Face à la nouvelle hausse du fret maritime impactant les produits en provenance d’Asie (Chine, Inde, Thaïlande, Indonésie, Japon, Singapour etc.) depuis le 15 mai, n’y pouvons-nous vraiment rien ? Quelles solutions à envisager ?
Consultant en fret et membre de l’Association professionnelle des transitaires, Robert Hungley explique que la crise de la Mer Rouge ayant contraint les navires à faire un détour de quatre à six semaines par l’Afrique, le nombre de ports où ils doivent se ravitailler a un coût. « À côté de cela, il y a la dépréciation de la roupie. Nous avons perdu environ 25% de la valeur de notre roupie. Cela se verra dans les supermarchés ». Il fait en revanche ressortir qu’«avec l’augmentation du fret, du coût de la marchandise, de l’assurance et surtout avec la dépréciation de la roupie, aujourd’hui, la TVA est peut-être 15%+25% environ. Les revenus de l’État ont donc augmenté par autant ! Ces revenus sont puisés directement de la poche des consommateurs ». Il plaide pour que la roupie retrouve sa valeur et afin que nous « puissions mieux faire face aux augmentations venant d’ailleurs ».
Il prône également le développement de notre port en vue de réduire le coût du fret.
Claude Canabady, secrétaire général de la Consumers Eye Association, suggère de trouver des alternatifs aux pays d’Asie, soit des pays pouvant nous fournir les mêmes produits du continent africain. Il se désole que les consommateurs n’aient connu « que des déboires ces dernières années et encore plus dernièrement », ce qui fait qu’il est « de plus en plus dur pour certains de joindre les deux bouts ». Il souhaite voir dans le prochain budget l’application d’un maximum Mark-Up sur certains produits, particulièrement ceux consommés par la grande majorité de Mauriciens et l’augmentation de la TVA sur les articles de luxe pour aider les plus démunis. S’il ne doute pas qu’en cette année électorale, « le gouvernement peut et va essayer d’aider les consommateurs », il se demande toutefois si ces mesures dureront dans le temps pour vraiment aider les consommateurs ou ne seront que temporaires.
L’économiste Takesh Luckho souligne que durant les deux dernières années, les prix des denrées alimentaires comme des médicaments ont en fait subi une inflation de 17% environ. Si la hausse du fret est hors de notre contrôle, reconnaît-il, « l’augmentation des prix n’a pas pour cause uniquement le fret. Il y a aussi la dépréciation continue de la roupie. C’est pour moi une mesure délibérée du gouvernement pour créer des fonds qu’on appelle les Special Reserve Funds en vue d’augmenter les réserves de la BoM. Lesquelles ont servi à payer les dépenses fiscales. Lorsque nous avons d’un côté des augmentations de fret et de l’autre une dépréciation continue de la roupie, nous nous retrouvons avec une grosse augmentation ». Il met en garde contre des mesures budgétaires populistes qui ne sont pas sans conséquence sur le plan économique. Il prône à la place un système de lutte contre l’inflation et la relance de l’économie.
ROBERT HUNGLEY (Consultant en fret) : « Développer le port pour réduire le fret »
Une nouvelle augmentation du fret sur les produits en provenance d’Asie se profile à l’horizon. Pouvez-vous nous en expliquer la raison ?
Le problème a surgi pendant le Covid-19, s’est ensuite atténué, pour reprendre de plus belle avec la guerre russo-ukrainienne et les attaques des navires en Mer Rouge. Ils ont dû s’arrêter pendant un temps, attendant le retour de la sécurité. La crise de la Mer rouge a obligé les navires à faire un détour de 4-6 semaines par l’Afrique. Le nombre de ports où ils doivent se ravitailler a un coût…
Les voyages prolongés et la congestion des ports ont empêché de nombreux conteneurs de revenir. La rotation est perturbée. Un conteneur est utilisé plusieurs fois. Quand un conteneur n’est pas acheminé en temps et lieu, les exportateurs en Chine ne peuvent pas exporter. Il y a donc un dérèglement dans le système. Ceci dit, le gros souci, le temps passé en mer (quatre à six semaines) a un coût énorme.
De quelle manière cette perturbation impactera-t-elle Maurice ?
Partout dans le monde, après le Covid-19, il y a eu pas mal d’augmentations sur les produits importés. À côté de cela, il y a la dépréciation de la roupie. Nous avons perdu environ 25% de la valeur de notre roupie. Couplé à cela, il y a l’augmentation du fret, la TVA, les droits de douane qui se payent sur la valeur CIF (Cost, Insurance and Freight). Le coût du produit, l’assurance et le fret ont augmenté. Quand nous convertissons tout cela en dollar, le coût final à destination de l’importateur connaît une hausse drastique. Cela se verra dans les supermarchés.
Est-ce que cette hausse du fret sur les produits venant d’Asie se répercutera sur tous les produits importés ou uniquement ceux d’Asie qui sont concernés ?
En ce qui concerne l’Europe, il n’y a pas vraiment d’augmentation significative. Le problème concerne davantage les importations d’Asie. Nous importons beaucoup de l’Asie : tomates en boîte, matières premières. Nous fabriquons nos textiles à partir de matières premières importées comme le coton. Donc, même quand nous fabriquons localement, les intrants sont impactés.
À partir de quand devrions-nous voir une répercussion sur certains prix à Maurice ?
Une augmentation est prévue en juin. Le coût de la vie encore une fois va prendre l’ascenseur. Notre TVA est à 15 %. Avec l’augmentation du fret, du coût de la marchandise, de l’assurance et surtout avec la dépréciation de la roupie, aujourd’hui, la TVA est peut-être 15%+25% environ.
Les revenus de l’État ont donc augmenté par autant ! Quelque part, le grand gagnant, c’est l’État. Ces revenus sont extraits directement de la poche des consommateurs. C’est vrai que les produits coûtent cher mais ces hausses se répercutent positivement sur les caisses de l’État. Peut-être une réduction de la TVA dans ce contexte pourrait aider à réduire le coût de la vie. C’est vrai que certains produits de base sont exemptés de la TVA mais les produits fabriqués à partir de ces produits sont taxables.
Avec la présentation du budget bientôt, qu’auriez-vous souhaité y voir ?
Freiner la dépréciation de la roupie, qu’on redonne à la roupie sa valeur de manière que nous puissions mieux faire face aux augmentations intempestives hors de notre contrôle venant d’ailleurs. Les parents dont les enfants étudient à l’étranger ressentent cet impact de la dépréciation de la roupie. Le gouvernement est venu avec des augmentations au niveau des allocations sociales, le salaire minimum, etc. Les importateurs doivent outre la hausse du fret payer le salaire minimum. Les consommateurs payent pour cela. Un cercle vicieux.
La FPBOU observe que l’économie est florissante, que la MRA a collecté Rs 137 milliards fin juin, contre Rs 112,2 milliards l’an dernier et que les réserves de la Banque de Maurice sont à Rs 338 milliards actuellement contre Rs 293 milliards en avril 2023. Diriez-vous que le gouvernement a de la marge pour aider les consommateurs ?
Certainement. Ils ont même des revenus en surplus venant de la poche des consommateurs. Il faut donc voir comment diminuer la souffrance des consommateurs. Des augmentations sont données ici et là mais au final ce sont les consommateurs eux-mêmes qui payent car le coût de la vie augmente.
Toutes ces hausses relancent l’idée de l’urgence de produire davantage localement pour réduire les importations, qu’en pensez-vous ?
Certains pensent qu’il faut consommer davantage ce que nous produisons en termes agricoles surtout. Mais, une fois encore, les intrants comme les pesticides sont importés. S’agissant des PME qui fabriquent pour la consommation locale, eux aussi utilisent des matières premières importées comme la farine pour les nouilles instantanées.
Moi, je vois plus grand. Les PME devraient avoir davantage d’ouverture sur le marché africain ou l’océan Indien. Quand elles exportent, elles ont un volume de fabrication qui leur permet de réduire le coût du produit fini. En exportant le double de ce que nous consommons localement, les prix seraient moins coûteux. Prenons les mines Apollo qui se vendent à un prix très abordable. C’est bien parce que le fabricant produit en grande quantité pour l’exportation qu’il arrive à pratiquer ce prix bas. Pour moi, la seule porte de sortie pour nos PME, c’est de les encourager à fabriquer en quantité pour l’exportation.
Autres solutions ?
Notre port était connu comme The Star and Key of the Indian Ocean de par sa location avantageuse facilement accessible à l’Afrique, avec une bonne connexion avec l’Asie et l’Europe. Beaucoup de navires dans le passé stoppaient par Maurice pour se ravitailler avant de repartir. Malheureusement, le port ne s’est pas développé contrairement à celui de Tamatave qui, aujourd’hui, est en passe de devenir le port le plus efficient de l’océan Indien. Alors que nous détenions autrefois le titre de Star and Key of the Indian Ocean.
Notre port est à 50 % de sa capacité d’opération. Si les navires transbordaient par Port-Louis pour se ravitailler, sur la base de l’économie d’échelle avec le nombre de navires qui s’y arrêteraient, le fret serait bien plus compétitif que tous les autres ports.
CLAUDE CANABADY (CEA) : « Explorer les marchés alternatifs plus proches de nous »
Cela fait quatre ans que les consommateurs sont écorchés par de multiples flambées de prix dont les médicaments et voilà qu’une nouvelle augmentation du fret sur les produits en provenance d’Asie se profile à l’horizon. Votre réaction ?
Les consommateurs n’ont connu que des déboires ces dernières années et encore plus récemment. Avant, il y avait le Covid-19, ensuite la guerre entre la Russie et l’Ukraine et maintenant c’est l’augmentation sur le coût du fret. Cela devient de plus en plus dur pour certains de joindre les deux bouts.
La calamité, c’est que les consommateurs sont toujours à la fin de tout processus d’augmentation. Cela se fait par les dépenses du transitaire qui passe ses coûts à l’importateur et celui-ci augmente ses prix vis-à-vis du revendeur, et éventuellement la quasi-totalité des coûts est reflétée quand le consommateur fait ses achats.
Les médicaments, n’en parlons plus, car nous recevons fréquemment des plaintes des consommateurs que les pharmacies dans les hôpitaux n’ont pas les médicaments prescrits par leurs médecins. De fait, ils doivent s’en procurer dans les pharmacies commerciales, parfois à des prix qui sont au-dessus de leurs moyens mais l’obligation fait loi même si ça va faire un trou béant dans leur budget mensuel. J’ai fait plusieurs demandes pour une rencontre avec la ministre du Commerce et j’espère que ce sera pour très bientôt.
Que prévoyez-vous comme répercussions économiques et sociales ?
En général, les consommateurs auront à revoir leurs budgets et leurs priorités, c’est un refrain continuel auquel on s’habitue durant ces temps dits modernes. Pour les plus démunis, une situation économique déjà précaire ne peut qu’empirer avec des conséquences assez sérieuses sur le budget familial.
Dans un tel contexte, qu’auriez-vous aimé voir dans le budget comme mesures pour lutter contre la hausse du fret et la cherté de la vie ?
Je suis tout à fait conscient que les autorités n’ont pas un contrôle direct sur le coût du fret et en conséquence doivent accepter et subir, à moins qu’il y ait un alternatif, par exemple au lieu d’importer de l’Asie, chercher des pays qui peuvent nous fournir ces mêmes produits sur le continent africain si cela s’avère possible et à notre avantage, on peut considérer acheter un navire pour transporter ces produits, cela va économiser davantage d’argent.
Le coût continuera à augmenter et le tout sera répercuté sur le consommateur, qui est le dernier dans cette chaîne d’augmentations de frais. La CEA aurait souhaité voir dans le prochain budget l’application d’un maximum Mark-Up sur certains produits, tout spécialement ceux consommés par une grande majorité de Mauriciens. Ensuite, explorer les marchés alternatifs plus proches de notre île pour nos importations et augmenter la TVA sur les articles de luxe pour aider les plus démunis.
Toutes ces hausses relancent l’idée d’urgence de produire davantage localement pour réduire les importations, qu’en pensez-vous ?
La Consumer’s Eye Association l’a dit à plusieurs reprises et a même suggéré cela au ministre de l’Agro-Industrie lors d’une réunion en 2018. Six ans plus tard, nous attendons toujours. Nous pouvons encourager chaque habitant à avoir un potager personnel pour subvenir aux besoins de la famille, même ceux qui habitent dans des appartements peuvent cultiver les fines herbes.
Pour ceux qui veulent produire et vendre, leur louer un lopin de terrain à un prix forfaitaire pour une période spécifique. Bien sûr tout cela, avec des facilités pour acheter les semences accompagnées des conseils des experts dans le domaine.
Je ne crois pas que c’est vraiment très difficile pour lancer ce projet mais il faut une bonne volonté et une communication efficace pour lancer ce projet. Cela peut se faire au niveau des municipalités et conseils de district/village.
Nous devons certainement encourager davantage de Mauriciens à commencer des petites et moyennes entreprises en leur donnant des facilités et soutiens accrus. Ce qui est encore plus important, c’est que les autorités s’assurent que ce soit publié à travers tous les médias pour encourager un maximum de personnes à se lancer dans un petit business.
Malheureusement, il y a un manque de communication pour mettre l’économie bleue en pratique. Nous entendons régulièrement le même message sans suite. Les Mauriciens sont très créatifs. Pourquoi ne pas lancer à travers le ministère du Commerce l’octroi des bourses locales pour faire des recherches sur de nouveaux produits.
La FPBOU observe que l’économie est florissante, que la MRA a collecté Rs 137 milliards fin juin, contre Rs 112,2 milliards l’an dernier et que les réserves de la Banque de Maurice sont à Rs 338 milliards actuellement contre Rs 293 milliards en avril 2023. Diriez-vous que le gouvernement a de la marge pour aider les consommateurs ? Comment ?
Oui, définitivement, vu la grosse somme de TVA que le gouvernement récolte chaque année comme les chiffres le démontrent et également avec les réserves de la Banque de Maurice en hausse, le gouvernement peut et va essayer d’aider les consommateurs en cette année électorale.
Je ne doute pas que cela sera fait mais est-ce que ce seront des mesures temporaires ou cela va durer dans le temps pour vraiment aider les consommateurs, tout spécialement ceux et celles qui sont les plus démunis comme construire plus de maisons décentes pour ceux et celles qui sont sans un toit ou qui vivent dans une situation précaire.
En conclusion ?
C’est une occasion en or pour le ministre des Finances d’aider les consommateurs en général en adoptant les mesures suivantes : la nomination d’un Ombudsperson uniquement pour les consommateurs ; prévoir une nouvelle Consumer Protection Act – l’ancienne date de plus de 20 ans ; activer le e-Health System pour un suivi plus efficace des patients dans les services de la santé publique ; revoir les taxes sur l’essence et le diesel ; prévoir de construire d’autres parcours de santé à travers l’île ; mettre en place des mesures pour permettre aux consommateurs de pousser un grand ouf de soulagement.
TAKESH LUCKHO (Economiste) :« Inflation d’environ 17% ces deux dernières années »
Cela fait quatre ans que les consommateurs sont écorchés par de multiples flambées de prix dont les médicaments, et voilà qu’une nouvelle augmentation du fret sur les produits en provenance d’Asie se profile à l’horizon. Votre réaction ?
Cela fait effectivement un bout de temps que nous connaissons des flambées de prix. Il faut faire attention à la manière d’interpréter le taux d’inflation. Quand nous comparons par exemple 2022-23 et 2023-2024, le pourcentage semble à la baisse. En 2022-2023, nous avons connu un taux d’inflation de prix d’environ 10% et l’an dernier, le taux a été ramené à 6.7 % environ.
Il y a donc une perception que les prix sont à la baisse du fait que l’inflation a baissé. Or, tel n’est pas du tout le cas. Durant deux ans, les prix des denrées alimentaires comme des médicaments ont en fait subi une inflation de 17% environ. D’autant que Maurice importe ses produits de consommation. Avec l’augmentation du fret, nous nous retrouvons avec des prix qui prennent l’ascenseur.
Quelques exemples de produits très consommés par les Mauriciens : chocolat, cacao, jus de fruit etc. Quand les prix prennent leur envol et que celui du fret augmente, nous avons tendance à penser que c’est mondial et nous n’y pouvons rien. Je ne suis pas d’accord.
Que pouvons-nous faire ?
Certes, la hausse du fret est hors de notre contrôle. Mais, l’augmentation des prix n’a pas pour cause uniquement le fret. Il y a aussi la dépréciation continue de la roupie. C’est pour moi une mesure délibérée du gouvernement actuel qui avait en tête une politique de la roupie faible pour augmenter la compétitivité. Ils ont utilisé la roupie faible pour créer des fonds, soit les Special Reserve Funds en vue d’augmenter les réserves de la Banque de Maurice. Lesquelles ont servi à payer les dépenses fiscales.
Après le Covid-19, cela est devenu une pratique courante, pour payer certaines dépenses du gouvernement. Lorsque nous avons d’un côté des augmentations de fret et de l’autre une dépréciation continue de la roupie, nous nous retrouvons avec une grosse augmentation. Le consommateur se retrouve ainsi avec un pouvoir d’achat affaibli et se voit contraint de faire des sacrifices.
Pour rappel, le fret avait augmenté de 400% pour ensuite retrouver sa valeur d’avant le Covid-19. Mais, nous n’avons pas ressenti cette baisse car en même temps, la valeur de la roupie a baissé. Ce qui explique qu’aujourd’hui, beaucoup de consommateurs doivent se serrer la ceinture pour survivre.
Dans un tel contexte, qu’auriez-vous aimé voir dans le budget comme mesures pour lutter contre la cherté de la vie ?
Nous savons que ce sera un budget électoral avec beaucoup de mesures populistes visant à amadouer des électeurs de diverses catégories (fonctionnaires, jeunes, femmes, etc.). En tant qu’économiste, je tiens à souligner que rien n’est gratuit. Toute mesure populiste a
une conséquence économique. Dernièrement, il y a eu diverses allocations sociales.
La CSG Allowance par exemple n’a apporté qu’un bien-être nominal et illusoire aux consommateurs. C’est une compensation de la perte du pouvoir d’achat. Et, avec l’inflation, nous avons perdu beaucoup plus que nous gagnons avec ces allocations. Pour moi, le prochain budget devrait vraiment redynamiser l’économie du pays.
Face au problème de la cherté de la vie et du pouvoir d’achat, il y a deux façons de les traiter. Soit, on donne des allocations seulement, soit on introduit des mesures pour booster l’économie et créer de la richesse pour le pays. Parmi les mesures que je prônerais : une institution pour contrôler les prix : veiller que les prix fixés par le Marketing Board et la State Trading Corporation par exemple soient respectés et que les produits ne soient pas vendus à des prix exorbitants à travers le pays.
Par ailleurs, il ne faut pas se contenter d’accorder des allocations mais venir avec un système pour combattre l’inflation. Lors du dernier budget, on a donné des prestations sociales sans combattre l’inflation. On n’a pas étudié les alternatifs pour baisser les prix des produits importés.
Nous n’avons pas étudié la possibilité, si le fret augmentait de 400% de nouveau, de pouvoir s’approvisionner sur des marchés plus près de nous, particulièrement s’agissant des médicaments. Pour cela, il faut changer la loi pour permettre aux importateurs d’aller vers des marchés alternatifs.
Il est très important que le budget relance l’économie car les secteurs qui mènent l’économie aujourd’hui sont des secteurs non-productifs, en l’occurrence, la construction et l’IRS.
La FPBOU observe que l’économie est florissante, que la MRA a collecté Rs 137 milliards fin juin, contre Rs 112,2 milliards l’an dernier et que les réserves de la Banque de Maurice sont à Rs 338 milliards actuellement contre Rs 293 milliards en avril 2023. Diriez-vous que le gouvernement a de la marge pour aider les consommateurs ? Comment?
C’est vrai que la MRA a enregistré deux années de revenus record. L’an prochain, elle engrangera Rs 160 milliards. Cela démontre que les recettes fiscales augmentent. Les réserves de la Banque Centrale de même ont effectivement augmenté. Il faut se demander comment il y a eu cette marge de manœuvre.
C’est que pendant quatre ans, les mesures économiques ont été faites de sorte à créer cette marge de manœuvre Par exemple, les Special Reserve Funds comme j’ai expliqué plus tôt. Idem avec la dépréciation de la roupie qui a augmenté les Special Reserve Funds. C’est bien la dépréciation de la roupie qui a donné cet état florissant et non pas la performance de l’industrie touristique.
Pourquoi n’y a-t-il pas eu de mesure budgétaire pour combattre l’inflation ? L’inflation est une aubaine pour le gouvernement de collecter des Inflation Taxes qui ont donné lieu à ces sommes record. Il y a aujourd’hui un War Chest à la disposition du gouvernement pour se montrer généreux lors du prochain budget.
Une fois de plus, il nous faut être très prudents car un budget très populiste donnera de l’argent aux gens mais les électeurs doivent réaliser qu’il y aura un sentiment de plus d’argent mais les prix ne vont pas baisser. La situation ne va pas s’améliorer.