus de la moitié exilée à Maurice », ajoute-t-il.

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Poursuivant, il fait état du développement intervenu en 2019, avec la Cour internationale de Justice de La-Haye, émettant un avis consultatif, décrétant que le processus de décolonisation de Maurice n’était pas légalement achevé à la suite de l’excision illégale de l’archipel des Chagos. Cette instance des Nations unies est arrivée à la conclusion que le détachement de l’archipel de Maurice était contraire au droit à l’autodétermination, un principe fondamental du Droit international.

De plus, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution demandant au Royaume-Uni d’effectuer le retrait de son administration coloniale de l’archipel des Chagos et de faciliter le retour des anciens habitants  dans leur lieu de naissance. « Dans ce contexte, nos discussions sur la création d’un Marine Protected Area  dans l’archipel des Chagos revêtent une importance profonde. C’est l’occasion non seulement de contribuer aux efforts mondiaux de conservation marine, mais aussi de remédier aux injustices historiques associées au passé colonial de l’archipel des Chagos », fait-il comprendre.

Le Premier ministre a mis l’accent sur le rôle de partenaires, soit des Chagossiens, dans le cadre de la création éventuelle  de la Marine Protected Area. « La communauté chagossienne, dont le lien avec l’archipel des Chagos s’étend sur plusieurs générations, possède un aperçu unique des dimensions écologiques et culturelles de ces îles. Leurs connaissances traditionnelles et leurs expériences vécues offrent une perspective précieuse, qui est cruciale pour la mise en œuvre réussie et la durabilité de tout effort de conservation. Bien que le déplacement historique des Chagossiens reste un chapitre poignant et déchirant de l’histoire de l’archipel, nous soulignons l’importance de les reconnaître et de les impliquer dans les processus décisionnels à venir. Conformément au principe de justice, leur inclusion n’est pas seulement une question de considération éthique, mais aussi un impératif stratégique pour le succès de nos efforts de conservation. Les Chagossiens peuvent contribuer de manière significative aux aspects scientifiques et de conservation de cet atelier. Leur compréhension des écosystèmes locaux, des pratiques de pêche traditionnelles et de l’importance culturelle de certaines zones peut améliorer notre base de connaissances collectives.  La collaboration de la communauté chagossienne garantira que nos efforts sont non seulement respectueux de l’environnement, mais aussi sensibles à la culture, favorisant ainsi un sentiment d’intendance partagée » s’est-il étendu.

Le Premier ministre maintient qu’il est important de considérer les Chagossiens comme des parties prenantes clés dans les processus de prise de décisions concernant l’archipel des Chagos. « Leurs points de vue, leurs aspirations et leur expertise devraient guider nos efforts de collaboration vers une stratégie globale et inclusive pour l’établissement et la gestion du Marine Protected Area », dira-t-il encore.

Poursuivant son intervention, le Premier ministre a défini les principes directeurs que Maurice considère comme cruciaux pour sa vision à long terme de l’archipel, soit la durabilité écologique, la préservation culturelle, la recherche scientifique, les débouchées économiques, la transparence et un sens de redevabilité.

En conclusion, Pravind Jugnauth s’est attardé sur l’impératif environnemental  de cette démarche dans l’archipel des Chagos. « C’est l’occasion d’assurer un avenir meilleur à l’écologie, à la culture et à l’économie de la région. En adoptant les principes directeurs, en exploitant les avantages potentiels et en abordant soigneusement les considérations clés, nous pouvons transformer cette vision en réalité », indique-t-il.

Pour sa part, l’ambassadeur Koonjul a évoqué les représentations faites lors de la Conférence des Nations unies sur les océans 2022 concernant la mise en place d’un Marine Protected Area aux  Chagos.

Mathew Gould a salué la présence de scientifiques, d’experts, de décideurs politiques et de représentants de la communauté chagossienne, réunis autour de la mission commune de protéger la nature à Maurice, dans l’océan Indien et au-delà. « Elle peut être un modèle pour le monde en matière de protection et de sécurité de nos océans », devait-il avouer.

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