Éducation Secondaire — Financement : La FOM conteste les chiffres des subventions publiés par la PSEA

Toutes les allocations auxquelles ont droit mensuellement les collèges privés rendues publiques Les Managers déplorent le fait que la PSEA n’ait pas également mentionné les sommes déduites

La Federation of Managers des collèges privés est montée au créneau pour dénoncer la démarche de la Private Secondary Education Authority (PSEA), en publiant les montants des subventions alloués aux collèges. Les Managers affirment avec force que ce tableau ne reflète pas la réalité, car la PSEA effectue des déductions au titre des Unallowed Items. Ainsi, certains collèges n’ont reçu seulement 50% des sommes auxquelles ils ont droit. La FOM invite ainsi la PSEA à publier également les montants déduits des allocations et surtout, à dévoiler si ces fonds ont été retournés au ministère des Finances ou sont restés dans les caisses de la PSEA.

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Ramdass Ellayah, président de la FOM, s’étonne que la PSEA s’appuie sur les instructions du ministère des Finances, datant de 2014, concernant l’Administration of Government Grants, pour publier les montants de la subvention aux collèges privés, dans le cadre de l’éducation gratuite. « Il semble que le directeur de la PSEA s’est réveillé après 10 ans, pour réaliser qu’il fallait publier les comptes », dit-il en s’interrogeant au sujet de cette démarche.

De plus, selon le président de la FOM, les chiffres figurant dans le document mis en ligne par la PSEA ne correspondent pas à ceux versés en banque. « Pour un collège comme le Bhujoharry, avec 700 élèves, je devais avoir Rs 9 millions pour la période de juillet 2023 à juin 2024. En réalité, je n’ai reçu que Rs 5 millions. Il y a eu une déduction de presque 50% », ajoute-t-il. De ce fait, il estime que l’information communiquée par la PSEA est erronée et tend à faire croire au public que les collèges privés touchent beaucoup d’argent de l’État.

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Ramdass Ellayah avance que si le montant de la Compensation for Use of School Premises, soit l’argent du propriétaire, est exclu, il ne reste pas grand-chose pour les opérations du collège. « Nous sommes en train de travailler un tableau comparatif et nous allons démontrer, en réalité, combien d’argent les collèges privés ont reçu de la PSEA », indique-t-il.

De même, il avance que le paiement du Per Capita Grant, annoncé dans le budget 2024-25, n’a pas encore été effectué à ce jour. Cela, en dépit d’une rencontre avec le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui avait affirmé que le nécessaire allait se faire rapidement. « Je me demande si le ministère de l’Éducation et la PSEA respectent les directives du ministère des Finances », devait-il ajouter.

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Mike Phanjoo, le vice-président de la FOM, considère « navrant » d’avoir à dénoncer la façon de faire de la PSEA. « Si l’autorité voulait jouer la carte de la transparence, elle aurait dû ajouter une colonne à côté de chaque item, pour indiquer le montant versé exactement, de la somme à laquelle nous sommes éligibles. De même, il faudrait ajouter une colonne pour le nombre d’élèves dans chaque collège et la somme donnée », explique-t-il.
Il confirme que la majorité des collèges privés n’ont eu que 40% à 50% du montant du Grant auquel ils sont éligibles. « De plus, pour l’année scolaire en cours, nous n’avons reçu de l’argent que jusqu’au mois d’avril. Nous sommes actuellement en août et nous attendons toujours pour les quatre autres mois. Comment allons-nous procéder pour les dépenses ? » dénonce-t-il.

Oodesh Bhowon, Manager de Universal College, Rivière-du-Rempart, souligne que la PSEA a une longue liste de Non-Allowed Item. « Si un collège veut acheter une imprimante 3D pour les classes de Design and Technology, ce n’est pas possible. De même pour un projecteur. C’est également le cas pour l’entretien des équipements et des infrastructures »,

De plus, précise-t-il, les dépenses dans certains cas sont limitées par la PSEA. « Par exemple, nous ne pouvons dépenser plus de Rs 25 000 pour un Sports Day. Comment faire alors pour respecter le nombre de médailles à attribuer ? De même, le transport mensuel pour les démarches administratives est limité à Rs 2 600 sans prendre en considération l’emplacement géographique des différents établissements », devait-il s’appesantir.
Le Dr Jimmy Harmon, directeur adjoint du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC), invite la PSEA à jouer la carte de la transparence. « S’il y a eu des manquements de la part de certains collèges, l’autorité doit prendre des sanctions et non pas jeter le blâme sur tout le monde », laisse-t-il entendre, tout en revenant sur des retards conséquents dans le paiement des salaires. « Il y a des recrutements à faire dans certains collèges, mais qui va venir travailler si le salaire sera versé après trois mois ? Et on ose venir dire qu’il y a Poor Planning de la part des Managers », s’interroge-t-il.

Le Révérend Bryen Adeline, Manager de la St Andrews School, indique, si besoin est, que cet établissement offre un service d’éducation depuis 81 ans. « Nous sommes la première école mixte et nous avons donné au pays de nombreux jeunes formés avec accent sur le développement holistique. Nous sommes restés fidèles à notre mission jusqu’ici », confie-t-il.

Toutefois, il appelle au respect mutuel et à la confiance. « Il y a comme un sentiment de méfiance et cela provoque de la frustration. Nous avons l’impression qu’on nous traite comme des enfants », laisse-t-il entendre. Il dénonce lui aussi des « inexactitudes » dans les chiffres publiés par la PSEA.

« De janvier à juillet 2024, le St Andrews aurait dû recevoir Rs 6,1 millions. Mais nous n’en avons reçu que Rs 2,3 millions, soit 39% seulement. Il y a un manque de communication et de transparence », fait-il valoir.

Le Révérend Adeline estime que toutes les contraintes imposées par la PSEA représentent une « menace à l’autonomie » des collèges privés. « Nous avons la volonté de continuer à travailler avec le gouvernement pour offrir une éducation de qualité à nos enfants. Cependant, cela doit se faire dans le respect mutuel et la transparence. Ce qui est plus affligeant, c’est que la PSEA cache son vrai visage et refuse de communiquer de manière civilisée en face à face avec ses collaborateurs », maintient-il.

La FOM a également mis en garde contre l’école unique. Elle a lancé un « appel pressant à la classe politique contre ce danger qui nous menace ». Le Dr Jimmy Harmon fait ressortir que quand l’école fonctionne « au gré d’une administration centralisée, cela ne laisse pas place à la diversité. »

Analysant les instructions du ministère des Finances, Bashir Taleb, Manager de l’Islamic College, fait ressortir qu’en réalité, c’est la PSEA qui aurait dû publier ses comptes et non pas les collèges privés. De même, il se demande où est l’argent que la PSEA a déduit des allocations des collèges privés ? « Étant donné que cet argent avait déjà été Budgeted, nous aurions aimé que la PSEA nous éclaire, en disant le montant déduit de la somme attribuée aux collèges privés et qu’en a-t-elle fait ? Ces fonds sont-ils retournés au ministère des Finances ou sont restés dans les caisses de la PSEA ? », maintient-il.

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Un budget de Rs 630 M pour 2023-2024

La PSEA a rendu publics les montants des allocations allouées aux collèges privés mensuellement. Selon ce tableau mis en ligne le 24 juillet dernier, la PSEA a reçu un budget de Rs 630 millions à l’item Management Grant to Private Secondary Schools pour l’année financière 2023-2024.

Le montant attribué à la Compensation for Use of School Premises varie de Rs 2 365 à Rs 750 000. L’Alpha College, à Port-Louis se retrouve avec la plus petite somme étant donné qu’il s’agit d’une infrastructure de location. Le collège avec la somme la plus conséquente est le Collège de Lorette de Port-Louis. C’est d’ailleurs le seul établissement sur les 82 répertoriés, avec une compensation mensuelle de Rs 750 000 pour l’utilisation de ses infrastructures.

Selon le Comprehensive Grant Formula 2024-25, la compensation mensuelle pour Use of School Premises est de Rs 350 000 à Rs 750 000 par mois. Toutefois, d’après la liste de la PSEA, plusieurs collèges tombent sous la barre des Rs 350 000. À titre d’exemple, le Nelson College est à Rs 30 000, le St Bartholomew’s à Rs 50 000 et Renascence College à Rs 120 000. Tous ces collèges sont aussi dans des bâtiments de location et la PSEA compense selon le montant de la location.

Par ailleurs, d’autres établissements tombent aussi sous la barre des Rs 350 000, d’après l’évaluation de la PSEA. Par exemple, les collèges Bhujoharry de Quartier-Militaire et de Rose-Belle sont compensés à hauteur de Rs 105 000 et Rs 227 666.67 mensuellement, respectivement, tandis que le Bhujoharry de Pointe-aux-Sables est évalué à Rs 350 000. Les montants sont calculés sur la base d’une évaluation des infrastructures par la PSEA.
Des collèges bénéficient également de compensation à ce même item entre Rs 400 000 et Rs 600 000, le collège de La-Confiance, le DAV College Morcellement St André, Islamic Cultural College, le Collège de Lorette de Curepipe ou encore, Keats College, qui sont à Rs 400 000. D’autres, comme le Collège de Lorette de Rose-Hill, Hindu Girls College, Imperial College, Doha Secondary School ou Collège du Saint Esprit, sont à Rs 600 000.

Dans la pratique, la Compensation for Use of School Premises est destinée aux propriétaires des immeubles, une formule de paiement de location. D’autres sommes sont prévues pour les opérations des collèges. Selon le document de la PSEA, est aussi versé un Managerial Grant, variant de Rs 40 000 à Rs 51 000, dépendant du nombre d’élèves. Techniquement, c’est le salaire du Manager.

Ensuite, il y a les dépenses administratives courantes. À ce tableau, les chiffres sont très variables, allant de Rs 57 201.83 pour Alpha College à Rs 107 897.33 pour le BPS Fatima, ou encore, Rs 301 597.33 pour le Hamilton College de Mahébourg. Une autre allocation mensuelle pour les opérations est attribuée sous les Non-Recurrent Expenses. Le tableau de la PSEA indique le même chiffre applicable pour les dépenses administratives que pour les Non-Recurrent Expenses.

En gros, chiffres publiés par la PSEA avancent que certains collèges peuvent avoir droit à des allocations totalisant entre Rs 157 298.66 (Alpha College) et Rs 1 316 109 (Hindu Girls College et Imperial College). Ces deux collèges se retrouvent avec la plus forte somme car même s’ils sont évalués à Rs 600 000 pour la Compensation for Use of School Premises, contre Rs 750 000 pour le Collège de Lorette de Port-Louis, leurs allocations pour les dépenses administratives et les Non-Recurrent Expenses sont plus élevées, soit Rs 664 734 (Rs 332 367 x 2), chacun, contre Rs 485 809 (Rs 242 904.50X2), pour le Collège de Lorette de Port-Louis.

Toutefois, les Managers contestent ces chiffres car selon eux, la PSEA procède à des déductions pour des Unallowed Item.  En effet, les collèges doivent soumettre leurs listes de dépenses, avec reçus, pour bénéficier des fonds au titre des Administrative Expenses et Non-Recurrent Expenses avec des déductions du Grant pour des dépenses, qui ne sont pas autorisées.

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