Étude écologique : les mangroves, soutien à la sécurité  alimentaire et à la génération de revenus

– « … Precarious households (…) are consequently more vulnerable to mangrove degradation and socio-ecological changes »

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Les mangroves soutiennent les moyens de subsistance des communautés côtières, mais sont menacées par une dégradation continue. C’est ce que fait ressortir une récente étude, intitulée Dependency on Mangroves Ecosystem Services is Modulated by Socioeconomic Drivers and Socio-Ecological Changes – Insights From a Small Oceanic island, et qui a pour auteurs Raphaël Merven (Indian Ocean Islands Foundation), Chandani Appaddoo (université de Maurice), François Benjamin Vincent Florens (université de Maurice) et Pricila Iranah (University of Nebraska, Kearney).

Les résultats de l’étude démontrent que deux tiers des sondés dans les villages côtiers de l’Est-Sud-Est de l’île dépendent des mangroves de manière faible (37.2%), moyenne et élevée (26,3%) sous forme culturelle de même que comme soutien à la sécurité alimentaire et à la génération de revenus. De plus, “our results suggest that precarious households have higher levels of dependency and are consequently more vulnerable to mangrove degradation and socio-ecological changes”. Et “the impact of changes and socio-economic parameters are therefore essential dimensions for coastal management and biodiversity conservation policy design”.

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L’étude souligne que si les PEID affichent une biodiversité élevée, ils sont disproportionnellement vulnérables au changement climatique et aux chocs économiques et environnementaux. L’étude vient mettre en relief des éléments moins connus des mangroves, à savoir les valeurs culturelles y relatives ainsi que la manière dont les communautés en dépendent pour leur bien-être. Les auteurs ont mené une enquête entre août et octobre 2021 dans des villages côtiers de l’Est-Sud-Est de l’île, soit sur 281 ménages ayant des revenus moyens et faibles avec des moyens de subsistance associés à la pêche et/ou au tourisme.

Les auteurs rappellent que les mangroves se développent dans les zones tropicales et subtropicales et les zones intertidales. Elles fournissent des zones d’alevinage pour les poissons juvéniles et autres animaux aquatiques. Les mangroves atténuent également les catastrophes naturelles comme les cyclones et tsunamis. « Ces écosystèmes soutiennent les moyens de subsistance de nombreuses communautés tropicales côtières du monde entier, totalisant environ 100 millions de personnes. De plus, les mangroves sont porteuses de valeurs socioculturelles. Leur défrichement pour l’aquaculture, l’urbanisation et leur dégradation par la pollution ; l’élévation du niveau de la mer et le changement climatique ont conduit les scientifiques à envisager la perspective de leur disparition mondiale d’ici un siècle », lit-on dans cette étude.

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Elle note aussi que la récente pandémie de Covid-19 a encore affaibli la situation socio-économique des PEID, et des études récentes suggèrent une reprise longue et lente de cette crise mondiale. « À Maurice, les activités anthropiques continuent d’avoir un impact sur la biodiversité et écosystèmes et la couverture de l’habitat naturel est aujourd’hui à environ 4,4% de l’étendue totale de l’île par rapport à 82,5 % en 1773. L’île Maurice est confrontée à des écosystèmes fragiles comme les mangroves, les herbiers marins, les coraux, les récifs et zones humides. Le secteur du tourisme, en particulier le tourisme haut de gamme et de luxe, est un enjeu écologique majeur. »

Si le développement côtier a apporté de l’emploi et la croissance économique, lit-on encore, cela a aussi exercé une pression croissante sur les eaux marines et intertidales, sur les écosystèmes, en particulier les zones humides terrestres et les mangroves. L’étude cite le désastre du MV Wakashio ayant déversé 1 000 tonnes de pétrole dont une partie dans les forêts de mangroves. « Tandis que les impacts de la pandémie de Covid-19 affectaient déjà les zones côtières tributaires du tourisme et de la pêche, cette marée noire est considérée par beaucoup comme la pire catastrophe écologique que Maurice ait connue depuis son indépendance en 1968, et a exacerbé les difficultés socio-économiques de nombreux ménages de la région. »

D’un point de vue historique, les mangroves ont été utilisées en médecine traditionnelle comme cataplasmes sur les plaies, tisanes contre les hémorragies, et pour leurs propriétés antihypertensives et propriétés antidiabétiques mais ces pratiques ont diminué en raison du mode de vie. Les auteurs se sont intéressées à ces trois questions principalement : “What are the current provisioning and socio-cultural services provided by mangroves on the east coast of Mauritius? How are internal socio-economic determinants affecting community members’ dependency on mangroves’ ecosystem services?  How is mangrove dependency for ecosystem services affected by external environmental and socio-economic pressures?”

L’étude souligne que les forêts de mangrove ont été exploitées dans le passé pour le chauffage au moyen du bois, la construction et le développement. “Most Mauritian mangroves are found within one of the six Fishing Reserves and the two Marine Parks, which are all part of the Marine Protected Areas (MPA) established in the Fisheries and Marine Resources Act (2007). The rest of the mangroves occur in private areas and under the Pointe-d’Esny wetland Ramsar site. Mangroves are specifically protected under the Fisheries and Marine Resources Act (2007), which stipulates that “no person shall cut, remove, damage or exploit a mangrove plant or part of a mangrove plant except with the written approval of the Permanent Secretary.”

Quatre villages ont été choisis pour l’étude, Bambous-Virieux, Bois-des-Amourettes, Trou-d’Eau-Douce et Poste-de-Flacq. À Poste-de-Flacq, selon l’étude, les activités de pêche et la collecte d’huîtres sont toujours une principale source de revenus, ainsi que du tourisme, avec une grande zone de mangroves. En comparaison, les villages de Bambous-Virieux et Bois-des-Amourettes n’ont pas connu une croissance similaire du tourisme, étant demeurés plus ruraux.

D’après les résultats de l’étude, les femmes interrogées sont significativement plus susceptibles d’atteindre un niveau de dépendance moyen ou élevé sur les mangroves. La plupart des interviewés notent une diminution dans la quantité de fruits de mer au cours de la dernière décennie dans tous les villages. Différentes raisons ont été évoquées pour la diminution des fruits de mer et des mangroves. À Trou-d’Eau-Douce, 21,7% des sondés accusent la pollution engendrée par le tourism zone, tandis que 30% des répondants des villages du sud-est et 25,4% à Poste-de-Flacq blâment les activités des habitants. La marée noire est fortement perçue comme une raison du déclin en couverture de mangrove par 13,8% des répondants du sud-est, villages classés comme fortement touchés.

Ce qui amène les auteurs à dire que bien qu’elles n’occupent que 0,07% de l’île, les mangroves mauriciennes soutiennent les communautés côtières et jouent un rôle majeur en termes de valeurs culturelles, de sécurité alimentaire, soutien à la pêche, génération de revenus, santé et bien-être et constitue un patrimoine immatériel. Les activités autour des mangroves sont, entre autres, les pique-niques, la pêche comme loisir ainsi que d’autres activités sociales et culturelles. “Seafood collection in mangroves is practised by roughly a quarter of all respondents, and more than 10% of each village respondents collect fishing bait in mangroves. These results highlight the crucial role of this ecosystem for local fisheries and food support.

L’étude plaide pour davantage d’attention au maintien écologique et à la viabilité des mangroves “as they face multiple threats on the island and serve as a socio-economic refuge for coastal inhabitants”. Et d’ajouter : “The implementation of nature-based solutions and eco-centred management approaches should include mangrove conservation into territorial planning and policies, as well as serving to mitigate the impacts of multiple crises through co-constructed resilience scenario implementation.”

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