50 ans, ce 12 mai : hommage aux victimes du camion fou de Rose-Belle

  • Ravin Mohabeer, rescapé : « Bondie gran ! »

Le ministère du Transport a lancé sa Semaine de la sécurité routière à Rose-Belle, hier. L’occasion de rendre hommage aux 15 victimes d’un des plus graves accidents qui s’est produit dans ce village le 12 mai 1975. Le camion immatriculé AL248 avait tout balayé sur son chemin après que ses freins ont lâché. Parmi les victimes, plusieurs écoliers.

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Vive émotion à Rose-Belle, hier ! Cela fait 50 ans, jour pour jour, que le village avait été endeuillé par l’un des plus graves accidents de l’histoire du pays. En ce 12 mai 1975, peu après midi, un camion de la compagnie Lagesse Frères, immatriculé AL248, tue 15 personnes, dont sept enfants. À cette époque, les écoliers rentraient à la maison pour le déjeuner, d’où leur présence sur la route à cette heure-ci.

Fazle Ilahee, habitant du village, a été témoin de ce drame et 50 ans après, les images sont toujours gravées dans sa mémoire. « J’étais étudiant au collège Windsor. Il était environ 12h15 et c’était la récréation. Je regardais les mouvements sur la route et j’ai vu ce camion qui roulait à vive allure. Puis, il a heurté une première voiture, une Austin 1300, immatriculée AB10 », dit-il.

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Le camion fou, comme il sera surnommé par la suite, continue sa route, avant de heurter une deuxième voiture en stationnement. « C’était une Volkswagen immatriculé AB 393. Il n’y avait personne à l’intérieur. Le camion a fait sa première victime quelques mètres plus loin, près du cinéma Capitole. C’était une fille qui allait apprendre la couture dans le Village Hall », poursuit ce témoin avec des détails comme si cela s’était passé hier.

Un peu plus loin, le camion balaie sur son passage une Austin Cambridge de couleur noire, immatriculée F 177. Deux passagers de la voiture sont tués sur le coup. Le camion finira sa course dans deux maisons de la localité, appartenant aux familles Souris et Thomas. Deux personnes qui s’y trouvent, dont une fillette de 8 ans, sont tuées également.

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Quatre aide-chauffeurs, qui se trouvaient sur le camion transportant des sacs de sucre, sont aussi tués dans l’accident. Trois jours de deuil national s’ensuivirent.
Ravin Mohabeer, un rescapé du camion fou, estime avoir eu beaucoup de chance. « Bondie gran », dit-il avec émotions. Ce dernier, âgé de 15 ans à l’époque, rentrait lui aussi du collège. Il a été heurté par une voiture que le camion avait balayée sur son passage.
« Je n’ai aucun souvenir de ce qui s’est passé sur le moment. Je me suis réveillé à l’hôpital de Candos et j’ai entendu des gens autour de moi dir ‘aksidan Rozbel-la sa’… Beaucoup de personnes, que je ne connaissais même pas, sont venues me rendre visite », ajoute-t-il.

L’ancien blessé en profite pour dire merci à toutes ces personnes qui ont eu une pensée pour lui ce jour-là. « Je remercie également le personnel médical qui s’est bien occupé de moi », dira-t-il. Il faut souligner qu’à cette époque, il n’y avait pas encore d’hôpital à Rose-Belle. Les blessés avaient été transportés aux hôpitaux de Mahébourg et de Candos. Alors qu’on commémore les 50 ans de ce tragique événement, Ravin Mohabeer dit avoir encore le cœur gros.

Beaucoup d’émotions également pour Farah et Fouad Assotally, qui ont perdu leur père, Zeekeeria, dans le terrible accident. « Il était avec notre oncle et d’autres passagers dans la voiture immatriculée F 177. Le camion a trainé la voiture sur plusieurs mètres. Notre père et une autre passagère sont décédés, tandis que notre oncle avait été blessé », confient-ils.

Pour marquer l’événement également, Goorooduth Chuttoo, du Musée de la Petite Collection, a organisé une exposition au Plaisance Mall. Il était le premier photographe sur les lieux. « J’avais 19 ans et j’étais au cinéma de la localité. Quand l’accident s’est produit, je suis parti prendre mon appareil photo. La route étant bloquée, les photographes de presse ne pouvaient arriver jusqu’à Rose-Belle. C’est ainsi que plusieurs titres ont publié mes photos », a-t-il avancé.

Pour rendre hommage aux victimes, le ministère du Transport a organisé une marche à Rose-Belle, hier. C’était l’occasion de donner le coup d’envoi à la Semaine de la sécurité routière, également. Une stèle a été érigée au Gandhi Square, à Rose-Belle. Le ministre Osman Mahomed ainsi que les députés de la circonscription y ont déposé des bouquets de fleurs pour marquer l’événement.

Dans une brève déclaration, il a expliqué : « Cela fait 50 ans, jour pour jour, depuis ce tragique accident. Un événement bien triste qui a marqué le pays. C’est pour cela que nous avons choisi de lancer la Semaine de la sécurité routière, ici. Cela nous rappelle également qu’il est important de s’assurer que le véhicule que nous sortons sur la route, chaque jour, doit être en bon état. C’est aussi important que de ne pas conduire sous l’effet d’alcool ou de drogue. »

Osman Mahomed a indiqué que cette année, pour la Semaine de la sécurité routière, les Nations Unies ont mis l’accent sur la sécurité des piétons et des cyclistes. Son ministère travaille sur des Regulations à ce sujet, afin de s’assurer que les piétons et les cyclistes soient protégés sur la route et qu’ils aient un comportement responsable également. Il a témoigné qu’il a lui-même eu une proche, tuée alors qu’elle traversait la route sur un passage pour piétons.

Le ministre a réitéré la nécessité de réintroduire le permis à points. Une équipe y travaille déjà. Cette mesure sera réintroduite dès cette année. Il a ajouté que la sécurité routière est un sujet que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, suit de près et que c’est une priorité du gouvernement.

Après la marche organisée dans les rues de Rose-Belle, la Semaine de la sécurité routière a été officiellement lancée à l’école Seegoolam-Torul. Les enfants ont donné une démonstration de ce qu’ils ont appris en matière de sécurité routière.

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