Fête du Travail !

— Je savais que j’avais raison quand je t’avais dit ça !
— Qu’est-ce tu avais dit comme ça ? Tu dis tellement de choses que parfois je ne retiens pas.
— Si je comprends bien, quand je cause avec toi, tu ne m’écoutes pas : on dirait que je cause dans le vide !
— Ayo, ne monte pas sur tes grands chevaux. Il ne t’arrive jamais d’oublier quelque chose ? Alors qu‘est-ce que tu m’avais dit comme ça ?
— Que plus ça allait changer, plus ça allait être la même chose !
— Tu recommences à faire ton oiseau de mauvais augure ! Tu sais bien que ce gouvernement-là vient d’arriver au pouvoir il n’y a même pas six mois, toi.
— Combien de temps il va falloir attendre pour le changement promis ? Quatre ans et demi ou carrément cinq ans ?
— Ayo, ne fais pas ton fichant avec moi, je te dis ! Quel est le dernier reproche que tu as à faire au gouvernement ?
— De me considérer comme une citoyenne de deuxième grade ou, si tu préfères, comme une Mauricienne de catégorie inférieure !
— Comment tu peux dire des choses pareilles ?! Tu sais bien que dans son programme il y a l’égalité pour tous.
— Il faut que je te rappelle que les programmes gouvernementaux ne sont pas faits pour être réalisés, mais juste pour couillonner les électeurs ?
— Ayo, tu es minente avec tes clichés ! Pourquoi tu es en colère comme ça ?
— Mais je viens de te dire pourquoi, foutour va ! Parce que ton gouvernement considère qu’il y a deux catégories de Mauriciens et, comme le précédent gouvernement, il préfère une catégorie. C’est pourquoi je te dis que plus ça change…
—… arrête de causer n’importe et dis-moi ce que tu as sur le cœur !
— Mais je viens de te le dire, foutour va !
— Mais donne-moi un exemple à la fin !
— Mais ce qui s’est passé mercredi, voyons !
— Le jour où il y a eu les grosses pluies ?
— La météo a d’abord annoncé des grosses pluies, puis des pluies torrentielles. Tout de suite on a fermé les écoles, les collèges, les universités, les garderies, etc., et puis à 8h30, le gouvernement annonce que les bureaux du secteur public sont fermés et que les fonctionnaires n’ont pas besoin d’aller travailler.
— Il valait mieux toi. Ne me dis pas que tu trouves que le gouvernement a mal fait en protégeant les fonctionnaires des pluies torrentielles et de leurs conséquences…
— Absolument pas !
— Mais alors, quel est ton problème de plusieurs catégories je ne sais pas quoi ?
— Et les employés du secteur privé, ils ne doivent pas être protégés des pluies torrentielles et de leurs conséquences, eux ?
— Mais bien sûr, toi. Enfin, voyons !
— Alors explique-moi pourquoi mercredi à 8h30 le gouvernement a fait sortir un communiqué seulement pour les fonctionnaires ?!
— Heu… écoute, sans doute parce qu’il n’emploie pas les employés du secteur privé…
—… qui eux font partie d’une autre catégorie que les fonctionnaires. C’est bien ce que j’étais en train de te dire !
— Mais tu sais bien que le secteur privé est représenté par Business Mauritius.
— Quand il s’agit de payer la taxe, directe et indirecte, les fonctionnaires et les employés du secteur privé ont les mêmes devoirs. C’est pareil pour les élections, mais en ce qu’il s’agit de fermetures des bureaux et des usines à cause des pluies torrentielles, ils ne font plus partie de la même catégorie…
—… je n’ai pas dit ça !
— En tout cas, laisse-moi te dire que dans sa manière de faire, le gouvernement donne l’impression de le penser.
— Comment tu peux dire une chose pareille ?
— Parce que mercredi, alors que le gouvernement avait, dès 8h30, fait savoir que les fonctionnaires ne devaient pas aller travailler…
—… attends un coup : le gouvernement a fait sortir un communiqué pour dire aux employés du secteur privé qu’ils pouvaient rentrer chez eux.
— Et à quelle heure il a fait sortir le communiqué pour dire que les employés du secteur public « étaient autorisés à rentrer chez eux dans les plus brefs délais ? À 11h45, plus de trois heures après le communiqué pour les fonctionnaires et alors qu’il n’y avait plus de risque de pluies torrentielles !
— Je comprends que tu sois en colère, il y a eu sûrement un problème quelque part…
—… pas du tout ! Ton nouveau gouvernement a fait exactement ce que le précédent a fait : se préoccuper d’abord des fonctionnaires et après, bien après, des employés du secteur privé ! C’est à cause de ça même que je te disais que plus que ça change…
— Ayo, arrête de répéter ça !
— Laisse-moi te dire qu’il y a des centaines de milliers d’employés du secteur public qui pensent, comme moi, que tous les gouvernements les traitent comme des citoyens de deuxième catégorie ! Ils ont apprécié d’avoir été traités comme ça par un gouvernement qui se dit « pro-travailleur ». Surtout à la veille de la fête du Travail !
J.-C.A.

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