— La Nationale de l’autopont de Bell-Village à Roche-Bois fermée à la circulation peu avant 18h, la Place D’Armes étant également inondée
— Plusieurs artères des quatre coins de Port-Louis envahies par les eaux dans un scénario semblable à il y a trois mois avec le passage du cyclone Belal
— Effondrement d’une maison à Tranquebar : des familles en difficulté dans plusieurs faubourgs de Port-Louis
Les pluies torrentielles — avec 302 mm de pluies à Albion, 232 mm au Domaine-Les-Pailles et 194 mm au Champ-de-Mars à 19h — ont occasionné des scènes de chaos dans plusieurs endroits de la capitale hier après-midi. Toutefois, à ce matin, la météo avait déjà enlevé l’avis de pluies torrentielles. Par mesure de précaution, dès hier après-midi, le ministère de l’Éducation avait émis un communiqué annonçant la fermeture de toutes les institutions scolaires pour la rentrée du deuxième trimestre du jour. En parallèle, les autorités ont également pris la décision que les employés des secteurs public et privé ne devront pas de rendre sur leur lieu de travail ce matin, tout en privilégiant le télétravail.
La situation s’était nettement détériorée dans la capitale et une partie de la région du nord-ouest et de l’ouest à partir de 16h30 hier, soit un peu plus d’une vingtaine de minutes après les pluies torrentielles. Force est de constater que les averses dans la matinée ont contribué grandement à la montée des eaux dans des zones à hauts risques connues. Fort heureusement, c’était dimanche, avec des mouvements des automobilistes et des usagers de la route très moyens.
Ces fortes pluies allaient très vite prendre en otage Port-Louis et rendre les accès et sorties impraticables, l’eau ayant envahi les principales artères. Au fil des minutes, des torrents d’eau dévalaient les rues La Chaussée, La Poudrière, Lisley Geoffroy, Mère Barthelemy, Edith Cavell ou encore Saint-Denis, avec d’énormes risques pour les usagers. La Nationale M1, longeant le Caudan Waterfront et la Place D’Armes, était submergée, des véhicules aussi bien que des membres du public se retrouvant prisonniers dans cette zone névralgique de Port-Louis. Des éléments de la National Coast Guard et du Mauritius Fire Rescue Service ont dû intervenir en urgence pour porter secours aux sinistrés.
Face à cette situation chaotique, le National Emergency Operations Command n’a eu d’autre choix que de procéder à la fermeture de l’autoroute M1, de l’autopont de Bell-Village jusqu’à Roche-Bois, cette zone étant complètement impraticable, mais aussi pour éviter toute situation de danger pour les automobilistes. Des fermetures partielles ont aussi été décrétées, notamment de Canal Dayot, à La Tour Kœnig.
Scène désolante
Dans cette dernière région, des habitants pointent du doigt des travaux de drains à l’extrémité de la rue MacPherson, déversant l’eau de pluie dans la rivière. À chaque période pluvieuse, ils expliquent que l’eau de la rivière reflue en sens inverse, tout en inondant les maisons avoisinantes. Certains réclament d’ailleurs qu’ils soient relogés, le temps que les autorités fassent le nécessaire pour une solution permanente dans les meilleurs délais.
La scène était désolante dans les faubourgs des quatre coins de la capitale, notamment à Pointe-aux-Sables, Tranquebar, Vallée-Pitot ou encore Vallée-des-Prêtres, où les habitants ont vécu la peur de leur vie face à ces inondations qui ont ravivé la douleur et la détresse vécues à la mi-janvier lors du passage du cyclone Belal. Les torrents du côté de Marie-Reine-de-la-Paix, descendant vers le centre-ville ou encore le long de la rue Labourdonnais, faisaient craindre le pire, causant des dégâts infrastructurels importants aux routes qui venaient à peine d’être asphaltées. Rue St-Denis, le rez-de-chaussée de l’immeuble St James Court était méconnaissable, les eaux ayant pris d’assaut le lobby de la réception.
L’image dramatique qui restera gravée lors des pluies torrentielles d’hier est sans doute l’effondrement de la maison de la famille Ramsahaye, connue pour le commerce Dholl Puri Maraz, rue Swami Sivananda, à Tranquebar. Les huit membres de la famille ont pu quitter la maison et trouver refuge chez un voisin juste à temps. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer.
« Depi 27 an mo res la. Mo enn vev. Mo’nn pran boukou lapenn pou ranz sa lakaz-la. Nou’nn fer boukou zefor. Zot ti dir pou met miray. Mo ti demann zot si lakaz-la pa deranze. Zot inn fouy kot mo lakaz andan. Mo’nn dir zot ranz kot mwa avan, apre zot get lot kote. Isi danzere, mo lakaz pou gagn problem, li pou sede. Zot inn fer koumadir zot pa tann mwa », raconte Kamlawtee Ramsahaye, 75 ans et propriétaire de la maison, faisant comprendre que les autorités avaient entrepris des travaux dans les parages. « Zot ti kapav fer enn zefor ranz par isi-la avan. Get kinn arive zordi. Tou mo zafer dan lakaz, pena gran zafer, me ena kiksoz inportan kouma medikama », ajoute-t-elle. Les membres de la famille déplorent que leur maison était exposée aux dangers découlant des décisions prises pour régler ce problème de la montée des eaux.
Du côté de Vallée-Pitot, les torrents d’eau gênaient complètement la circulation sur la route principale Boulevard Pitot, comme cela avait été le cas en janvier dernier. Le pont longeant ce quartier était inondé, de même que plusieurs maisons affectées dans ce faubourg. Les eaux boueuses allaient s’accumuler aux abords de la mosquée qui s’y trouve, se faufilant à l’intérieur de ce lieu de prières.
Cauchemar habituel
Les rues de Plaine-Verte ont aussi été en grande partie envahies. Les habitants de Vallée-des-Prêtres ont quant à eux vécu le cauchemar habituel de chaque grosse pluie qui arrive depuis ces dernières années, soit l’impraticabilité de l’unique route d’accès menant à ce faubourg de la capitale, la rue Bernardin de St-Pierre.
Les débordements du pont Latanier à la croisée de Vallée-de-Prêtres, à partir de 17h hier, a privé l’accès aussi bien que la sortie des habitants de cette région. Cette route était non seulement envahie par les eaux, mais aussi jonchée d’amas de pierres, de débris et de boues. « Sak fwa ena gro lapli, abitan Vallee-des-Pretres vin prizonie. Ni kapav rantre, ni kapav sorti. Ki arive si enn mam ou fami dan enn lirzans. Kouma pou rant dan enn landrwa parey pou al rekiper sa dimounn ki bizin ed la ? » se demandent des habitants de la région, qui estiment qu’il est grand temps que les autorités mettent à exécution des solutions durables sur le terrain.
Par ailleurs, à 20h hier, plusieurs régions étaient impraticables, selon le NEOC, notamment Fond-du-Sac, près de la SBM, Terre-Rouge aux alentours de Dry Cleaning, à la Place d’Armes, La Tour Kœnig près du Kovil, rue Meldrum à Beau-Bassin, la région de Tranquebar, Canal Dayot, l’Avenue Paquerette, Pointe-aux-Sables, l’Avenue Golden, Pointe-aux-Sables et plusieurs rues de la capitale.
PLUVIOMÉTRIE De 4h du matin à 19h hier
Albion enregistre 302 mm de pluies
La région d’Albion a été la plus arrosée hier par les grosses averses, enregistrant 302 mm de pluies entre 4h du matin et 19h. Suivie du Domaine-Les-Pailles, qui a reçu 232 mm, du Champ de Mars, avec 194 mm, Beau-Bassin (Barkly), 190 mm, Bell-Village 183 mm, Moka 165 mm, Chitrakoot 163 mm, Port-Louis (Line Barracks) 162 mm, Nouvelle-Découverte 119 mm, Riche-Terre 103 mm et Quatre-Bornes 102 mm.