AIDS Candlelight Memorial – Nicolas Ritter : « 540 nouveaux cas en 2024 : Nou na pa bon ditou ! »

– « La situation nous échappe ! Résultat d’une mauvaise gestion des prestations, engendrant la désorganisation de la réponse »

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– Une Mauricienne porteuse du virus, âgée de 57 ans, ayant une grave infection au pied, interdite d’admission par l’hôpital national

« Nou na pa bon ditou la ! La situation nous échappe totalement… En 30 ans de militantisme et de lutte en faveur des Personnes vivant avec le VIH (PVVIH), je n’aurais jamais cru que nous allions, un jour, nous retrouver avec une telle catastrophe ! » Nicolas Ritter voit rouge : « Ce n’est plus la sonnette d’alarme que l’on tire ! Franchement là, il y a urgence. Je n’ai jamais été aussi inquiet ! »

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Il explique : « Le ministre de la Santé, Anil Bachoo, a déclaré au Parlement que pour l’année 2024, 540 nouveaux cas de Mauriciens porteurs du sida ont été recensés par les services de son ministère. Ce n’est pas qu’un nombre augmenté de dépistages ont été réalisés. C’est tout bonnement ce que nous craignions le plus et cette appréhension qui nous avait fait crier, alerter à la réaction nationale rapide et concertée ces dernières années. »

Cinq cent quarante nouveaux cas de Mauriciens porteurs du virus du sida, avec une prévalence estimée à environ 1,5% de la population ! « Nous frôlons la catastrophe ! Selon l’OnuSida, une prévalence d’un pour cent équivaut à une épidémie généralisée dans un pays. Alors 1,5… ça ne va pas du tout ! » a ajouté le fondateur de PILS (Prévention Information et Lutte contre le Sida). Nicolas Ritter présentait la tenue prochaine, soit le dimanche 18 mai, de la soirée de commémoration AIDS Candlelight Memorial.
Le fondateur de PILS indique que: « la seule fois où nous avons eu un chiffre aussi grave en termes de nouvelles contaminations, c’était en 2009, quand l’épidémie était au bord de l’explosion, avec une concentration des porteurs du virus du sida au sein des communautés les plus vulnérables, dont les toxicomanes, les travailleuses du sexe, les détenus, entre autres. Le pays avait enregistré 900 nouveaux cas en une année. Nous avions alors, avec le gouvernement de l’époque, accéléré la mise en place de mesures de Réduction de Risques (RdR), nommément le traitement des Usagers de drogues Injectables (UDI) par la méthadone, et le programme d’échange de seringues pour les toxicomanes actifs. Cela avait permis de changer la donne et renverser la courbe. »
Néanmoins, il y a quelques années, un ministre qui occupait le fauteuil de la Santé a eu la grande idée de stopper net le traitement à base de la méthadone, de fermer la Natresa. Et le National AIDS Secretariat (NAS) qui était sous le Prime Minister’s Office (PMO) avait été ramené à la Santé… « Bref, la riposte à l’épidémie a pris une grosse claque… Les prestations ont été désorganisées, alors qu’entre-temps, la société civile et le gouvernement travaillaient à mettre en place une réponse cohérente et une riposte structurée. Avec cette désorganisation et ce désordre qui a suivi ces décisions brutales, l’épidémie en a profité pour exploser ! », déplore Nicolas Ritter.
Selon ce dernier, en sus de concerner les populations vulnérables et clés, les nouvelles contaminations concernent de plus en plus de femmes, des jeunes et des hétérosexuels. « La transmission par voie sexuelle a explosé. » Il sollicite « une réaction urgente et concertée » de la part de l’État face à cette situation. « Ensemble, dans le passé, société civile et gouvernement avaient bien collaboré pour faire régresser l’épidémie. Il va falloir redoubler d’efforts ! Car à cause des mauvaises décisions de ce ministre, tout va désormais de travers », dit-il.
L’AIDS Candelight Memorial se tiendra le dimanche 18 mai au Caudan Waterfront. Une pléiade d’ONG luttant contre le virus et en faveur des droits des PVVIH se sont associées pour cette soirée nationale où « sont attendus autant de Mauriciens, en masse, qui réalisent la gravité de la situation, que nos décideurs politiques qui ont été invités à venir nous retrouver ». Cette commémoration est symbolique pour les victimes décédées de causes liées au sida. « Nous enregistrons, chaque année, une centaine de décès ; soit une moyenne de deux morts par semaine. En 2025, à Maurice, avec les moyens dont nous disposons, c’est inacceptable ! », ajoute Nicolas Ritter.
La soirée démarrera vers 17h30 avec la présence d’artistes, des témoignages de personnes vivant avec le virus quant aux difficultés qu’elles rencontrent dans leurs quotidiens et de ceux ayant connu des PVVIH décédés. Elle culminera avec l’allumage des bougies.

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Une patiente de 57 ans se voit refuser l’accès aux soins à l’hôpital

La Chrysalide, sise à Bambous, héberge depuis quelques mois déjà une Mauricienne de 57 ans, porteuse du virus. Ce centre accueille spécifiquement des femmes victimes du sida, qu’elles soient des anciennes détenues, des travailleuses du sexe, entre autres. La psychologue attachée, Basheera Jamaloodeen, a lancé un cri du cœur lors de la rencontre avec la presse, jeudi 8 mai.
« Cette patiente est contrainte de faire le déplacement, chaque jour, pour des soins et des pansements alors que son pied est gravement infecté. Dans un centre de soins, on lui a même expliqué que, si elle n’y fait pas attention, elle risque une amputation », dénonce Basheera Jamaloodeen.
« C’est la discrimination qui est pratiquée envers cette patiente. Quand des préposés de La Chrysalide l’ont emmenée à l’hôpital, elle y a été examinée. Mais le personnel là-bas a catégoriquement refusé de l’admettre le temps de soigner son infection ! Ce qui est révoltant et déplorable. La raison qui a été donnée, c’est parce qu’elle est porteuse du sida. Si elle était admise et que les soins – injections, médicaments, entre autres – lui sont prodigués dans un environnement sécurisé et sain comme l’hôpital, elle peut certainement guérir ! À la place, elle doit trouver un transport chaque jour et faire le va-et-vient… Tout cela en s’appuyant sur son pied malade et donc, s’exposer à une infection plus grave », s’indigne-t-elle.
Basheera Jamaloodeen se demande : « si nous avons eu vent d’un cas, comme ça, imaginons combien d’autres personnes souffrent de discriminations dans le silence et l’isolement ! »

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