Le Sugar Beach accueille jusqu’au 20 août prochain l’exposition La Poésie du mouvement du photographe français Julien Benhamou, un artiste qui derrière l’objectif sait transcender les gestes, les postures pour capturer sur le vif les corps en mouvement. Tout est cadré, rien n’est figé dans le regard du photographe.
Son nom résonne au firmament car Julien Benhamou est un poète, pas avec les mots, mais de la photographie. Ce qu’il aime particulièrement, c’est en un clic de restituer toute la magie des mouvements des corps de danseurs. Il a eu l’occasion de capturer des instants magiques, figeant sur pellicule la grâce d’un ballet aérien des danseurs de renom. L’Opéra national de Paris, sous le charme, a fait de lui une sorte de muse, lui permettant d’exposer ses photographies.
Julien Benhamou vise la perfection. L’Art étant abstrait, lui est dans la contemplation des corps en mouvement qu’il fige comme sous une aura. Sous son objectif, une danseuse, un gymnaste… chaque pause équivaut à un moment magique qu’il cisèle dans l’axe de sa caméra. Il y a cette lumière avec laquelle il joue et compose pour restituer toute l’intensité d’une image prise sur le vif.
Julien est un conteur à sa manière, ses photos racontent une histoire… À nos yeux, ces photos représentent une sorte de valse de l’âme, sauf qu’à défaut de deux amoureux dans une pose de tango, il y a un sujet, voire un modèle, et un photographe qui sait saisir l’essence du mouvement dans l’immobilité d’une photographie, laissant en émoi son public. À travers cette exposition, le Sugar Beach a voulu saluer le travail de Julien Benhamou.
Une alliée
Son histoire de passionné remonte à ses 12 ans lorsqu’on lui offre un appareil photo manuel. Grisé par l’émotion, Julien s’amuse pour passer le temps et découvre au fil des semaines et des années que la caméra est devenue une alliée. Il l’apprivoise et graduellement entrevoit l’étendue de son talent. Julien se lancera dans des études de photographie, dénichant même un boulot dans la mode et la pub. À travers un projet de portrait de danseurs de l’Opéra de Paris, exposé au ministère de la Culture, son talent est repéré.
Dès lors, il se lance comme photographe indépendant tout en définissant sa démarche artistique qui se veut un hymne à la poésie et la beauté. Il s’est inspiré des visages et des corps en mouvement des danseurs sur le tard, autour de ses 25 ans. « J’ai vu ces danseurs magnifiques et je me suis dit qu’il y avait un potentiel énorme à les faire poser, à créer avec eux. J’ai écrit un projet à L’Opéra de Paris, ce qui a relancé ma carrière de photographe en devenir. »
Arrêt sur le temps
Julien évoque des images sophistiquées, des corps qui s’entrecroisent, des mouvements en cadence. Il a compris comment restituer toutes ces images artistiquement. Il a su magnifier à travers sa caméra ses corps d’esthète pris dans le tourbillon de la danse. Évidemment, Julien mise beaucoup sur les jeux de lumière, et trouve un goût particulier à figer sur pellicule les différentes expressions des mouvements de corps, titre de son exposition au Sugar Beach. « Ce qui me plaît, c’est cet arrêt sur le temps dans la prise des mouvements fugaces, et c’est tout un processus photographique que d’arrêter le temps en cours, figer les sauts et faire émerger de la poésie. »
Julien Benhamou adore les photos en couleur. « Des couleurs sombres avec du rouge. C’est spectaculaire de créer des images fortes ! Mes préférés en peinture sont Rembrandt et Le Caravage qui savent utiliser la lumière en maîtrisant l’art du clair-obscur. » Ce qui fait la force de ce photographe français, c’est qu’il est toujours à l’écoute des gens qu’il photographie.
Et puis, il y a l’univers artistique de ces corps de ballet, une sorte de parenthèse enchantée dans sa carrière de photographe. « Des reflets de paysage, des danseurs dans l’eau, il y a toujours cette beauté des corps de danseurs qui sublime, car tout est dans la gestuelle, le regard. Je photographie ces moindres détails avec un rendu époustouflant au final. Je me rends bien compte que chacun de ces danseurs a un parcours différent et que tout cela génère la vie. »
On pourrait rester des heures à l’écouter parler de son art. L’artiste reste modeste, se contentant de dire que sa mission est de capter une émotion et de conter une histoire. Son travail a donné lieu à un livre, publié lors d’une exposition au Palais Royal, dans les locaux du ministère de la Culture. La danse reste son passe-temps favori de photographie. « J’ai une sensibilité pour les gens qui sont sur scène. Il me faut être tout le temps en alerte pour capter le geste juste. »
Décrivant son art de « poétique », Julien trouve que les danseurs sont toujours en mode effort. « La danse est un effort qu’on ne voit pas. Moi, je restitue la sensibilité des mouvements de cet art. »