– Des amendements à apporter aux lois afin que les employés du secteur privé bénéficient aussi du Family Protection Scheme
« On ne peut pas rester insensible face à cette tragédie humaine. Les autorités doivent agir. » C’est le plaidoyer de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), soutenue par plusieurs fédérations et organisations syndicales, en faveur de la famille de Kevin Ramlall, décédé en janvier dernier, après une chute sur son lieu de travail en novembre 2023. Jusqu’aujourd’hui, la veuve de Kevin Ramlall n’a perçu ni soutien ni aide. D’où le combat syndical pour réclamer justice pour la famille du défunt.
Dans ce contexte, les syndicalistes qui animaient une conférence de presse en présence de Mme Ramlall et de son frère, hier, lancent un appel au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour rencontrer la famille et écouter leurs griefs en vue de leur accorder un soutien.
Aux côtés de l’épouse de Kevin Ramlall, le président de l’UPSEE, Arvind Bhojun, est revenu sur les circonstances du décès le 12 janvier dernier de Kevin Ramlall, un habitant de Flacq, âgé de 38 ans, qui était employé au Darwin College. Avec d’autres collègues, il aurait reçu l’ordre du management du collège privé, le 14 novembre 2023, d’effectuer des travaux de Waterproofing sur le toit du deuxième étage de l’établissement. « Ce, alors qu’en tant qu’Attendant, il n’était pas qualifié pour ce travail. Et encore moins équipé pour assurer sa sécurité », fait-on comprendre.
Le beau-frère de Kevin Ramlall a aussi apporté son témoignage car il pleuvait des cordes à Flacq en ce jour fatidique du 14 novembre. L’employé a fait une lourde chute depuis le toit. Il est décédé trois mois plus tard, laissant derrière lui un enfant de trois ans, sa femme et sa mère, une personne âgée. « À ce jour, la famille n’a reçu aucun soutien », a souligné l’UPSEE qui déplore que la direction du collège Darwin n’ait fait preuve « d’aucune marque de sympathie » envers les Ramlall, ne serait-ce que par le biais d’une correspondance.
Au niveau des autorités, l’enquête suit son cours, a indiqué le ministère du Travail à l’UPSEE. Mais entre-temps, la famille de Kevin Ramlall souffre. Non seulement de la perte d’un être cher, mais aussi du fait que la famille se retrouve sans revenu depuis sept mois aujourd’hui. Kevin Ramlall était le seul gagne-pain pour sa famille, a indiqué le président de l’UPSEE qui s’insurge du manque de considération des autorités pour la famille du défunt. « Surtout qu’après l’enquête du ministère du Travail, il faudra attendre que le Directeur des Poursuites publiques (DPP) fasse suivre son dossier pour qu’une poursuite soit entamée contre le Darwin College. Et que si finalement le collège est trouvé coupable, il devra s’acquitter d’une amende de Rs 75 000 seulement », fait-il comprendre.
« Scandaleux », estiment les syndicalistes qui lancent un appel au Premier ministre pour se pencher lui-même sur ce drame humain. Ils sollicitent une rencontre avec Pravind Jugnauth afin que « le chef du gouvernement puisse entendre les griefs de cette famille en détresse ». Une lettre en ce sens sera envoyée au Premier ministre à qui les syndicats demandent également que des amendements soient apportés aux lois régissant les conditions de travail des employés des établissements scolaires privés.
Faisant ressortir que le jour de l’accident de Kevin Ramlall, lui et ses collègues, également General Workers, ont dû grimper à une échelle et transporter des équipements sur leurs épaules, le président de l’UPSEE a déclaré que « malheureusement, plusieurs Attendants et General Workers des établissements privés sont forcés de faire des travaux qui ne sont pas dans leur scheme of duty ». Et que s’ils refusent, « ils sont harcelés ou sont forcés vers la porte de sortie ». C’est pourquoi beaucoup d’entre eux acceptent par peur de perdre leur emploi. Une mort, c’est une mort de trop, disent les syndicalistes qui réclament que les employés du secteur privé « bénéficient aussi du Family Protection Scheme ». La famille Ramlall devrait aussi, entre autres, « bénéficier de ce plan qui prévoit une pension aux veuves et orphelins des fonctionnaires décédés ». Dans ce contexte, pour éviter que d’autres drames n’arrivent, les syndicats demandent aux autorités d’agir rapidement.
Dans un autre volet, le président de l’UPSEE a évoqué la situation chaotique au collège Friendship Girls de Goodlands. Si la demande d’injonction du collège contre les actions syndicales a été rejetée, le syndicat espère des actions concrètes très vite pour ne pas pénaliser les élèves.
