En vue de faire face à la hausse du coût de la vie, le président de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), Reeaz Chuttoo, a proposé une nouvelle formule pour le paiement d’un 14e mois de salaire aux travailleurs. C’était hier lors d’une conférence de presse au siège de cette confédération, à Rose-Hill.
« Les débats ont démarré au Parlement sur la nécessité de payer un 14e mois pour amortir la hausse du coût de la vie. En tout cas, aucun syndicat du pays n’a fait cette revendication », soutient-il. En contrepartie, il propose au gouvernement une formule pour calculer le 14e mois de salaire.
« Notre formule est simple. Ziska Rs 50 000 nou propoz olie pey enn douziem, enn witiem lor yearly total earnings. Rs 50 000 ziska Rs 100 000, CTSP propoz lepeyman enn diziem lor total earnings. Finalman, lao Rs 100 000, nou gard li enn douziem. Se enn fason plis onet ou pe montre travayer ou pe ogmant so boni fin dane », avance Reeaz Chuttoo. « 14e mwa ki pe debat dan Palman, se zis enn one-off pou 2024. An 2025, riske trouve skelet dan so plakar », ajoute-t-il.
D’où l’importance selon lui de revoir la formule de paiement du boni de fin d’année, « car tous les prix ont augmenté et 80% des petits travailleurs comptent sur le boni de fin d’année pour acheter du matériel scolaire pour leurs enfants. Anou donn zot enn sipor. Anou ogmant bann boni defin dane », poursuit-il.
Reeaz Chuttoo indique que le secteur privé est en faveur du paiement d’un 14e mois de salaire et que « Business Mauritius a pu servir sa monnaie d’échange pour discuter de compensation salariale ». Il ajoute : « mo pa trouve ki travayer pou gagn mwins ki Rs 1 000 an zanvie kom konpansasion.»
Le président de la CTSP est d’avis que 75% des femmes travaillent dans le secteur des services et qu’elles ne sont pas couvertes par des Remuneration Orders (RO). « Ces femmes sont embauchées sur la base du salaire minimal et il n’y a aucun accord collectif qui réglemente leur emploi. Tout dépend ainsi du bon vouloir de leurs employeurs pour leur accorder une hausse salariale » , prévient-il.
Une enquête menée par la CTSP a démontré que lorsque le salaire minimum était fixé à Rs 12 075, certains, après dix ans de service, percevaient de Rs 15 000. « Maintenant, leur salaire touche la barre des Rs 16 500 », dit-il. Aussi la CTSP fait trois propositions au ministre du Travail, Soodesh Callichurn. À commencer par venir de l’avant avec une formule pour réglementer la situation. « Depuis 1995, le gouvernement encourage le secteur des services à se développer. Mais la politique économique du pays, c’est d’encourager le développement industriel. C’est ainsi que, petit à petit, les usines ont commencé à délocaliser leurs opérations, voire tout simplement fermer leurs portes », fait-il ressortir.
La deuxième demande de la CTSP concerne la catégorisation par corps de métier. Il serait en effet injuste, selon la confédération, d’appliquer « la corrélation sur les RO ». Le syndicaliste explique : « Il faut un système qui couvre tous les employés. »
Pour autant, dit-il, dans le secteur public, la situation est tout autre. « Lorsque le Pay Research Bureau publie son rapport, plus probablement cette fois avant les élections, on applique le système de Reestablishment of Real Wage. »
La troisième proposition concerne les détenteurs de diplôme, où le salaire est frappé par un subside pour ceux percevant jusqu’à Rs 25 000. « Il n’est pas normal qu’avec le principe de Reestablishment of Wages, un employé de PME finisse par toucher un salaire de Rs 17 000, soit un peu plus que le salaire minimum. » Reeaz Chuttoo demande ainsi au gouvernement de faire preuve d’indulgence vis-à-vis des travailleurs du secteur privé.
En ce qui concerne la marche de protestation prévue pour demain dans les rues de Rose-Hill, le syndicaliste déclare que celle-ci « a sa raison d’être ». La CTSP a en effet décidé de descendre dans la rue car étant en désaccord avec la décision du gouvernement visant à permettre aux agents recruteurs de devenir des employeurs pour louer leurs services aux entreprises. « Li pou fer seki nou apel Labour Trading », estime-t-il.
La section 5 de la loi sur la santé et la sécurité souligne qu’il est de la responsabilité des employeurs d’assurer que l’environnement de travail de l’employé soit sans risque, dit-il. « Cette section s’appliquera à qui dans ce contexte ? Sur celui qui a loué les services d’un travailleur ou celui qui se sert de ce travailleur ? » s’est-il demandé. Si le gouvernement ne rectifie pas le tir, la CTSP organisera d’autres manifestations après celle de samedi.