Par DENIS PATRICE LE BON
Une auscultation du soft power mauricien comme art de la persuasion non explicite, influençant la psyché universelle à travers la maîtrise des infrastructures immatérielles ou plutôt comment l’île Maurice pourrait véritablement fusionner sa souveraineté maritime avec ses ambitions technologiques afin de devenir ce champ inédit d’expérimentation biopolitique et cybernétique d’envergure planétaire.
La puissance douce, le soft power mauricien, s’il était pleinement conscientisé et somptueusement charpenté, pourrait s’élever au rang d’un prodige stratégique d’envergure mondiale, métamorphosant l’île Maurice en un laboratoire vivant de la puissance feutrée et de l’influence fine et subtile. À l’instar des stratégies culturelles qui ont vu le Japon imposer à la face de l’univers son imaginaire à travers le manga, ce dernier étant, hier encore, introduit et porté, sinon projeté dans la sphère philofrancophonique, par le mythique Club Dorothée, et la Corée du Sud de diffuser, par la déferlante K-pop aux airs entraînants des BTS pour les garçons et de Blackpink pour les filles, sa volonté affirmée de puissance par l’imposition de son discours biberonnant l’imaginaire juvénile par un déluge de pixels, sur écrans, tantôt pliables, tantôts incurvés, de la marque qui croque aujourd’hui à pleine dent dans la pomme. Au même moment, en Europe notamment – où l’étendue culturelle de l’oncle Sam, que d’aucuns affubleraient de pendants hollywoodiens, s’immisce durablement dans les habitudes journalières – l’on mange, boit, visionne, chante et danse à son effigie. Dans cette configuration, Maurice pourrait faire le choix d’une véritable géopolitique du subliminal, par des messages codés, transcendant l’évidence, afin de remodeler cet imaginaire mondialisant jouant un rôle essentiel dans la manière dont nous appréhendons les enjeux internationaux, les identités hybrides, et quelques fois meurtrières, aurait écrit Amin Maalouf, ainsi que les rapports de force et de pouvoir. Plutôt que de se vouer à l’exhibition ostentatoire d’une puissance martiale véritable, complète, et lui faisant horriblement défaut, par ailleurs, l’île s’investirait de préférence dans une stratégie immatérielle, où l’influence se ferait par une diplomatie qui transcende et le culturel et les réseaux traditionnels. En épurant l’infauxbésité de sa surcouche adipeuse de surinformation totalement controuvées aux fins de profondes transformations en vecteurs d’innovation, elle se positionnerait non pas comme un mouton de Panurge des tendances hollywoodiennes ou la groupie hébétée surfant sur la vague mondiale de la K-pop parce que toutes sont en pamoison devant Pranpriya Manobal – dit ainsi c’est nettement moins chic, disons plutôt la cadette du groupe, Lisa, égérie autorisée et adulée de Céline – mais bien comme la bâtisseuse d’un narratif de rechange, capable de réécrire en toute quiétude les nouvelles règles d’un tout nouveau soft power.
En prolongement du précédent billet traitant du sujet et intitulé ‘Si Maurice incarnait l’épicentre de l’intelligence économique et stratégique de l’OI ?’ paru dans la rubrique FORUM de ce même quotidien en date du mercredi 12 mars 2025, il semble assez aisé de concevoir que l’île Maurice, de par sa géographie, elle-même définie par ses frontières, sa géopolitique ainsi que son ipséité, singulière et polymorphe, pourrait revêtir le rôle d’une cité-archipel hypermoderne en miroir de la biocivilisation, un Singapour perfectionné – sans même l’ombre d’un despote éclairé de la trempe d’un Lee Kwan-Yew qui planerait aux alentours – réinventé dans la région de l’océan Indien, une bifurcation des imaginaires, dans lesquelles se mâtineraient des intérêts commerciaux, économiques, culturels, juridiques, politiques, diplomatiques et technologiques de la nouvelle ère multipolaire, où règnent trop souvent en maître l’infauxbésité et son digne corollaire, l’indigne désinformation. Cependant, loin de se réduire à une simple plateforme d’échanges commerciaux, l’île Maurice pourrait, au sein même de ces vagissements informationnels, devenir le foyer d’une diplomatie quelque peu transactionnelle, dans l’aire du temps, mais tout à fait lucide, aiguisée et suffisamment éloignée du trumpisme pour ne pas y être inopportunément assimilée, où les États viendraient tester, dans une forme de neutralité bienveillante, des modalités de coopétition innovantes : cette apothéose fusionnelle entre coopération et compétition qui rajoute de la complexité à la simple rivalité par une dose accrue d’harmonie dans l’innovation, faisant de chaque adversaire l’artisan d’un génie collectif, l’endroit où chaque État pourrait forger sa technologie révolutionnaire, tout en cultivant une alterivalité, saine et élégante, sur l’échiquier de leur destinée commune. L’axe Indopacifique redéfinit actuellement les lignes de force géopolitiques, et l’île Maurice, en raison de sa position privilégiée, pourrait incarner cette Suisse de l’océan Indien, offrant aux nations concurrentes – en lieu et place d’un fédéralisme qui aurait sied peut-être mieux que son héritage subtilement imposé par l’Anglais au moment de son départ : son fondement multiculturel, qui tiendrait d’ailleurs plus du multiconflictuel qu’autre chose – un espace de dialogue sécurisé et structuré, propre aux enjeux stratégiques comme la gouvernance des océans, la régulation de l’intelligence artificielle ou encore les nouveaux paradigmes énergétiques et hydriques en faveur des petits États insulaires en développement. En érigeant l’Île Maurice en épicentre de médiation paraétatique d’exception, la nation arc-en-ciel pourrait, et surtout devrait, s’immiscer, avec l’élégance qui lui est propre, dans les interstices mouvants de la grande joute sino‑occidentale – un affrontement, selon toute vraisemblance, promis à s’étendre sur au moins un siècle. Investie d’un mandat de haute arbitration, l’île se verrait confier la responsabilité de trancher les crises majeures qui jalonneraient ce long crépuscule bipolaire, et que l’auteur de ces lignes, dans la même rubrique du même quotidien, dans un billet antérieur, daté du jeudi 17 avril 2025 et intitulé : ‘Parce que la 1re guerre numérique mondiale peut avoir lieu’, a eu l’intime conviction d’avoir présenté, ou du moins tâché d’offrir, autant que faire se pouvait, au regard de l’irrésistible fulgurance du temps et de l’amplitude prodigieuse des conjonctures géopolitiques, une réflexion à la fois précise et profonde – en transformant l’île en phalanstère intellectuel : y héberger une chaire permanente des puissances intermédiaires à l’attention des États désireux d’influer tangiblement sans pour autant courber l’échine vis-à-vis de la dialectique binaire, dichotomique des blocs. Ce rôle émérite d’interfaces diplomatiques et consulaires s’accompagnerait d’une dynamique ascensionnelle significative, impulsée par la constitution d’un corps diplomatique résolument ultramoderne, adossé à un alevinier d’analystes en big data géopolitique aux compétences d’exception, capables d’extraire les pépites de sens au sein des torrents de données brutes ou de décrypter avec acuité afin d’anticiper les dynamiques d’influence et les flux informationnels majeurs pour orienter stratégiquement les positions nationales, mais surtout, entamer le trajet alchimique cognitif complet consistant à transmuer ledit big data en smart data, facilitant ainsi la compréhension approfondie des enjeux, notamment commerciaux, en exhumant les insights les plus congruents grâce au prisme de l’intelligence économique et stratégique ainsi que sa mise en perspective tout à fait distinctive des signaux faibles et des pertinences, et, in fine, nourrir les orientations nationales de cette nouvelle vision, fraîche, à la fois éclairée, panoramique, anticipatrice, et qui édifie et fabrique, brique par brique, l’arène internationale de demain.
Une diplomatie algorithmique pour faire de l’île Maurice un hub de l’ingénierie cognitive mondiale
L’avenir du soft power transcendera la simple projection culturelle pour s’agréger autour d’une emprise ciselée, retorsée et amplifiée, sublimée même quant aux éléments langagiers, notamment les narratifs à dimension mondiale. L’île Maurice, dont le multilinguisme emblématique et la culture de fusion constituent des atouts inestimables, pourrait ainsi se particulariser en instituant un Centre d’excellence en stratégies narratives. Un pôle ambitieux qui aurait pour mission de capter, de décrypter, d’analyser en profondeur, de clarifier et de modéliser avec précisions les paradigmes idéologiques majeurs qui façonnent l’intellect et équilibrent les grands courants de la pensée du XXIᵉ siècle. Par le truchement d’algorithmes de décryptage sémantique et d’analyses prospectives cognitives, ce Centre d’excellence, ou plutôt, ce Pôle d’avant‑garde en architectonie narrative, serait apte à générer des modèles prédictifs d’une exquisité prodigieuse, pouvant décortiquer et anticiper les oscillations de l’opinion publique, tant sur le plan régional que mondial. Une telle prouesse permettrait aux entreprises, ONG, institutions académiques et entités étatiques d’abouter instantanément leurs discours et stratégies aux dynamiques émergentes. Parallèlement, l’île Maurice se verrait conférer le sanctuaire du cloud souverain, en érigeant un écosystème de datacentres de sécurité impénétrable, des centres destinés à abriter les données critiques de multinationales et de gouvernements soucieux de sauvegarder leur indépendance et les spécificités numériques, et c’est là, précisément, où le déploiement d’hydroliennes de petite taille pourrait pallier au déficit énergétique, propre en plus, et dont Maurice demeure, à ce jour, cruellement en défaut afin de faire tourner de pareils datacentres. Finalement, kisanla kinn fote e kisanla ape desid pou kontinie fote ? Par une rationalisation procédurière soignée de ces architectures informationnelles, elle consoliderait également son statut de gardienne éclairée des libertés digitales et de la souveraineté cognitive des nations, se hissant ainsi en tant qu’actrice essentielle au cœur des émergences conflictualisées de l’univers numérique, lesquelles sont vouées à se désenvelopper dans un avenir de plus en plus proche. J’en veux pour preuve la récente envolée des tarifs douaniers ainsi que la réciprocité tarifaire prônée par les États-Unis face à quasiment toute la planète – alors même que 90 jours supplémentaires, s’il vous plaît, monsieur le bourreau, valent ce qu’ils valent, finalement – qui annoncerait hypothétiquement – car oui, Honorables Docteur Navin Ramgoolam et Monsieur Paul Bérenger, gouverner c’est prévoir, certes, mais pas seulement : c’est, plus fondamentalement, un duellum mental où l’on guette le frémissement du chaos à l’horizon, ou si vous préférez : c’est surtout prévoir ce qui pourrait advenir de pire, c’est voir l’arbre mourir au moment même des semences – le déploiement par l’administration trumpienne de la toute-puissance du numérique outre-Atlantique lorsque la sujétion absolument inouïe et terrifiante des infrastructures numériques quasi mondiales aux plus feutrés éternuements des mastodontes américains sonne le tocsin d’une prise de conscience qui peine encore à voir ce qu’elle voit afin d’anticiper et agir en conséquence.
« Si l’Union européenne s’allie avec le Canada dans l’optique de nuire à l’économie américaine, des droits de douane d’une ampleur bien supérieure à ceux actuellement envisagés seront imposés à ces deux entités, afin de sauvegarder le plus fidèle allié que ces nations n’aient jamais connu ! », ce qu’a proclamait avec véhémence voilà plusieurs jours, le résident de la Maison-Blanche sur son réseau personnel Truth Social, constituant ainsi une mise en garde sans équivoque à l’encontre du Canada et de l’Union européenne. Un renchérissement continu par des contre-mesures tarifaires à l’égard des États-Unis ne serait pas sans conséquences désastreuses qui entraîneraient une véritable guerre économique totale, une escalade surprotectionniste, susceptible de fracturer les chaînes d’approvisionnement mondiales et d’engendrer une instabilité structurelle à l’échelle planétaire.
Toutefois, avant même d’en arriver au point de non-retour, l’hégémonie numérique des États-Unis, portée par la puissance indiscutable de leurs géants technologiques – les GAFAM – composerait un levier plus que redoutable dans ce contexte de heurt inédit. Ces conglomérats, forts de leur capacité d’investissement titanesque, de leur maîtrise et leur mainmise sur des données ainsi que leur précellence en matière d’algorithmes, permettraient à Washington de raffermir son emprise sur les infrastructures numériques quasi mondiales. En effet, la tutelle des GAFAM – dans des secteurs clés tels que le cloud, l’intelligence artificielle, la cybersécurité et bien d’autres – offrirait aux États-Unis une influence définitive pour asseoir leurs normes technologiques et orienter les flux de données et informationnels à l’échelle planétaire. Son omnipotence numérique, associée à une stratégie de rétorsion économique, aviverait bien volontiers le clivage entre deux sphères digitales distinctes, exacerbant la fracture technologique tout en renforçant l’ascendant stratégique de Washington dans l’arène mondiale. En somme, une escalade tarifaire sans limites risquerait fortement de conduire à une sorte d’embranchement du système économique planétaire : d’un côté, un bloc transatlantique américano-numérique, et de l’autre, des États et des entreprises, en quête d’autonomie, mais éventuellement isolés, en butte aux défis d’un remaniement brutal des équilibres technologiques et commerciaux. Ce scénario souligne la complexité des interdépendances actuelles, où le choc tarifaire se mêle indissociablement aux enjeux stratégiques de la domination numérique. Face à pareil climat prolégomène, l’Union européenne, par exemple, s’est engagée dans une démarche de réindustrialisation numérique qui ambitionne de reconquérir un pourcentage important de ses services numériques actuellement assurés par des prestataires étrangers. Ce repositionnement stratégique, combiné à une volonté de renforcer la souveraineté digitale du continent, est considéré comme décisoire pour atténuer l’impact des politiques surprotectionnistes américaines, mais pas que. L’objectif étant ici double : d’une part, réduire la dépendance aux infrastructures étrangères – en diversifiant le marché du cloud et en promouvant des solutions technologiques foncièrement européennes – et d’autre part, instaurer un équilibre fiscal permettant de préserver à la fois la compétitivité et l’autonomie économique stratégique européenne. Nous voyons d’emblée pourquoi et comment cet antagonisme fiscale et technologique transcende la simple rivalité commerciale. Elle est le nom d’une lutte pour le contrôle des flux de données et la préservation d’un espace numérique souverain, dans un monde où la puissance économique se mesure aussi désormais à la maîtrise de l’information stratégique et de l’innovation exotechnologique. La réponse européenne, en se dotant d’outils à la fois réglementaires et industriels, se veut le rempart contre le pays de l’Oncle Sam, qu’elle a déjà connu voilà bien des années, tout en cherchant à établir un nouveau paradigme fondé sur la transparence, la coopétitivité et la résilience numérique. Dans cette perspective, il est plus qu’impératif de comprendre également, et surtout, que les matrices d’algorithmes représentent bien davantage que de simples assemblages de chiffres et de variables : elles sont le squelette intelligent qui structure et oriente l’évolution des données en informations et des informations en savoir. En élaborant méticuleusement ces structures, l’île Maurice serait à même de capturer les nuances des interactions sémantiques et cognitives, permettant de décrypter et d’anticiper les fluctuations des opinions et des narratifs. Ce mécanisme ingénieux, situé à l’intersection de l’ingénierie, de la linguistique et de la prospective, est essentiel quant aux données brutes chrysopées en stratégies narratives, agiles et souveraines, tellement rassurantes, voire indispensables, dans un monde numérique périlleux pour beaucoup, mortel pour d’autres, et toujours en constante mutation.
Un archipel des avant-gardes pour faire de l’île Maurice une matrice de renaissance culturelle globale
Loin d’un simple discours folklorique sur son patrimoine métissé, l’île Maurice pourrait aussi projeter son soft power à travers une industrie de la création et de la pensée de haute facture, attirant intellectuels, artistes, écrivains, startuppeurs et entrepreneurs d’exception en quête d’un espace de liberté et d’expérimentation. Un grand institut des futurs possibles, incorporant des penseurs de l’hypermodernité – des philosophes du numérique, des nanobiologistes visionnaires et des ingénieurs du sensible, ou même des futurologues à l’instar de Raymond Kurzweil, des regrettés Alvin Toffler et l’espérantiste Jules Verne, entre autres – pourrait voir le jour, se positionnant comme le Davos de la réflexion transdisciplinaire, un laboratoire à ciel ouvert où se redéfiniraient les structures intellectuelles du monde à venir. De même, elle pourrait devenir un épicentre du 7e art et de la narration immersive, par la création d’un studio international dédié à la production de contenus en réalité augmentée et étendue ainsi qu’en intelligence artificielle créative, avec des narratifs puisant dans la richesse des mythologies de l’océan Indien pour les transposer dans une esthétique disruptive et avant-gardiste. À l’heure où l’industrie du divertissement devient un instrument géopolitique à part entière, l’île Maurice pourrait façonner son Mollywood prospectiviste, avec le concours d’une MFDC (Mauritius Film Development Corporation) entièrement réinventée, tout à fait capable de circonvenir l’imaginaire universel au-delà des frontières de récifs coralliens – hélas qui ont dû un peu trop blanchir – de l’île-Monde, un surnom de circonstance qu’incarne si bien l’île Maurice.
Vers une souveraineté océanique et bioéthique pour faire de l’île Maurice un laboratoire du vivant
Le soft power mauricien ne saurait sûrement pas se limiter à l’art et aux idées ; il reposerait autant sur une domination du réel par la projection d’une vision alternative du monde, pour le compte. L’île Maurice, en tant qu’État maritime en miroir de la biocivilisation, pourrait développer un programme fortement ambitieux de souveraineté océanique en cartographiant et en exploitant intelligemment son territoire marin, large de plus de 2 millions de km², pour en faire un centre de recherche mondial sur la biotechnologie bleue, sans faire l’impasse sur la cryptographie océanique – véritable citadelle imprenable de la protection des données océaniques – qui s’érige en rempart contre les intrusions, tandis que l’essor de technologies maritimes durables, forgées à l’avant-garde de l’ingénierie et de l’écologie, marque l’avenir d’une mer maîtrisée et protégée. Dans cette odyssée vers l’innovation, chaque Mauricien se verrait investi d’un rôle cardinal, non plus comme simple observateur, mais comme acteur indispensable, par le prisme de coopératives communautaires visionnaires, dynamiques, et d’alliances public-privé poinçonnées d’éthique intransigeante, scellant par la même une participation entière et souveraine à la destinée maritime de toute la nation mauricienne, renouvelée sur l’autel du progrès, de l’inclusion, de la soutenabilité et de la durabilité. Grâce à des partenariats et des alliances stratégiques avec des centres d’excellence de recherche, des universités de pointe et des entreprises de microbiologie synthétique, l’île Maurice pourrait, tout aussi bien, breveter de nouvelles molécules issues de son biotope marin, devenant ainsi un acteur infaillible de cette bioéconomie du futur. Concurremment, l’île pourrait jouer un rôle de premier plan dans les débats éthiques et philosophiques liés aux biotechnologies émergentes, en organisant un Tribunal éthique des innovations, où seraient discutés les grands enjeux du transhumanisme marchand, de l’édition génomique, de la dextérité robotique, ou encore, de l’intelligence, aujourd’hui artificielle, et demain, également organoïde. Ce rôle de gardien éthique de la science conférerait à l’île Maurice un pouvoir réel d’influence absolument considérable, lui permettant de peser lourdement sur les grandes décisions régionales et internationales immanentes en matière de gouvernance scientifique et exotechnologique.
Pour faire de l’île Maurice cet empire immatériel en devenir
Si elle choisit d’exploiter avec aplomb, vision, discipline et intelligence tous ses atouts, l’île Maurice pourrait muter en une puissance non conventionnelle, une cité-État-océan de l’ère numérique et cognitive, s’imposant comme un hub mondial de l’influence, de la recherche – autant fondamentale qu’appliquée – ainsi que l’expérimentation et l’anticipation des futurs possibles. Bien loin des schémas classiques de puissance militaire ou démographique, qui, irréfutablement, ne lui sied aucunement, l’île Maurice pourrait démontrer que le XXIᵉ siècle appartient autant aux États capables de maîtriser finement les imaginaires, les flux d’information stratégique ainsi que les infrastructures de la connaissance et de la métaconnaissance, mais également les ressorts du savoir. Le soft power mauricien, s’il était pensé par les pouvoirs publics avec la radicalité intellectuelle et l’inspiration stratégique qu’exige, à tort ou à raison, l’épique époque que nous vivons – de manière patente, particulièrement propice à la prévalence de l’hyper – il ne serait vraisemblablement pas qu’un simple outil de rayonnement : il deviendrait une authentique architecture du réel, une exquise ingénierie de la puissance, projetant l’île Maurice bien au-delà de ses paradigmes coutumiers, mais plutôt vers un futur où les prospectives et les innovations deviendraient, pour elle d’abord, le nouvel arsenal d’une souveraineté inévitablement absolue.