Il a passé près de 185 jours à tourner autour de la Terre à bord de la Station spatiale internationale (ISS), côtoyant le vide et l’infini. Et pourtant, c’est sur une petite île de l’océan Indien que le cosmonaute russe Sergey Kud-Sverchkov est récemment venu partager son émerveillement et son espoir. Invité à Maurice dans le cadre d’une initiative éducative, il a profité de son séjour pour transmettre aux jeunes Mauriciens une passion contagieuse pour la science, l’espace et l’humanité.`
« La chose la plus belle qu’on puisse voir depuis l’espace, c’est notre planète. Elle est colorée, vibrante, fragile. Quand on regarde la Terre, on ne voit pas les frontières entre les États. Au milieu de l’espace infini et sans vie, la Terre est le seul foyer de toute l’humanité », confie-t-il dans un entretien exclusif accordé à Week-End. Des mots qui résonnent, empreints d’une gravité sereine. Ce regard venu d’ailleurs est aussi un appel : « Ayant fait le tour de la Terre dans un vaisseau spatial, j’ai vu combien notre planète est belle. Peuples de la Terre, préservons et faisons grandir cette beauté, ne la détruisons pas ! », dit-il, reprenant avec émotion la célèbre phrase de Youri Gagarine, premier être humain à avoir effectué un vol dans l’espace au cours de la mission Vostok 1, le 12 avril 1961.
Si Sergey Kud-Sverchkov a la tête dans les étoiles, il garde les pieds solidement ancrés sur Terre. Avant d’atteindre l’espace, cet ingénieur de formation a suivi un parcours d’exigence et de persévérance au sein du programme Roscosmos. Il a aussi participé aux programmes d’entraînement extrême CAVES et PANGAEA de l’Agence spatiale européenne, conçus pour préparer les astronautes aux conditions martiennes et lunaires. « On s’entraîne dans des environnements analogues, comme les champs de lave de Lanzarote. Malgré son origine volcanique, Maurice est bien trop verdoyante et accueillante pour s’y prêter », sourit-il. « Et c’est tant mieux : cela en fait un lieu unique pour se ressourcer. »
Mais rien n’égale, selon lui, l’expérience de la sortie extravéhiculaire, la fameuse EVA. « C’est un moment très intense. Le vide spatial vous fait face. On ressent une poussée d’adrénaline, puis on se concentre totalement sur les tâches à accomplir. La combinaison spatiale, un vaisseau individuel de plus de 110 kg, est notre seule protection. Tout repose sur la précision et la confiance en son coéquipier. »
À 40 ans, Sergey Kud-Sverchkov prépare déjà sa prochaine mission à bord de l’ISS, prévue pour 2025-2026 : l’Expédition 73/74. Un nouveau défi tourné vers la science. « Les expériences porteront sur la biologie, la médecine, l’innovation technologique et l’observation terrestre. Cela permettra de mieux planifier les futures missions longues, notamment vers Mars. »
Au-delà des prouesses technologiques, c’est aux jeunes qu’il veut s’adresser directement. Avec une sincérité désarmante, il lance : « Les grandes réussites commencent par un rêve. Pour moi aussi, aller dans l’espace paraissait inaccessible au départ. Mais j’ai travaillé dur. Il ne faut pas avoir peur d’échouer. Il faut oser, étudier, s’engager, croire en soi. L’espace n’est pas réservé aux grandes puissances. Il fait déjà partie de notre quotidien – GPS, météo, communications… Tout le monde peut y contribuer. »
Pour Sergey Kud-Sverchkov, les rêves d’enfant peuvent devenir des missions orbitales. Et pour les jeunes Mauriciens, son message est clair : « Les étoiles sont plus proches qu’on ne le croit. »