Après trois reports au cours des dix dernières années, les élections municipales, avec un électorat potentiel de deux inscrits sur cinq au sein de la République, se sont déroulées, hier. Toute occasion offerte à l’électorat de s’exprimer, même si à Maurice, la tradition référendaire est étrangère aux mœurs politiques, ne peut que consolider le tissu de la démocratie, si souvent plus fragile que solide face aux tendances et dérives, dont le monde est témoin aujourd’hui. Ne vous trompez pas ! Dans sa sagesse, l’électorat des villes a fait son choix. D’abord, le fort taux d’abstention, avec les Writings on the Wall, compte tenu du précédent du 27 octobre 1991, soit une pointe de 77,19%, suscite interrogation. Ainsi, la moyenne d’abstention dans les cinq villes s’élève à 73,75 %, en régression de quatre points. L’honneur est, semble-t-il, sauf. Mais comme dit l’Anglais, The Die is Cast. Nul n’est aussi mauvais joueur au point d’aller évoquer la légitimité du mandat de ces 120 nouvellement élus. Avec un électeur sur quatre ayant fait le déplacement pour déposer son bulletin de vote dans l’urne, les nouveaux membres des conseils municipaux savent que la véritable bataille ne fait que commencer. Oui. Leur nouvelle mission est de convaincre les absents au scrutin d’hier, soit sept sur dix, qu’ils méritaient leur soutien, en se rendant aux urnes pour exercer leur choix, signe d’une démocratie régionale encore plus vivante. Et ce ne sera pas une tâche facile. Les conversations municipales avec les habitants des 30 arrondissements des cinq villes, rapportées quotidiennement dans les colonnes de Le Mauricien, constituent un cahier des charges. Outre le fléau des drogues synthétiques, qui impose une thérapie et une volonté politiques sur le plan national avec son frère jumeau le Law and Order, chaque agglomération a son lot de problèmes, les uns plus urgents que les autres à résoudre. Néanmoins, l’urgence de l’après 4-mai dans les villes demeure de créer les conditions propices pour rétablir et faire épanouir un contrat de confiance à toute épreuve entre les citadins et les élus. Car l’aliénation avec les mairies, dans le sillage de trois renvois des élections municipales, explique en partie cet état de décomposition. Dans ce contexte, la réforme des administrations régionales Woochit revêt toute sa pertinence. Ira-t-on en profondeur avec la possibilité de franchir une nouvelle étape au vu de la tenue des élections législatives en même temps que les régionales ? Et ce ne sera pas une mince affaire avec la délimitation des wards et des circonscriptions pour contrer le goût amer d’un fort taux d’abstention.
Patrick Michel
- Publicité -
EN CONTINU ↻