Une hausse de Rs 1,40 du prix du pain maison de 100 g est réclamée par l’Association des propriétaires de boulangeries (APB) en marge de la présentation du budget 2024-2025, prévue vendredi. Si la demande est acceptée par le gouvernement, le prix du pain maison devrait passer ainsi de Rs 2,60 à Rs 4. L’association justifie cette augmentation par plusieurs facteurs, notamment la hausse des salaires depuis janvier dernier, la majoration des tarifs d’électricité, le prix des intrants et des pièces de rechange, ainsi que la réticence des institutions bancaires à accorder des découverts aux boulangers.
Le président de l’APB, Nasser Moraby, soutient que la situation financière des boulangeries est dans le rouge. Preuve en est, dit-il, qu’une vingtaine de boulangeries enregistrées dans l’association ont déjà mis la clé sous le paillasson, dont certaines très connues, à l’instar de Pain des Îles et La Cheminée. « La hausse des tarifs d’électricité nous fait un tort immense. La facture de courant a presque doublé. Letan ou get ou Bill lalimier, ou leker kapav arete », dit-il.
« Si le gouvernement ne vient pas de l’avant avec une hausse du prix du pain, nous comprendrons qu’il pousse les boulangers à fermer boutique », fait-il ressortir en ajoutant que la dernière augmentation du prix du pain remonte à 2012, lorsque le pain maison de 100 g était passé de Rs 2,50 à Rs 2,70. « Le gouvernement était alors intervenu en 2015 pour faire baisser le prix du pain maison de Rs 2,70 à Rs 2,60 »,dit-il.
Mais au prix de Rs 2,60, les boulangers, selon lui, « n’arrivent plus à sortir la tête hors de l’eau ». De fait, « on roule carrément à pertes en ce moment ». Aussi, pour améliorer le sort des boulangers, le président de l’APB demande au gouvernement de venir de l’avant avec un mécanisme ajustant automatiquement le prix du pain en prenant en considération les fluctuations des prix des intrants.
« Tout indique que la situation ira de mal en pis avec la hausse du coût du fret qui frappera le prix des intrants », dit-il encore. Il fait ressortir que l’industrie de la boulange n’arrive pas à assurer la relève. « Les boulangers doivent faire appel à des étrangers. Zordi, si Morisien pe gagn dipin pou manze, se gras a travayer etranze. »
Or, cette main-d’œuvre coûte cher, poursuit-il. « Les boulangers investissent gros dans l’importation de main-d’œuvre, en provenance notamment du Bangladesh. Mais parfois, cette main-d’œuvre est instable, et du jour au lendemain, elle peut disparaître dans la nature, vous laissant sur le carreau », fait-il remarquer. Aussi l’association suggère-t-elle au gouvernement la création d’une école de boulangerie. « Si nous formons des boulangers mauriciens, les propriétaires de boulangeries n’auront plus besoin d’avoir recours à la main-d’œuvre étrangère », reprend le président de l’APB.
Nasser Moraby fait remarquer qu’avec la dévaluation de la roupie et les effets de la pandémie de Covid-19, le coût de production des boulangers a pris l’ascenseur. « C’est la seule industrie à laquelle le gouvernement ne rend pas justice. Lorsque nous présentons notre dossier aux autorités, il n’est jamais traité dans des délais raisonnables. D’ailleurs, jusqu’à maintenant, on n’a pas invité l’association aux consultations prébudgétaires», s’indigne-t-il.
D’où la demande de l’APB d’un mécanisme permettant d’ajuster le prix du pain. Exercice qui pourrait se faire « chaque année ou tous les deux ans », selon son président. « C’est facile à faire, car l’industrie de la boulange est quasi nationalisée. Tout est fixé, que ce soit la main-d’œuvre, la farine, le prix du pain, etc. »
D’où sa question : « Pourquoi ne pas doter la boulange d’un mécanisme semblable à celui-ci qui contrôle les prix des carburants ? »
Pour conclure, il résume les demandes de l’association : « dans le cadre du budget, nous souhaitons que le gouvernement amène une hausse du prix du pain reflétant nos coûts réels. Nous réclamons aussi des facilités hors taxe pour l’achat de véhicules neufs afin de transporter le pain. Le public sait pertinemment dans quel état sont ceux qui sillonnent actuellement l’île. »