Le gouvernement a, par le biais de son ministre de la Jeunesse et des Sports, Deven Nagalingum, réaffirmé sa posture dans le conflit qui oppose la Mauritius Tennis Federation (MTF) au Comité olympique mauricien (COM). C’était mardi à l’Assemblée nationale, une semaine seulement après la volée de bois verts de la part du Premier ministre, Navin Ramgoolam, et de son adjoint, Paul Bérenger, lors du rassemblement du 1er mai à Rose-Hill.
Samedi dernier, le COM avait, lui, rétorqué, par la voix de son président, Philippe Hao Thyn Voon, en usant, une fois encore, de la carte de la sympathie après son plaidoyer du 24 avril avec ses membres. Il rejette, cette fois, la faute à la MTF et précise que cette fédération aura à répondre si le sport mauricien est suspendu par le Comité international olympique (CIO).
On se passera d’épiloguer sur un sujet que nous avons en maintes occasions abordé. Sauf qu’il serait tout de même important de rafraîchir la mémoire à certains. Pourquoi le COM ne dépose-t-il pas officiellement ses comptes comme le souhaitent certaines fédérations s’il n’a rien à cacher et à se reprocher ? Pourquoi ne pas exclure ces fédérations fantômes comme membres et votants aux prochaines élections ?
Jean-Michel Giraud ne l’a pas lui-même récemment déclaré à Week-End: « Nou fer eleksion dime gramatin mem, si met tou federasion fantom deor ». Alors, pourquoi se cramponner aux basques de ces fédérations M. Hao Thyn Voon, alors que vous dites que vous êtes fatigué et ne plus pouvoir continuer ?
Laissez donc les choses se faire de façon démocratique et alors peut-être, on dit bien peut-être, que le monde sportif se souviendra de vous comme celui qui a évité une suspension du sport mauricien ! Cela, en commençant par reconnaître tout le tort que ces fédérations ont causé au sport mauricien depuis des années, avec votre bénédiction et celui de ceux qui vous ont prêté allégeance pour des raisons évidentes.
Ainsi, peste le COM, le sport mauricien sera privé des Jeux olympiques en cas de sanction, mais également des Jeux du Commonwealth et des Jeux des Iles entre autres ! Le CIO a également évoqué les conséquences qu’impliqueraient une sanction pour le mouvement olympique et les athlètes mauriciens.
Puisque le COM et le CIO ont sorti ce qui ressemble à l’ultime tentative pour faire reculer la MTF et le gouvernement, posons-nous cette question: Que risque réellement le sport mauricien si le CIO venait à appliquer des sanctions ? Des athlètes russes n’avaient-ils pas participé aux Jeux olympiques de Paris, l’année dernière, en tant qu’athlète individuels neutres et même profité du soutien du CIO dans leur préparation, alors que leur pays était suspendu ?
Preuve que le CIO sanctionne un mouvement olympique, mais pas les athlètes. Au cas contraire, ne serait-ce pas un crime de priver un athlète de compétition dans un conflit où il n’est nullement responsable ? D’où la nécessité que le COM et le gouvernement fassent une demande commune au CIO pour que les athlètes mauriciens ne soient pas pénalisés. Le COM refusera-t-il de collaborer à cette démarche ? Aussi, la condition sine qua non est que les athlètes ne défilent pas sous les couleurs officielles de leur pays et que toute médaille obtenue ne figure pas au classement général !
Que le COM cesse alors avec cette tactique qui ne paie malheureusement plus messieurs. La MTF a eu raison d’avoir recours à la justice pour corriger une mauvaise pratique et relancer le sport mauricien sur des bases solides, transparentes, là où la bonne gouvernance prend alors tout son sens. C’est ce que Philippe Hao Thyn Voon n’a pas été capable de faire en 18 ans de règne entouré de personnes qui ont longtemps perdu le sens du discernement au profit des intérêts personnels.
Aussi, faut-il rappeler à Philippe Hao Thyn Voon que la République de Maurice est un état souverain et n’a aucun ordre à recevoir ni du CIO et encore moins du COM. Au cas contraire, Maurice se retrouvait dans la même situation que ceux qui ont vendu leur âme au diable ! Est-il aussi intéressant de faire ressortir que le gouvernement n’avait que deux options: Laisser faire le COM tout en cautionnant, en âme et conscience, de mauvaises pratiques ou cassez les reins à ceux qui ont pendant trop longtemps sali l’image du sport en favorisant une politique malsaine.
Oui messieurs, le sport mauricien perdra bien quelque chose en cas de suspension. Il perdra son identité, faute de pouvoir défiler avec le drapeau national aux grands évènements tombant sous la juridiction du CIO. En revanche, ceux qui perdent vraiment gros dans cette affaire sont bien ces dirigeants du COM qui verront alors partir en fumée leurs billets d’avion et autres avantages, malheureusement acquis, depuis des lustres, sur le dos de nos athlètes !
Jean-Michel Chelvan