Conseil des villes-sœurs : la maire face aux critiques acerbes de ses collègues  

La  frustration monte d’un cran dans les rangs des élus du bloc MSM/ML et du PMSD au Conseil de Beau-Bassin/Rose-Hill qui disent être confrontés sur le terrain aux « conséquences de la désastreuse gestion de la ville par la maire Rajeenee Mootoo-Caroopen (MSM). » Il y a bien eu des tentatives de la part des ténors du gouvernement de resserrer les rangs et de repartir du bon pied, mais les choses se sont envenimées, mardi, lors de la dernière séance du Conseil où la maire a eu toutes les peines du monde à contenir le flot de critiques lancées à son égard. Parmi les voix qui sont montées au créneau, celle de Ravi Kushna (MSM) a été la plus retentissante. Les agissements du maire-adjoint Mahen Choolun (ML) accusé par ses pairs de « vouloir être calife à la place du calife» sont également mis à l’index.

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Sur la sellette, Rajeenee Mootoo-Caroopen, proche du ministre Joe Lesjongard, réussit à tenir la barre pour l’instant. Mais juusqu’à quand ? Face aux pressions croissantes exercées par la majorité de ses collègues, les choses semblent tourner au vinaigre pour celle qui ne lésine pas sur les moyens pour présenter une image positive par le biais de sa page Facebook. « Ces belles images ne sont qu’une façade », à en croire certains élus qui dépeignent une administration en proie au chaos, entretenue par quelqu’une qui ignore tout des mécanismes de la fonction.

« Le Monitoring Committee ne fonctionne plus »

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Au moins huit frondeurs s’étaient réunis en catimini, il y a une dizaine de jours, avec la ferme intention de saisir une motion de blâme contre la maire qui a évité le couperet grâce à l’intervention des députés Ivan Collandavelloo et Fazila Jeewa-Daureeawoo – qui lui ont demandé de se ressaisir – et au refus du PMSD de se mêler aux velléités de la majorité. La principale concernée était dans le viseur de ses détracteurs lors du dernier Conseil qui s’est déroulé dans un climat de haute tension. Arnaud Poinoosawmy (PMSD) a ouvert le bal des interpellations en demandant à Rajeenee Mootoo-Caroopen si les infrastructures tombant sous l’égide de la municipalité ont fait l’objet d’évaluations après chaque passage des cyclones ayant occasionné des inondations monstres.

La maire a fait ressortir que « following the passage of cyclones Belal, Candice and Eleanor, the situation/assessment reports were submitted to the National Disaster Risk Reduction Management Center (NDRRMC) on 16 January, 26 January and 23 February, respectively, highlighting all localities/amenities affected… As regards cleaning, clearing, collection and carting away of post-cyclonic wastes, same is done by inhouse labour as well as our contractors. »

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Une réponse qui semble avoir convaincu très peu d’édiles, à l’instar de Gilwyn L’assiette (PMSD) qui a mis de l’avant « l’incurie des services de voirie qui se traduit par une accumulation de déchets un peu partout et des carrés de fleurs vides ou envahis de mauvaises herbes qui favorisent le pullulement d’insectes en cette période où la fièvre dengue fait rage, alors que les systèmes sont défaillants au niveau des réverbères. » Les débats ont pris une autre tournure suivant une question supplémentaire d’Olivier Barbe (PMSD) : « Le Monitoring Committee de la mairie, responsible for monitoring all areas of the organisation’s activity, and for evaluating it to determine the impact, quality and effectiveness of the work, s’est-il réuni de manière fréquente récemment ? » Rajeenee Mootoo-Caroopen a répondu par l’affirmative.

« Ena reunyon pou fer komplo »

Sauf que son collègue de parti et président dudit comité, Ravi Kushna ne l’entendait pas de cette oreille. « Faux ! Depuis que vous avez pris les rênes de la mairie, le Monitoring Committee ne fonctionne plus. Il devrait y avoir au minimum deux séances par mois, mais vous n’avez convoqué qu’une seule réunion au cours de ces trois derniers mois », a déclaré l’élu. Une remarque qui a donné lieu à de vifs échanges entre les deux protagonistes, avant que d’autres conseillers MSM/ML ne se mêlent aux débats, sous les quolibets émanant des travées du PMSD. « Mo kone ki ena reunyon pou fer komplo kont nou », a martelé le maire-adjoint Mahen Choolun, en pointant du regard quelques élus de son camp.

Les débats portant sur la rénovation et la réouverture, le 3 février dernier, du gymnase du Quorum à Plaisance, ont également apporté leur lot de révélations. En réponse à une interpellation de Gilwyn L’assiette, la maire a déclaré que les travaux de rénovation ont coûté environ Rs 19 millions. Gilwyn L’assiette a, ensuite, jeté un pavé dans la mare en soutenant que « quelques jours seulement après la réouverture du gymnase, un courtcircuit, occasionné par l’échauffement des fils électriques, est survenu et aurait pu avoir de lourdes conséquences. »

Après avoir appris de la bouche de Rajeenee Mootoo-Caroopen qu’un budget de Rs 1.9 million avait été décaissé par la mairie pour les travaux liés aux installations électriques et qu’une enquête sera initiée pour situer les responsabilités dans les défaillances électriques, l’élu bleu a voulu savoir si le contracteur a fourni un certificat de garantie à la municipalité. Après quelques minutes de tergiversations, la maire a souligné qu’elle adressera un courrier en ce sens au contracteur.

Sans tambour, ni trompette…

« On a fauté quelque part », a concédé le maire-adjoint Mahen Choolun, qui faisait allusion au protocole lié à la cérémonie de réouverture du gymnase du Quorum qui s’est déroulée sans tambour, ni trompette… et ni habitant, ni sportifs ! Il répondait à une question de Gilwyn L’assiette. Alors que d’aucuns avaient parié sur l’organisation d’une grande fête à l’occasion de cet évènement, se traduisant par des matchs de galas réunissant les meilleurs sportifs de la ville, c’est dans une ambiance terne sous les yeux d’une poignée d’invités, triés sur le volet, qu’a eu lieu la réouverture de ce pan de l’histoire des villes-sœurs. Fidèle à sa réputation de railleur, Olivier Barbe en a rajouté une couche après avoir eu vent que c’était la maire qui avait présidé les contours de cette réouverture : « L’organisation de cet événement a, une nouvelle fois, mis en lumière votre incompétence, Madame ! »

La maire a aussi été confrontée à l’invasion de puces, depuis trois mois, dans une école maternelle sise à Stanley. Face au feu roulant de questions d’Olivier Barbe, la maire s’est contentée d’une séquence inédite et sans fin de « I don’t know », avant de reprocher à l’élu bleu de ne pas lui avoir adressé le problème, avant de le faire auprès du président du Welfare Committee Anil Dewee. « L’invasion des puces date de décembre 2023, Madame. Ce n’est que le 27 février que des officiers du ministère de la Santé ont mis les pieds dans l’école pour une inspection. Une aberration ! », a rétorqué Olivier Barbe.

« Vous faites le jeu
de l’opposition »

L’épisode de mardi a révélé les fractures au sein de la majorité MSM-ML et les hostilités se sont poursuivies après le Conseil. Mahen Choolun, tout d’abord, qui a dit ses quatre vérités, dans les couloirs de la mairie, à Nazir Jungee, son prédécesseur au poste d’adjoint, en lui reprochant de « faire le jeu de l’opposition. » Rajeenee Mootoo-Caroopen a abondé dans le même sens sur le groupe WhatsApp dédié aux élus de la majorité, en des termes on ne peut plus acerbes : « Li degoutan ki en pe saye kote PMSD. Vous faites le jeu de l’opposition », a écrit la maire.

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