Sécurité alimentaire et santé publique : campagne sur la préservation de la terre et des sols à Maurice

Les Inner Wheel Clubs de Quatre-Bornes et de Curepipe ont lancé, mercredi, à l’école Vatel Mauritius, Palma, une campagne nationale de sensibilisation sur la préservation de la terre et des sols. Le thème de cette initiative : Mama later pe soufer, nou bizin nouri so lever. La campagne, qui durera jusqu’au 27 avril, vise à mobiliser le public sur l’importance cruciale de préserver la terre et les sols, en particulier dans le contexte de la sécurité alimentaire et de la santé publique à Maurice.

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Pierre Baissac, président de la Royal Society of Arts & Science, était invité à intervenir sur la perspective historique de nos sols. Le thème de son intervention s’intitulait De la richesse de nos sols à la pauvreté anthropocène. Le conseiller en résilience écologique a commencé par soutenir que Maurice est vieille d’une dizaine de millions d’années, et que l’homme est arrivé sur l’ île il y a environ 400 ans.

« À force d’abus de plus de 200 ans, notre beau pays est devenu malade, à bout de souffle. Nous avons misé sur le confort, la sécurité matérielle, mais nous n’avons eu que très peu de considération pour la nature avec l’utilisation de produits chimiques, qui ont été nuisibles à la qualité de nos sols, nuisibles non seulement à la santé humaine mais aussi à la biodiversité. Nous avons abusé de nos richesses naturelles », devait-il d’emblée marteler.

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À chaque grosse pluie, poursuit-il, les rivières deviennent des torrents furieux, emportant même des vies, parfois polluant et détruisant nos lagons, à travers des montagnes de boue et autres produits humains. Loin de trouver des solutions, nous empirons les causes.

En 1598 a eu lieu la première habitation à Maurice avec l’arrivée des Hollandais. « Ceux-ci ont exploité le bois d’ébène. Leur séjour dans l’île aura été une exploitation à outrance. En 1715, la France prend possession de Maurice et utilise le pays comme base stratégique pour le commerce et une base de ravitaillement sur la route des Indes. Lorsqu’en 1767 arrive Pierre Poivre, naturaliste et botaniste, ayant une vaste connaissance des pratiques agricoles, et dont la mission était le développement alimentaire et agricole, il parlera de gens avides et ignorants ne pensant qu’à eux, ayant ravagé l’île en détruisant les forêts. Déjà, à cette époque, il parle de ceux n’ayant laissé à leurs successeurs que des terres arides ! » dira-t-il.
Pierre Baissac ajoute que Pierre Poivre a imposé une loi pour protéger les forêts parce qu’il savait que le déboisement réduisait la pluviosité. C’est ainsi qu’en 1769, il y a eu la première loi au monde soulignant un lien direct entre les forêts et la pluviosité. « Indirectement, il parlait déjà du changement climatique. »

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En 1810, avec l’arrivée des Anglais, l’île s’est transformée en une économie agricole, avec la canne à sucre pour alimenter le marché britannique. La canne à sucre représentait alors plus de 85 % de nos recettes d’exportations et, en 1968, ce chiffre sera même passé à 98 %. Comment arrêter cet élan pour dire qu’on devait protéger la terre ?

« Le grand problème, c’est que quand nous détruisons les arbres, nous favorisons le grand écoulement de torrents d’eau, ce qui donne lieu au lessivage de nos sols. Il ne reste alors que ce substrat rocheux. Il existe une multitude d’organismes vivants dans la terre, dont les vers de terre, qui permettent cette mobilité du sol. Quand tout cela part, il n’y a plus rien. Le profit et le gain nous ont forcés à prendre un autre chemin. Ce qu’on fournit aujourd’hui comme aliment est de piètre qualité », dira Pierre Baissac.

Ludy Ramalingum, présidente de l’Inner Wheel Club de Quatre-Bornes, a pour sa part appelé à un changement d’attitude et à ne plus être répugnés par les vers de terre. « L’heure est à la responsabilité face à cette terre qui nous nourrit, qui ne nous appartient pas et qui sera transmise à la future génération. Pourquoi mettons-nous l’accent sur les vers de terre ? Parce que parmi les milliards d’organismes vivants dans la terre, le ver de terre est le seul qu’on peut toucher », affirme-t-il.

La campagne, qui a débuté cette semaine, durera jusqu’au 27 avril. Levi et Leva, deux amis vers de terre, parleront aux citoyens tout au long de la campagne. L’Inner Wheel organise par ailleurs un forum le 5 avril à partir de 10h sur le même thème de Mama later pe soufer, nou bizin nouri so lever. Est également au programme un concours de peinture pour sensibiliser les jeunes sur l’importance de préserver la richesse naturelle de la terre.

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