Le taux d’intérêt directeur a été maintenu à 4,50 par le Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice. Rama Sithanen, gouverneur de la Banque Centrale qui avait à ses côtés le premier gouverneur adjoint Rajeev Hasnah, a confirmé que cette décision a été prise unanimement. Toutefois, il a reconnu que les risques de détérioration des perspectives de croissance nationale sont réels en raison de l’incertitude accrue concernant de futures hausses de tarifs douaniers et de la guerre commerciale.
Dans cette même perspective, des craintes d’une trajectoire ascendante de l’inflation en 2025 sont évoquées. Le Monetary Policy Committee pourrait se réunir d’urgence à l’avenir au cas où l’administration américaine décide de mettre en application la politique tarifaire initiale, qui a été suspendue pour une période de 90 jours, et qui aura un impact certain sur l’économie mauricienne. Le gouverneur de la Banque de Maurice a commenté en long et en large les perspectives économiques mondiales assombries par des incertitudes mondiales élevées. Il s’est appuyé sur les dernières prévisions à la baisse du Fonds monétaire international.
« L’’imposition de tarifs douaniers et l’incertitude entourant le rythme, le calendrier et l’ampleur d’éventuelles guerres tarifaires pourraient avoir des effets contrastés sur l’inflation en 2025. D’une part, des tarifs douaniers plus élevés et des perturbations des chaînes d’approvisionnement pourraient entraîner une hausse des prix à l’importation et déclencher des pressions inflationnistes pour les économies importatrices. D’autre part, un ralentissement de la croissance, en particulier dans les économies avancées et émergentes, pourrait comprimer la demande et réduire l’inflation pour les économies importatrices », affirme-t-il.
Sur le plan, Rama Sithanen fait comprendre que les données disponibles suggèrent un ralentissement de la croissance du PIB au premier trimestre. Les arrivées de touristes ont diminué au premier trimestre 2025, même si les chiffres d’avril demeurent encourageants. La croissance du PIB se situera plus probablement dans une fourchette de 3 % à 3,5 % pour 2025, soit en baisse par rapport aux prévisions initiales.
Le gouverneur de la Banque de Maurice a tiré la sonnette d’alarme au titre du déficit commercial, ayant atteint un niveau alarmant. « La facture de l’importation des biens est beaucoup trop élevée par rapport à nos recettes d’exportation et peut à terme affecter la valeur de la roupie. Même la performance des services, dont le tourisme et les services financiers, n’est nullement suffisante pour combler ce déficit. Il y a également le poids des salaires qui est trop lourd alors que la productivité n’évolue pas », déclare-t-il, qui ajoute que le déficit de la balance courante sera de l’ordre de 6, 4%. Les réserves ont atteint le niveau de 8,8 milliards de dollars, considéré comme suffisant pour confronter toute éventualité.
La Banque de Maurice continue de surveiller le niveau de liquidités excédentaires dans le système bancaire. Les derniers développements indiquent que les différentiels de rendement des bons du Trésor à trois mois sont redevenus positifs suite à la hausse de taux de 50 points de base lors de la précédente réunion du Monetary Policy Committee. L’appréciation de la roupie par rapport au dollar américain, conjuguée aux ajustements à la hausse des rendements, a contribué aux différentiels de taux d’intérêt positifs, contribuant ainsi à améliorer les conditions du marché des changes.
Au chapitre de la politique monétaire, Rama Sithanen a expliqué que la Banque Centrale effectue des opérations sur le marché local pour maintenir suffisamment de liquidités dans le système bancaire, ce qui aide le gouvernement à répondre à ses besoins d’emprunt tout en assurant une politique monétaire efficace. Le marché domestique a été stimulé par des volumes de transactions élevés des importateurs de biens, du secteur financier et du secteur de l’hébergement.
« Les entrées au premier trimestre de 2025 étaient plus élevées par 101,3 millions de dollars américains que la même période en 2024. Les entrées pour avril 2025 dépassaient celles d’avril 2024 de 159,1 millions de dollars américains. La Banque est intervenue avec 50 millions de dollars américains pour gérer la volatilité du taux de change de la roupie depuis le début de l’année. La roupie a reflété les fondamentaux économiques et les mouvements des devises internationales, s’appréciant de 5,1 % par rapport au dollar américain, avec une dépréciation de 4,4 % par rapport à l’euro et de 1,7 % à la livre sterling. L’indice du taux de change de Maurice est passé de 129,5 en décembre 2024 à 127,5 en avril 2025, représentant une appréciation de 1,6 % », a énuméré le gouverneur.
