L’aile féminine de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) demande au gouvernement d’introduire une loi pour contraindre les entreprises à employer un certain pourcentage de femmes. Animant un point de presse, hier, au siège de la CTSP en marge de la célébration de la Journée internationale des femmes ce 8 mars, les dirigeantes de l’aile féminine sont d’avis que cette discrimination positive est nécessaire, car 55% des chômeurs sont des femmes.
Karen Le Merle, une des responsables de l’antenne féminine de la CTSP, indique que d’une part, Maurice fait face à un problème démographique et d’autre part, les jeunes de moins de 35 ans sont incités à prendre de l’emploi à l’étranger. « En sus de cela, la majorité des offres d’emploi disponibles se rapportent à la gent masculine. Le chômage frappe 55% des femmes dans le pays, mais le débat est plutôt orienté autour du nombre de femmes qui sont devenues ministres ou candidates. Il n’y a aucune structure qui favorise l’épanouissement de la femme pour que celle-ci soit égale à l’Homme »,ajoute-t-elle. C’est pour cette raison que le gouvernement doit légiférer pour imposer l’embauche dans les entreprises.
Deeana Ragoo-Rajcomar, autre dirigeante de l’aile féminine, se demande si la démocratie existe réellement pour les femmes dans l’expectative que leur voix soit entendue. La réponse est non, dit-elle. « Savez-vous qu’à ce jour, il n’y a pas de Remuneration Order (RO) pour les femmes qui opèrent dans le secteur des services ? Savez-vous que des femmes qui travaillent comme Cleaners, comme assistantes chez des dentistes et des avocats sont payées au salaire minimum ? Le secteur de la zone franche emploie pour la plupart des femmes et le comble est que leur RO n’a pas changé depuis 1984 », fait-elle ressortir.
« On a dit qu’en mars 2024, le salaire de base sera inscrit par un corps de métier. Cela donne l’espoir d’autant plus que cet amendement a déjà été apporté à la Workers Rights Act. Maintenant, nous entendons dire que Business Mauritius serait en train de faire du lobbying pour que cet amendement ne soit pas introduit. Où sont passées ces femmes du gouvernement et celles de l’opposition ? « Pourquoi est-ce qu’elles ne réagissent pas ? » met en exergue cette dirigeante par ailleurs.
Pour Anaïs Jean Louis, une des animatrices de la conférence de presse, il est important de situer le rôle de la femme dans le cadre de la Journée internationale des femmes. « Les mesures prises par le ministère de l’Égalité du genre sont-elles suffisantes pour mettre fin à la discrimination entre les femmes et les hommes ? La seule solution que le ministère du Travail a trouvée pour venir en aide aux femmes chômeuses, c’est d’offrir des cours de formation dans le domaine de la pâtisserie et en cuisine pour qu’elles puissent gagner leur vie », s’insurge-t-elle, ajoutant « Est-ce que le rôle de femme se limite à la cuisine ? »
Anaïs Jean Louis s’appesantit d’autre part : « nous avons vu des reportages où l’on indique que les femmes sont devenues chauffeuses ou qu’elles travaillent dans le secteur de la construction. Il faut pourvoir des cours pour que des femmes soient des opératrices. Nous rejetons l’idée d’autoriser l’embauche des Domestic Workers étrangers, car il n’y a pas une loi qui les protège. »