Comment peut-on évoquer le deuxième temps de la valse du changement depuis le scrutin du 10 novembre 2024 si l’on ne se met pas d’accord sur ce que fut le premier ? Bien évidemment, depuis son installation à l’Hôtel du Gouvernement, l’Alliance du Changement a privilégié l’urgence de s’engager dans le processus de consolidation du cadre démocratique gangrené après dix ans marqués par latitid atann, ou pou gete.
D’abord, la prime de confiance constitutionnelle placée dans les institutions, que ce soit le poste de Directeur des poursuites publiques ou celui du commissaire de police, était minée. Ou si vous voulez le terme kreol morisien, karyate. Des mesures ont été initiées pour renverser la vapeur avec les attributions du DPP définies en des termes au-dessus de tout soupçon. L’abrogation des Regulations sur le réenregistrement des Sim Cards a apaisé un front d’énervement au sein de la population, craignant une dérive incontrôlée du système Big Brother is Watching You. Ou encore le Nomination Day de samedi pour les élections municipales, prises en otage pendant les dix dernières années par une approche débordante d’arrogance et de géométrie variable au gré des maîtres du jour pour délimiter l’espace démocratique.
Intrinsèquement, le droit de vote pour le choix des conseillers municipaux a été restitué aux citadins, au nombre de plus de 400 000, soit presque deux électeurs sur cinq dans les registres de la Commission électorale. Si cette démarche ne se résume pas à faire de la politique autrement que ce qui s’est passé au cours des dix dernières années, alors il faudra de nouveau reprendre le chemin du Royal College Curepipe, Alma Mater choyée de certains, ou encore des amphithéâtres de la London School of Economics. N’en déplaise à celui-là.
En démocratie, le choix s’exerce en âme et conscience. Des partis politiques ont fait le choix de l’abstention après dix ans de contrôle dans les villes. Les élections constituent le test du bilan. Peut-être que du côté du MSM, le leader a mis à exécution sa déclaration en date du 30 octobre 2024 lors de la campagne pour les législatives : « Si mo pa amenn 3-0, li ve dir monn fel kom enn lider. Si mo fel, mo pou ale. » Mais ce n’est pas si sûr. Les clés du QG du Sun Trust sont toujours entre les mains de l’héritier politique de sir Anerood Jugnauth. S’il vous plaît ! Aucune allusion quant au Luggage Tracker des valises, qui fait encore l’objet d’une enquête de la part de la Financial Crimes Commission.
Le dimanche 4 mai, soit dans quatre semaines, l’électorat urbain choisira des équipes pour insuffler un nouvel élan à la démocratie régionale. De par leur absence, les partis de l’opposition, dont ceux faisant partie du gouvernement sortant, se sont déjà infligé Proprio Motu, la sanction suprême en démocratie. Mais force est de constater que les mauvais perdants avant le match tenteront de s’agripper au mouvement des électeurs le jour du scrutin pour croire pouvoir se justifier.
Le rendez-vous du 4 mai demeure la confirmation que ce premier temps de la valse du changement se conjugue à la reconnaissance et à la protection fondamentale de l’individu en démocratie. Le reproche qui peut être retenu est le fait que les dessous des Misie Moustass Leaks, avec de graves atteintes à la liberté d’expression, ont été relégués au second plan. Pour ne pas dire aux oubliettes.
Et ce deuxième temps de la valse ne peut être qu’économique. Un volet qui s’annonce semé d’embûches. Les premiers indices, dont la montagne de la dette à plus de Rs 640 milliards, ont déjà été disséminés et devront continuer de dominer l’actualité avec la série de consultations prébudgétaires, lancées officiellement jeudi dernier.
La mission du Fonds monétaire international est actuellement en pleine consultation dans le cadre des Article IV Consultations avec les principaux Stakeholders. Le point de presse prévu en fin de semaine, animé par le FMI, s’avère crucial pour mieux appréhender les recommandations à venir. Sans devenir le suppôt de cette agence de financement international, l’Hôtel du Gouvernement se penchera sur ses Findings devant intervenir presque au même moment que la présentation du prochain budget.
Un facteur économique exogène avec des Far Reaching Consequences hante depuis le week-end dernier non seulement l’économie mauricienne, mais également le monde entier, même des îlots, habitats des manchots. La surtaxe douanière imposée par le président des États-Unis, Donald Trump, avec Maurice dans le groupe des pays les plus pénalisés, soit à hauteur de 40%, n’a pas encore révélé tous ses secrets. Les exportations de Maurice sur le marché américain devraient en souffrir. Et les incertitudes qui planent sur le sort de l’Africa Growth and Opportunity Act en préoccupent plus d’un opérant dans le secteur des Export-Oriented Enterprises.
Et au cœur de chaque ménage au quotidien, le cancer de la hausse des prix des denrées de première nécessité continue de ronger le pouvoir d’achat. Vient s’y greffer la rupture avec la tendance à la consommation et aux Allowances. Comme pour dire que le cocktail économique du deuxième temps de la valse du changement comporte des éléments à haut risque à gérer…