- Le frère du suspect, Ackbar Hossenally : « Je dis un grand BRAVO aux deux victimes »
- Une fonctionnaire travaillant au bâtiment de la National Empowerment Foundation dans le viseur de l’ASP Rajesh Moorghen
- Motus et bouche cousue du côtés des autorités sur cette affaire
Une semaine après que Week-End ait présenté en exclusivité une affaire sordide de revenge porn, la réaction des autorités se fait toujours attendre. Alors que deux femmes, mères célibataires, ont pris leur courage à deux mains pour dénoncer leur bourreau, le ministère de l’Égalité des Genres et de la Protection de la Famille n’a pas daigné réagir. Un silence d’autant plus frappant que la ministre s’était récemment exprimée avec véhémence sur un autre cas de droits humains, condamnant les conditions de l’arrestation de la Tiktokeuse Izna Gulzar. Cette affaire de trafic humain et de revenge porn, surtout de trafic de mineures, laisse les autorités concernées insensibles. Pendant ce temps, l’ASP Rajesh Moorghen, responsable de l’enquête, met les bouchées doubles afin de faire la lumière sur toute cette affaire. Cette semaine, Al Madani Hossenally s’est évanouï en salle d’interrogatoire. Son frère, Ackbar Hossenally, a accepté d’exprimer, saluant au passage le courage des deux victimes présumées.
L’interrogatoire du principal suspect, Al Madani Hossenally a débuté cette semaine comme prévu. Après avoir effectué un travail minutieux et recueilli le maximum d’éléments dans cette enquête, les policiers devaient confronter le suspect à ces éléments considérés comme étant « accablants ». À peine ses droits énoncés par le responsable de l’enquête, l’ASP Rajesh Moorghen et de son équipe composée des Inspecteurs de police Noordally et Mahadoo et de la WPS Blackburn, le suspect a commencé à présenter des signes de faiblesse, avant de perdre connaissance, commençant même à convulser. Les policiers ont alors transporté d’urgence le suspect à l’hôpital Jeetoo pour y être soigné. Après avoir été examiné par un médecin, Al Madani Hossenally a ensuite été placé en détention, cette fois, à la prison d’Alcatraz se trouvant aux Casernes Centrales. Le centre pénitentiaire est connu pour être une prison de haute sécurité abritant les criminels les plus dangereux du pays.
Malgré cet événement inattendu, l’enquête de police s’est poursuivie. Cette fois, le frère du suspect, Ackbar Hossenally a été appelé à fournir des explications dans cette enquête. L’imam, dans une déclaration à Week-End, cette semaine, soutient que cette affaire lui était totalement étrangère. « Durant ces 20 dernières années, je n’ai jamais su ce qui se passait. Ma belle-sœur ne m’a jamais approché pour me raconter ce qu’elle endurait. Si j’avais su, j’aurais pris les actions nécessaires qui s’imposent. J’avais déjà reçu des appels et des lettres anonymes. Mais aucune de ces personnes ne m’a expliqué ce qui se tramait. Ces lettres disaient tout simplement : Veye, ki pe arive kot twa ! » Ackbar Hossenally dit avoir demandé aux lanceurs d’alerte de se manifester. Mais en vain.
Conscience troublée
Suivant l’arrestation d’Al Madani Hossenally, Ackbar Hossenally dit avoir décidé de tout déballer à la police, malgré les conseils d’un homme de loi qui représentait son frère. « L’avocat m’avait demandé de ne rien dire à la police. Toutefois, si j’avais suivi son conseil, je serais devenu un complice dans cette affaire. Ma conscience a commencé à me reprocher après que cet homme de loi m’avait parlé. Mais je me suis dit que je ne pouvais pas faire cela. Je sais qu’il y aura un jugement et que je devrai répondre devant la justice divine. » Notre interlocuteur va encore plus loin en affirmant que l’avocat en question a alors été écarté de cette affaire. C’est la raison pour laquelle il dit avoir coopéré avec la police dans cette enquête. « Justice denied is injustice », renchérit-il.
Au sujet de la prise de paroles des deux victimes, accusant Al Madani Hossenally de trafic humain ou encore de revenge porn, Ackbar Hossenally salue la décision de ces deux mères courageuses. « Je leur dis un grand BRAVO ». Continuant sur sa lancée, il ajoute : « C’est un cas que nous avons vu .Mais il y en a neuf autres qui sont cachés. Je tiens à lancer un appel aux femmes qui ont été victimes. Il faut que vous en parliez ! Parlez-en à vous proches et cherchez de l’aide ! »
De nouveaux suspects au cœur de l’enquête
Les hommes de l’ASP Rajesh Moorghen poursuivent leur travail. Cette fois, d’autres appareils électroniques ont été saisis, afin d’être examinés. Pour l’heure, des policiers qui avaient enregistré la première plainte de l’une des victimes au poste de police de Pailles font déjà le va-et-vient. Leurs explications sont attendues dans le cadre de cette enquête. Pourquoi n’ont-ils pas agi promptement au moment des faits ? Par ailleurs, trois autres suspects ont été identifiés dans le cadre de cette affaire. Eux aussi devront faire le va-et-vient, afin de fournir leurs explications sur leur éventuelle participation dans cette affaire de trafic humain. Deux autres femmes se retrouvent également dans le collimateur des enquêteurs. L’une d’elles est une créatrice de contenu sur le réseau social Tiktok. Elle serait l’une des complices d’Al Madani Hossenally. Une fonctionnaire opérant au bâtiment de la National Empowerment Foundation se trouve également dans le viseur de la police. Elle aurait eu une relation intime et privilégiée avec le suspect pendant de nombreuses années. Ainsi, de gros développements sont attendus dans cette enquête. D’autres arrestations sont attendues. Les comptes bancaires d’Al Madani Hossenally seront passés au crible prochainement. Affaire à suivre.
L’arrestation d’Al Madani Hossenally
Huit accusations provisoires ont été logées contre le suspect : –
1- Human trafficking
2 – Child ill treatment
3 – Causing child to be sexually abused
4 – Sodomy
5 – Revenge pornography
6 – Sequestration
7 – Conspiracy
8 – Possession of property bearing mark of government or third party
Le trafic humain, c’est quoi ?
Le trafic humain, ou traite des êtres humains, est un crime qui consiste à exploiter des personnes en les recrutant, transportant, transférant, hébergeant ou recevant par la force, la fraude ou la tromperie. Cette exploitation peut prendre diverses formes telles que l’exploitation sexuelle, le travail forcé ou le prélèvement d’organes. Selon le rapport du Département d’État américain sur le trafic humain publié en juin 2024, Maurice avait fait l’objet de critiques en soulignant que « le gouvernement mauricien n’a pas encore atteint les normes minimales pour l’élimination du trafic, mais il a fait des efforts en ce sens. »
ASP Rajesh Moorghen : un policier avec un parcours exemplaire
36 ans de service à son actif, l’ASP Rajesh Moorghen a fait ses premiers pas dans la force policière à l’âge de 20 ans. Peu à peu, il a gravi les échelons en devenant sergent trois ans plus tard, puis inspecteur de police. Ayant travaillé au sein de plusieurs unités telles que la brigade anti-drogue, Rajesh Moorghen a dû faire preuve de patience avant d’accéder au rang d’ASP. Sa nomination est survenue en août 2024. Son nom n’est d’ailleurs pas inconnu et il a même fait la une des médias, notamment dans plusieurs affaires complexes. Parmi elles, figure celle concernant le meurtre de Dana Prokesova en 2004. La victime avait été décapitée et enfermée dans un locker d’un garage se trouvant à Londres. Le principal suspect, Subodnath Dhoomun, qui était recherché, avait pris la fuite et s’était envolé pour l’Italie. Sur place, il avait réussi à se munir d’un faux passeport. Incapable de retrouver le suspect, les autorités britanniques chargées de cette affaire ont alors fait appel à la police mauricienne, puisque le suspect se trouvait à Maurice. Après un travail acharné, Rajesh Moorghen avait réussi à l’identifier dans une maison de jeux et l’avait placé en état d’arrestation. Pressé par les questions, Sailesh Doomun a fini par avouer les faits qui lui sont reprochés. L’acte de bravoure et de courage de Rajesh Moorghen avait été félicité par Scotland Yard. L’ASP Moorghen avait également été chargé de l’enquête menée sur le cas des agressions sexuelles à l’école des sourds en 2022. Le suspect, Ibrahim Sorefan, avait été arrêté dans cette affaire.
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