Vingt et un ans après le meurtre non résolu de Nadine Dantier, les enquêteurs tentent de relancer l’affaire. Bernard Perrier, un habitant de Flic-en-Flac, qui a habité Albion dans le passé, a été entendu pour la première fois vendredi dernier par la Major Crimes Investigation Team (MCIT). Et hier, il a de nouveau été interrogé par la police en présence de son avocat. À ce stade de cette nouvelle enquête de la police, il a pu rentrer chez lui sans être inquiété. Un appel à témoins, avec une prime financière à la clé, a été lancé par la police le 24 juin dernier.
Lors de son interrogatoire aux Casernes centrales, Bernard Perrier était accompagné de Me William de Robillard, son avocat. La MCIT lui a demandé de nommer tous ses amis et leurs adresses. Il a répondu qu’il n’avait plus d’amis, et seulement des connaissances, qu’il salue en allant à la boutique ou sur le chemin.
La police a également cherché à savoir si la famille qui porte le même nom que lui et résidant Albion était ses proches, et s’ils pouvaient les nommer et dire où ils habitent. Ce à quoi il a répondu qu’il n’avait jamais établi son arbre généalogique et qu’il ne les connaissait pas.
Par contre, le suspect a évoqué une altercation avec un Français prénommé François, qui aurait saccagé sa maison et insulté son père ainsi que le contracteur ayant construit sa maison. Il précise que François, ancien manager du Mug, croyait être le grand manitou, et que le suspect lui avait montré de quel bois il se chauffait et l’aurait remis à sa place.
Lettre anonyme et accusations
D’après les informations obtenues, le commissaire de police aurait accusé réception d’une lettre anonyme dactylographiée datée du 18 juin dernier, et dans laquelle un certain François prétendait que le suspect était venu prendre une douche chez lui avec des vêtements couverts de boue. Il lui aurait aussi demandé d’enterrer ces vêtements dans la cour. Il est en outre mentionné dans la lettre que le suspect avait refusé de participer à un test ADN à l’époque du meurtre.
La police aurait également tenté de faire le suspect signer une déclaration affirmant qu’il était le voisin des Dantier. Ce qu’il a refusé, précisant qu’il habitait à des kilomètres de leur demeure. Il indique que la presse a toujours fait mention que Nadine Dantier avait été tuée à 400 mètres de chez elle et que le lieu du crime est un secret de polichinelle à Albion.
Contrairement à sa première comparution, le suspect a finalement donné ses empreintes et un échantillon de salive sur les conseils de son avocat, car un refus aurait entraîné une ordonnance du juge pour les obtenir. Il a pu regagner son domicile sans objection, mais doit rester à la disposition de la police à tout moment.
Il affirme au Mauricien avoir habité à Albion de 2001 à 2009, alors que le crime a eu lieu en 2003. Il a expliqué à la police que le dénommé François n’a loué sa maison qu’à partir de 2013, ce qui renforce l’incohérence des accusations portées par ce témoin.
Au Mauricien qui l’a contacté, Bernard Perrier s’interroge sur l’origine de cette lettre anonyme reçue par la police, se demandant si elle provient de François, de ses ex-amies, des employés du Mug, ou d’une fabrication des autorités pour lui nuire. Il suspecte être sous surveillance des autorités et cite une série de mésaventures suspectes qui lui est arrivée ces derniers temps, se demandant si celles-ci ne sont pas liées et s’il n’était finalement pas « le nouveau Comte de Monte-Cristo », c’est-à-dire victime d’une machination de personne jalouse de sa vie.