“Le patient, consommateur de médicaments, est en droit de connaître le poids de chaque élément qui constitue le wholesale price d’un produit pharmaceutique », fait valoir Suttyhudeo Tengur, de l’Association Pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC). « On devrait alors mieux comprendre pourquoi les prix au détail des médicaments sont si élevés ! » ironise ce dernier. M. Tengur dénonce ainsi « l’opacité » que pratiqueraient les sociétés pharmaceutiques importatrices par rapport à la structure des prix à l’importation des médicaments.
Pour Suttyhudeo Tengur, si les prix au détail des médicaments demeurent élevés même après l’adoption du Regressive Maximum Mark-Up, la faute revient aux sociétés pharmaceutiques importatrices. L’animateur de l’APEC parle en effet « d’opacité » par rapport à la structure des prix à l’importation. « S’ils n’ont rien à cacher, les importateurs de médicaments se doivent d’expliquer au public comment ils arrivent aux prix auxquels ils vendent leurs produits respectifs aux retail pharmacies. »
M. Tengur rappelle que le recours au Regressive Mark-Up est une recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Recommandation qui, souligne-t-il, vise à rendre les produits pharmaceutiques plus accessibles au plus grand nombre de malades. « Pourquoi donc ce système de calcul a fait baisser les prix au détail partout ailleurs où il a été adopté et non à Maurice où les prix des médicaments demeurent élevés malgré son adoption ? » s’interroge le militant pour la protection des consommateurs.
«L’opacité » entourant la structure des prix à l’importation dénoncée
Suttyhudeo Tengur pointe ainsi du doigt ce qu’il estime être . D’où son insistance pour que l’ensemble des sociétés pharmaceutiques qui importent des médicaments jouent la carte de la transparence et rendent chacune publique sa structure des prix à l’importation. Pour lui, en effet, il est important que le patient, consommateur de médicaments, soit mis au courant du poids de chacun des éléments (coût d’origine du produit au moment de son importation, coût du fret, coût de la prime d’assurance etc.) dans le wholesale price de chacun des médicaments. « On devrait alors comprendre pourquoi les prix au détail demeurent élevés ! » ironise M. Tengur.
Si par ailleurs l’animateur de l’APEC trouve que l’importation parallèle de produits pharmaceutiques pourrait théoriquement faire baisser les prix des médicaments en favorisant la concurrence, il estime néanmoins qu’un tel recours ne peut en aucun cas être envisagé avant la mise en place d’un organisme de régulation et de contrôle de la qualité des médicaments à être importés. « C’est une question qui relève de la sécurité sanitaire de la population », fait valoir M. Tengur.
Car, en effet, s’il peut paraître tentant pour certains de « casser des monopoles », le revers de la médaille c’est de prendre par exemple le risque de faire entrer sur le marché des médicaments contrefaits ou encore de faux médicaments… La libéralisation de l’importation des médicaments pose aussi la question de la traçabilité au cas où l’un ou l’autre produit pharmaceutique se révèle dangereux pour le patient. Alors qu’avec l’actuel système de droits exclusifs d’importation, il est quand même bien plus facile de désigner le fautif en cas de tout éventuel problème…