Interpellation sanglante de Nyjel Beerjeraz, 21 ans – Sa grand-mère: « La souffrance que nous endurons dépasse tout ce qu’on peut imaginer ! »

Les Beerjeraz enlèveront les plaintes pour vol déposées contre lui Enfant choyé qui ne manquait de rien, Nyjel Beerjeraz bascule dans la drogue à 13 ans

On croyait ne plus  revoir de tels actes de barbarie lors d’une interpellation, surtout lorsqu’ils sont perpétrés par des hommes semblant être des policiers en civil. Pourtant, une vidéo ayant circulé mercredi dernier montre une intervention musclée à Karo Kalyptis, au cours de laquelle Nyjel Beerjeraz, 21 ans, est violemment extrait d’un véhicule.

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Cette arrestation brutale, consécutive à la déclaration de vol d’une voiture faite par son propre grand-père – également le propriétaire du véhicule – témoigne d’une violence inouïe. Le jeune homme, déjà impliqué dans d’autres délits, a été conduit à l’hôpital, le visage ensanglanté. Lors de cette intervention, un enfant a également été heurté par la voiture conduite par Nyjel Beerjeraz. Traumatisés et révoltés, ses grands-parents, qui l’ont élevé, ont décidé de retirer les plaintes précédemment déposées contre lui, dont le seul but était de l’aider à sortir de son addiction à la drogue. Ils annoncent désormais leur intention de poursuivre en justice le commissaire de police pour le saccage de leur véhicule flambant neuf. C’est à l’âge de 13 ans, que Nyjel Beerjeraz, enfant choyé qui a voyagé et connu le confort, bascule dans la spirale de la drogue. Sa grand-mère se confie et partage sa souffrance. Tandis que son grand-père qui célébrait ses 69 ans , hier, était en état de choc.
« Je souffre pour mon sang, pour ce bébé qui dormait entre mon mari et moi. En prenant la parole pour parler de Nyjel, de ce qui lui est arrivé, de l’extrême brutalité dont il a été victime, je veux communiquer ma souffrance. Je parle aussi parce que je sais qu’il y a des mamans, des familles et des grands-parents qui n’ont pas de moyens financiers et qui traversent ces mêmes épreuves. Nous, nous pourrons peut-être nous relever. Nous avons déjà énormément perdu. Je me dis que les pertes matérielles ne comptent pas vraiment, qu’on pourra toujours s’en remettre. Mais la souffrance que nous endurons, la douleur que ressent mon époux – qui ne vit plus depuis deux jours – dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Nous avions déposé une plainte pour le vol de la voiture, comme un signal d’alarme, une leçon, une forme de punition. Mais jamais, jamais nous n’avons autorisé ces  s…ds à le maltraiter de cette façon…  » confie d’emblée la grand-mère de Nyjel Beerjeraz, une habitante d’Albion.

« Je suis en état de choc »
Si c’est sa grand-mère qui prend la parole pour exprimer l’indignation qu’elle partage avec le grand-père du jeune homme – tous deux l’ayant pratiquement élevé – c’est aussi, dit-elle, parce qu’elle a encore la résilience nécessaire pour affronter cette nouvelle épreuve. Une de plus, laisse-t-elle entendre. Et parce qu’elle a la force de dénoncer la barbarie de ceux qui ont abusé de leur autorité et de leur force pour s’acharner physiquement sur leur petit-fils, au point de le blesser jusqu’au sang. « Je suis en état de choc. Aujourd’hui (ndlr : hier), c’est mon anniversaire…  », lâche le grand-père de Nyjel Beerjeraz, avant de nous faire comprendre, d’une voix brisée, qu’il n’a pas la force de s’exprimer davantage sur cette affaire, puis de se retirer en silence. Chez le couple Beerjeraz, l’heure est loin d’être à la fête.

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Malgré les «  vols et petits larcins  », comme le concède la grand-mère de Nyjel Beerjeraz, rien ne laissait présager qu’il prendrait la nouvelle voiture de son grand-père pour se rendre à Sainte-Croix. «  Lorsque nous avons acheté ce véhicule, c’est lui qui avait montré à son grand-père comment utiliser les accessoires électroniques. Il lui a même appris à bien le manœuvrer  », se souvient-elle. En rapportant la disparition de la voiture au poste de police, le couple espérait aussi, dit-elle, le protéger de certaines personnes qui en avaient après lui.

« Il regrette… »
C’est une vidéo qui circulait déjà sur les réseaux sociaux qui a alerté le couple Beerjeraz sur l’agression de son petit-fils. « C’est une proche qui se trouve à l’étranger qui m’a fait parvenir cette vidéo. La police d’Albion m’a aussi confirmé l’arrestation de Nygel » dit la grand-mère de ce dernier. Depuis l’hospitalisation de Nyjel Beerjeraz à l’hôpital A.G. Jeetoo, le 30 avril dernier, ses grands-parents n’ont pas été en mesure de lui rendre visite.   »Il est menotté à son lit d’hôpital. Je ne pourrais pas le voir dans cet état, enchaîné comme un esclave. Et dire qu’ils voulaient encore le conduire en cour ! Il souffre énormément — c’est normal, il a des côtes fracturées ! Nous laissons désormais son père prendre le relais, il est grand temps  », confie-t-elle, bouleversée. Elle ajoute que Nyjel leur a fait dire « qu’il regrettait profondément ce qui s’est passé. »

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Profondément choqués par la violence de l’agression dont leur petit-fils a été victime, les Beerjeraz ont décidé de retirer toutes les plaintes qu’ils avaient précédemment déposées contre lui auprès de la police. «  J’ai pris la décision de demander à mon assureur de se joindre à moi pour engager une action conjointe contre le Commissaire de police, pour le saccage de ma voiture. C’est ce qui est définit par la loi comme damaging private property », affirme Mme Beerjeraz avant de poursuivre amère: « Le gouvernement avait promis un changement de mentalité dans la police. Jusqu’à récemment j’ai eu affaire à des policiers bienveillants qui suivaient le dossier de Nyjel. Mais là, je me demande que fait ce gouvernement pour que la police n’applique pas une telle violence. »

«  Il n’a jamais manqué de rien »
Depuis cette affaire, les Beerjeraz n’ont jamais cherché à nier la dépendance de Nyjel aux stupéfiants. « C’est la drogue qui a pris le dessus sur son cerveau !  » déplore sa grand-mère. «  J’ai connu toutes les régions où il me suppliait de l’emmener « une dernière fois », disait-il. Mais pourquoi la police ne mène-t-elle pas de descentes musclées dans ces endroits ? Pourquoi n’emploie-t-elle pas la même force pour lutter contre les trafiquants ? Pourquoi elle n’utilise pas des tracteurs pour démanteler les locaux des trafiquants comme elle l’a fait pour déloger des familles sur des terres de l’Etat pendant le Covid »,  s’interroge-t-elle avec amertume. Elle affirme que son époux et elle ont tout tenté pour sortir Nyjel de cette spirale. «  Il n’a jamais manqué de rien. Il portait les plus beaux vêtements, il a voyagé, il est allé à Paris, à Londres… en Europe. Nous l’aimons tellement. Il ne fait aucun doute : Nyjel est une victime.  »

Pour cette grand-mère, le jeune homme aurait été profondément marqué par le divorce de ses parents, survenu alors qu’il n’avait que 9 ans. «  C’était un bébé miracle. Il est né alors que sa mère souffrait d’endométriose, et avait très peu de chances de concevoir. C’était un si beau bébé,  » dit-elle avec tendresse, la voix chargée de nostalgie. Lorsque sa mère s’installe au Canada, à la séparation de ses parents, Nygel Beerjeraz trouve le réconfort auprès de ses grands-parents. « Il nous le dira d’ailleurs, nous avons remplacé ses parents », confie Mme Beerjeraz. Au secondaire, il a fréquenté dans un premier temps un établissement confessionnel avant d’intégrer un collège catholique privé payant. « Il était un bon sportif. Il a collectionné des médailles. Mais à ses 13 ans, tout a basculé… conséquence de la pression des paires », explique-t-elle.

Son avenir était tout tracé
En 2017, le grand-père de Nyjel Beerjeraz est atteint d’un cancer. Durant les trois années suivantes, son épouse reste à son chevet tout en assumant d’autres responsabilités, notamment la gestion de l’entreprise familiale, ce qui accapare une grande partie de son temps. «  Je reconnais ne pas avoir pu accorder plus d’attention à Nyjel  », confie-t-elle avec regret. Pendant cette période, entre vols et consommation de drogue, le jeune homme s’enfonce un peu plus dans son addiction. «  Un jour, c’est même lui qui m’avait accompagnée au poste de police pour signaler un vol commis chez nous. Il a été arrêté sur place, car c’était lui le coupable  », raconte-t-elle avec douleur.

Après un passage en prison, Nyjel est accueilli par son père, qui finira par lui demander de quitter le domicile familial. «  Il a vécu un temps sur la plage publique. Quand j’ai appris cela, je l’ai repris chez moi, malgré les reproches de ceux qui me disaient que je faisais une erreur. C’est mon petit-fils. Je ne pouvais pas le rejeter, d’autant qu’il a des tendances suicidaires. » À plusieurs reprises, que ce soit auprès de son père ou de son grand-père, il a travaillé avec eux. Mais cela ne durait  jamais : il retombait  systématiquement dans ses travers. «  Mon époux, qui continue de travailler malgré son âge, comptait lui céder son entreprise. Nyjel avait d’ailleurs étudié dans une filière technique, justement pour pouvoir prendre la relève dans le secteur de la construction  », explique-t-elle, visiblement désemparée.

Selon elle, son petit-fils exprimait régulièrement le désir de sortir de la drogue. «  Il me suppliait parfois de l’enfermer, de le couper de ce monde. Mais ça ne marchait jamais. Il veut arrêter, j’en suis certaine, mais il n’y arrive pas.  » De psychiatres en centres de réhabilitation, encadré par ses grands-parents, Nyjel Beerjeraz aura tout tenté pour se défaire de son addiction — en vain. Alors que sa famille avait tracé l’avenir de Nygel Beerjeraz, désormais c’est un point d’interrogation qui plane sur son destin nous dit sa grand-mère.

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