À Mont Goût, Maison Blanche : Abus sexuels et négligences présumés à la Fieldview Care Home

L’affaire donne froid dans le dos et soulève une onde de choc à travers le pays. Deux femmes âgées atteintes d’Alzheimer auraient été victimes de sévices sexuels dans un établissement opérant en toute illégalité. En réaction, le ministère de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale a ordonné une intervention immédiate à la Fieldview Care Home, située à Mont Goût, et a enclenché une procédure d’évacuation urgente de tous les résidents.

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Ce sont des vidéos et témoignages anonymes publiés sur les réseaux sociaux qui ont mis en lumière ce qui pourrait bien être l’un des cas les plus graves de maltraitance institutionnelle à Maurice ces dernières années. Alertés par ces révélations, le ministre de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, Ashok  Subron, et son ministre délégué, Kugan Parapen, ont exprimé leur consternation et leur indignation, dénonçant des actes « inqualifiables » perpétrés sur des personnes vulnérables et en situation de dépendance.

Dès les premières heures de la matinée d’hier, le 10 mai, une équipe spéciale composée de cinq officiers de la Welfare and Elderly Persons Protection Unit (WEPPU), appuyée par la police, s’est rendue sur place. Le but : vérifier l’état des lieux, sécuriser les résidents et enclencher les premières démarches judiciaires.

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Deux femmes âgées agressées sexuellement

Selon les premiers éléments recueillis, les victimes présumées sont deux femmes âgées de 70 ans et 63 ans, toutes deux souffrant de la maladie d’Alzheimer, ce qui renforce la gravité des actes dénoncés. Les soupçons d’abus sexuels pèsent sur un autre résident de l’établissement, qui aurait profité de leur état de confusion pour commettre des actes d’une extrême violence morale et physique.
L’une des victimes était encore présente dans la structure, où l’enquête se poursuit sous la surveillance conjointe de la WEPPU et de la police. L’autre dame âgée, en état de confusion visible, a été transférée en urgence à l’hôpital SSRN pour y recevoir les soins médicaux nécessaires.

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Un établissement illégal et en infraction avec la loi
Le principal suspect a été interné à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard, sous surveillance policière, tandis qu’un deuxième suspect reste confiné dans l’enceinte de la maison de retraite.

Ce que les services du ministère ont également découvert est tout aussi alarmant : la Fieldview Care Home n’est pas enregistrée auprès des autorités compétentes. Elle opère en toute illégalité, sans licence ni autorisation, et sans aucune supervision du ministère. Or, la Residential Care Homes Act est très claire sur ce point. « No person shall carry a residential care home unless he is licensed to do so under this Act », stipule la section 8 de la loi.
Vers une évacuation totale et une fermeture définitive
Et les sanctions sont lourdes : selon la section 26(1), tout contrevenant de tels actes abjects encourt une amende de Rs 25 000 à Rs 100 000, ainsi qu’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à 5 ans.

Le ministre Subron et son collègue Parapen ont aussitôt lancé une opération d’identification des 43 pensionnaires recensés sur les lieux. Trois d’entre eux ont déjà été récupérés par leurs familles. La WEPPU est activement en contact avec les proches des autres résidents afin de planifier leur rapatriement en toute sécurité, avec un soutien médical et psychologique si nécessaire.

Le gestionnaire de la Fieldview Care Home, sommé de coopérer, a été conduit au poste de police de la région pour être interrogé. Son identité n’a pas encore été rendue publique, mais les autorités affirment que toutes les responsabilités seront établies.
En attendant l’évacuation complète, les officiers du ministère resteront présents 24h/24, avec l’appui des forces de l’ordre, afin d’assurer la sécurité des résidents restants et éviter toute nouvelle atteinte à leur intégrité.

Face à cette affaire tragique, le ministère rappelle qu’il publie régulièrement la liste des maisons de retraite dûment agréées. Ces listes sont disponibles sur demande, ou via les services de la WEPPU.

Appel à la vigilance et responsabilisation collective
Les citoyens sont encouragés à signaler toute structure suspecte ou opérant sans licence en appelant les numéros suivants :

l 172 : du lundi au vendredi, de 9h à 16h et
l 199 : service accessible 24h/24.

« La protection de nos aînés est une responsabilité nationale et morale », insiste le ministre Subron dans une déclaration au ton grave. « Aucune tolérance ne sera accordée à ceux qui exploitent la vulnérabilité des personnes âgées. »
Cet épisode tragique met également en lumière la pression croissante qui pèse sur le système de prise en charge des personnes âgées à Maurice.

En toile de fond : une crise silencieuse du vieillissement
Avec l’augmentation continue de la population vieillissante, le ministère multiplie les efforts pour renforcer les mécanismes de contrôle, mais les établissements illégaux continuent d’opérer dans des zones rurales ou en marge des circuits officiels. D’autant qu’aujourd’hui nombre de familles choisissent de mettre leurs aïeux en maison de retraite pour n’avoir pas à subir les tâches délicates pas toujours attachées à leur bien-être.

En tout cas, ce qui se passe à Fieldview Care Home, situé dans un quartier reculé de Mont Goût, montre à quel point les failles du système peuvent se révéler dramatiques en l’absence d’alerte citoyenne ou de supervision adéquate, surtout si ces maisons dites “de retraite “ne sont pas proprement équipées et légalement enregistrées, et si leur personnel n’est pas suffisamment formé et à la hauteur des attentes d’un métier, certes laborieux et courageux…

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