Éducation : Plus de 200 propositions à digérer pour réformer le système

Le rideau est tombé sur les Assises de l’éducation, jeudi après-midi. Sentiments de satisfaction pour certains, frustration pour d’autres, pendant trois jours, les acteurs ont débattu sur les différentes manières d’améliorer le système et de surmonter les problèmes. Le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad a fait ressortir que les consultations ne s’arrêtent pas là. Il est revenu sur les différents thèmes ayant retenu l’attention, dont une attention particulière à ceux ayant des difficultés, l’indiscipline, la formation des enseignants et le bien-être des élèves, entre autres.

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Vers un modèle éducatif à visage humain. Tel était le thème des Assises de l’éducation tenues du 15 au 17. Il y a eu plus de 200 propositions soumises au ministère dans le cadre de ces consultations nationales. Les cinq secteurs, à savoir, le préscolaire, le primaire, le secondaire, le Special Education Needs (SEN) et le Technical and Vocation Education Training (TVET), étaient réunis séparément et ont émis leurs suggestions, selon les thèmes établis. Cette organisation a donné lieu à quelques grincements de dents. Plusieurs participants ont dit leur déception de n’avoir pu exprimer leurs points de vue ou d’avoir été mis devant des faits accomplis…
Une frustration qui a fait écho chez le ministre Gungapersad, qui a commencé son discours de clôture, en présentant des excuses. « Il y a ceux qui n’ont pu prendre la parole, ceux qui n’ont pas eu d’invitation…, je vous présente mes excuses », a-t-il dit. Il a donné l’assurance que les consultations ne s’arrêteront pas là. « It’s an ongoing dialogue », a-t-il poursuivi, indiquant que les propositions peuvent toujours être transmises au ministère.
Le travail commence maintenant, a indiqué le ministre, car il faudra faire la synthèse de toutes les suggestions et proposer des mesures à court, moyen et long termes. « Comme nous l’avons déjà dit, nous voulons un modèle éducatif à visage humain. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de rencontrer les jeunes et d’écouter leurs voix. Je suis impressionné par la qualité de leur contribution », avoue-t-il.
Plusieurs thèmes sont revenus régulièrement lors de ces Assises. Le ministre a donné l’assurance que des solutions seront trouvées rapidement. « Il y a le problème de bullying, de drogue et d’indiscipline, vous avez eu l’occasion d’en discuter et il y aura des mesures qui seront appliquées. Toutefois, je tiens aussi à faire ressortir que la majorité de nos élèves se comportent bien », précise-t-il.
Il s’est appesanti sur la nécessité de s’investir dans le secteur SEN, car les enfants à besoins spéciaux font partie intégrante du système et il faut leur donner toute l’attention nécessaire. « Où vont nos enfants des écoles SEN après 20 ans? », s’est-il demandé. Il a ainsi annoncé qu’un cadre légal sera élaboré en vue de leur permettre de rester à l’école après cet âge.
Dans la foulée, Mahend Gungapersad a eu une pensée pour tous les jeunes qui, jusqu’ici, étaient en situation d’échec, avec l’Extended Programme : « Nous sommes venus avec le Foundation Programme in Literacy, Numeracy and Soft Skills à partir de janvier de cette année. Il faut donner du temps à ce programme. En même temps, j’invite les enseignants à apporter leur contribution pour l’améliorer.»
Il a ainsi regretté les critiques, estimant que certains sont « impatients ». Le plus important, a poursuivi Mahend Gungapersad, est que « nous avons sorti ces enfants du chemin de l’échec ». De même, le ministre a relativisé sur l’argument que les parents n’ont pas eu droit à la parole. S’adressant aux participants, il a argué : « Mais vous êtes aussi des parents. »

Rodrigues et Agalega

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Parlant de Rodrigues, le ministre de l »Education a donné l’assurance que des Assises seront aussi organisées dans l’île, comme demandé par le chef commissaire adjoint et commissaire à l’Éducation à l’Assembmée Régionale de Rodrigues, Johnson Roussety. La spécificité de Rodrigues sera préservée, a-t-il rassuré. De même, l’archipel d’Agalega ne sera oublié lors de ces consultations. Il a annoncé l’ouverture d’un dialogue avec ceux qui y travaillent et indiqué avoir suggéré à Cambridge International Education d’y mettre un centre d’examen sur pied. « Même si nous n’avons que cinq élèves qui prennent ces examens pour Agalega, il est primordial qu’ils le fassent dans de bonnes conditions », dit-il.
L’objectif de ces Assises, a-t-il ajouté, est de rassembler les idées, pour des réformes éducatives, dans l’intérêt des enfants : « Le but, ce n’est pas de réussir les examens académiques uniquement, mais de réussir le parcours de la vie. Quand nos enfants réussissent, c’est la société qui va réussir.»
Plus tôt, le ministre avait eu des échanges justement, avec les jeunes. Ces derniers ont mis l’accent sur la nécessité d’introduire les Life Skills pour tous et plaidé pour que la santé mentale et physique des élèves soit prise en considération. Le manque d’activités extra-curriculaires dans les collèges et les problèmes liés au transport ont aussi été soulevés. Ils ont également émis le souhait de pouvoir consulter les psychologues directement, au lieu d’avoir à remplir une fiche d’autorisation des parents.
Le ministre a affirmé avoir pris bonne note des préoccupations, mais a tout de même rappelé que concernant les psychologues, la permission des parents est nécessaire, selon la loi, pour les mineurs. Il a également regretté que dans certains cas, quand les parents sont invités à venir voir le psychologue, ils ne viennent pas. Il a tenu à rassurer les jeunes que leur bien-être et leurs intérêts seront au centre de toute réforme à venir.
Concernant le personnel éducatif, il a affirmé avoir pris bonne note de leurs intérêts pour la formation, la sécurité et le bien-être, entre autres. Il a ainsi annoncé que de nouvelles consultations portant spécifiquement sur les ressources humaines seront organisées. Des amendements à la Public Officers Protection Act seront aussi envisagés, comme demandé par des participants, afin d’assurer la sécurité du personnel. De même, les recteurs ont la liberté de prendre des décisions qu’ils jugent appropriées pour leur établissement, a-t-il indiqué.

Vikash Ramdonee (UDRRU) : « Que les propositions soient considérées ! »

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« Notre Union avait des représentants dans les sept groupes de discussion pour le secondaire. Toutefois, nous n’avons pu écouter les représentants des autres secteurs, soit préscolaire, primaire, SEN et TVET, qui ont eu leurs sessions de travail séparément. Or, l’éducation doit être abordée dans sa globalité. C’est un parcours et ça commence du préscolaire à l’enseignement supérieur.
« Toujours est-il que c’est une bonne idée d’écouter les différents partenaires en vue d’améliorer notre système d’éducation. Que ce soit pour le programme, l’indiscipline et même pour les ressources humaines. Car il y a un gros problème également au niveau du HR Planning. J’apprécie que le ministre a pris connaissance de cela et qu’il a prévu des consultations spécifiquement sur ce thème, bientôt.
« Je souhaite que le ministère prenne en considération les recommandations. Car elles viennent des parties prenantes, qui auront également la responsabilité de les implémenter et qui connaissent la réalité du terrain. Pourquoi pas une autre réunion après avoir fait la synthèse, en vue de finaliser et d’apporter des ajustements.
« Car pour les présentes consultations, les thèmes étaient définis d’avance et nous n’avions pas eu beaucoup de temps pour en débattre. J’espère que nous ne nous retrouverons pas dans la même situation que par le passé, où il faudra organiser de nouvelles Assises dans cinq ans.
« Nous aurions aimé voir la vision stratégique du ministère. Car il faut une vision à court, moyen et long terme. »

Gilberte Chung (SeDEC) : « Nous espérons qu’il y aura du changement »

« À travers ces Assises, le ministre est entré en dialogue avec tous ceux qui sont concernés par l’Éducation. Il a voulu que ce soit un exercice de bottom-up et c’est très positif. Il y a pas mal de propositions qui ont émané des différents groupes de discussions dans les différentes sous-sections. L’équipe aura à travailler sur ces propositions pour le Blue Print. Nous attendons beaucoup de ces Assises. Nous espérons qu’il y aura du changement. Surtout un changement pour le bien des enfants. »

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