Rapports et témoignage du professeur Christian Doutremepuich admissibles devant les jurés
Le juge Lutchmyparsad Aujayeb a rendu son ruling, hier : le témoignage du professeur Christian Doutremepuich, qui avait effectué une analyse ADN dans le cadre de cette enquête, est admissible devant les jurés. Le témoin a expliqué que l’ADN de Bernard Maigrot a été retrouvé sur deux draps qui contenaient de nombreuses traces de sang de Vanessa Lagesse, couverture qui était au domicile de cette dernière à Grand-Baie.
Dans son Ruling, le juge Lutchmyparsad Aujayeb a fait ressortir que le juge Benjamin Marie Joseph avait ordonné l’exclusion de ces preuves en 2022. Toutefois, le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) pouvait, d’après ses prérogatives constitutionnelles, reloger cette affaire en Cour. De ce fait, l’ancien ruling est rendu caduc, et n’est nullement contraignant pour ce présent procès.
Le juge a aussi retenu que la police avait fait plusieurs tentatives pour communiquer au prévenu les nouvelles preuves contre lui, y compris un des rapports du professeur Doutremepuich en 2022. Les échéances pour qu’il se rende aux convocations de la police avaient même été étendues. Toute opportunité lui a été offerte pour contester ces preuves, et c’était lui qui avait choisi de ne pas se rendre aux convocations de la police. Il avait même retenu des experts dès 2014, ce qui implique qu’il était parfaitement au courant des preuves contre lui. De ce fait, l’accusé ne pouvait venir dire qu’il n’avait pas eu le temps de préparer adéquatement sa défense face à ces nouvelles preuves.
De ce fait, il n’y a eu aucune violation des droits constitutionnels de Bernard Maigrot, dont sous la section 10 de la Constitution, qui fait état que tout accusé doit jouir d’un procès équitable en étant informé « as soon as practicable » des preuves qu’il y a contre lui.
Une fois que le juge a rendu son Ruling, un lien vidéo a été établi avec le professeur Doutremepuich, qui témoignait à partir de la Cour d’appel de Bordeaux. Il a été interrogé pendant toute la journée d’hier par Me Darshana Gayan, représentante de la poursuite.
Divers tests biochimiques
Darshana Gayan a abordé le premier rapport compilé par Doutremepuich en 2009. Ce dernier a expliqué les divers tests biochimiques effectués à la recherche de sang, de sperme, de cellules ou d’éléments pileux.
Me Gayan : Avez-vous examiné la pièce à conviction libellée KV1 ?
Pr Doutremepuich : C’était un drap qui contenait de nombreuses traces de sang. Nous avions sélectionné trois de ces traces. À partir d’un échantillon du sang de Vanessa Lagesse, nous avions pu déterminer que ces trois traces de sang correspondaient à son sang. […] Dans un angle du drap, il y avait l’ADN de Vanessa Lagesse. À l’angle opposé, il y avait un mélange d’ADN, masculin et féminin, dont celui de Vanessa Lagesse. L’autre personne ne correspondait pas aux profils qu’on nous avait envoyés. Nous n’avions pas à ce moment un échantillon d’ADN de comparaison pour Bernard Maigrot.
Le professeur s’est ensuite étendu sur son deuxième rapport, compilé en 2010. Il a expliqué que son laboratoire avait reçu un échantillon du sang de Bernard Maigrot le 26 juillet 2010.
Pr Doutremepuich : Dans le précédent rapport, celui en date du 22 mai 2009, nous ne savions pas à qui ce profil correspondait. Mais en 2010, une fois que nous avions le profil de Bernard Maigrot, cela correspondait. Sur le drap libellé KV1, il y avait de l’ADN en mélange de Vanessa Lagesse et de Bernard Maigrot.
Me Gayan devait plus tard aborder une autre pièce à conviction, envoyée au Pr Doutremepuich, un autre drap qui contenait des traces de sang, libellé PM14.
Me Gayan : Donnez-nous une synthèse de vos résultats.
Pr Doutremepuich : Il y avait d’autres traces de sang sur la pièce à conviction PM14. Il y avait un mélange d’ADN, masculin et féminin. Des cellules épithéliales avaient été retrouvées, dont l’ADN correspondait à celui de Bernard Maigriot.
Les deux draps ont été montrés aux jurés. Me Gayan a continué à passer au crible divers aspects techniques des rapports du Pr Doutremepuich.
La séance reprend aujourd’hui à partir de 10 heures.

