Une vidéo montrant l’activiste Georges Ah-Yan traîné de force dans un véhicule de la police a fait le buzz sur les réseaux sociaux hier. Les policiers sont intervenus afin de permettre aux officiers du Conseil de district de Grand-Port de retirer des plantes placées devant le restaurant de Georges Ah-Yan à proximité du marché de Mahébourg et devant sa résidence, quelques rues plus loin.
Le caractère violent de cette interpellation en a choqué plus d’un. Georges Ah Yan, vacillant, mais résistant aux policiers, est par la suite embarqué de force dans un véhicule de police. À un certain moment, on voit même un policier en uniforme le gifler. La personne qui filme la scène fustige alors les policiers : « Koumsa zot fer ek enn dimounn kouma li ? Enn dimounn ki travay sa kantite-la ? Samem lord pe mete dan Mahébourg ? Shame! »
Très vite, une foule s’est massée devant le restaurant de Georges Ah Yan, assistant impuissant à son interpellation, tandis que son frère, Cyril, demande aux policiers de montrer l’ordre de la cour. L’activiste a ensuite été conduit au poste de police de Mahébourg, où il a passé la journée. Il a été relâché vers 14h.
Derrière cette affaire : une histoire de plantes ! Ceux qui fréquentent Mahébourg savent que des plantes vertes avaient été installées devant le restaurant de Georges Ah Yan depuis au moins une décennie. D’ailleurs, la taille des plantes parle d’elle-même. Ce qui embellit du coup l’environnement dans cette partie de Mahébourg, à proximité du marché et de la gare routière.
Sauf que, depuis quelque temps, Georges Ah Yan a été prié, à deux reprises, par le Conseil de district de Grand-Port de retirer les plantes situées devant son restaurant, rue de la Colonie, ainsi que celles devant sa résidence, rue Suffren, Mahébourg. Sollicité à ce sujet, l’activiste déclare avoir refusé, car il fallait un ordre de la cour à cet effet. « Si je suis en infraction quelconque, le Conseil de district doit me servir une mise en demeure. Suite à quoi la cour donnera son avis. Mais cela n’a pas été fait », fait-il ressortir.
Il considère ainsi son interpellation musclée d’illégale. « On m’a séquestré au poste de police de 9h15 environ à 14h pour que je ne fasse pas obstruction aux officiers du Conseil de district. C’est illégal et je ne compte pas rester les bras croisés. Je rencontre mon avocat pour décider de la marche à suivre. Ce qui s’est passé est extrêmement grave. De plus, cette route est une Classified Road qui ne relève pas de la juridiction du Conseil de district », s’insurge-t-il.
Georges Ah Yan dit son souhait de rencontrer également le Premier ministre, Navin Ramgoolam, pour dénoncer cet abus d’autorité de la part du Conseil de district et de la police. « Nous voulions tous le changement, mais pas comme cela. C’est pour cela que j’aimerais rencontrer le Premier ministre, pour dénoncer la connivence entre la police et le District Council », ajoute-t-il.
Georges Ah Yan est lui-même un conseiller du village de Mahébourg. Il estime que cette affaire relève d’un règlement de comptes. « J’avais fait remarquer à un conseiller rouge que son mur empiétait sur la voie publique par un pied et demi. Comme son parti est au pouvoir, il s’est senti fort et est allé manigancer avec le District Council », dénonce-t-il.
Sollicité pour donner sa version des faits, Rajiv Jangi, président du Conseil de district de Grand-Port, dit avoir reçu des plaintes de la part des conseillers de Mahébourg à l’effet que les plantes faisaient obstruction aux usagers de la route. Quant à savoir pourquoi ce n’est que maintenant que le Conseil de district agit, alors que les plantes existent depuis au moins une dizaine d’années, Rajiv Jangi dira que plusieurs lettres ont été envoyées à l’activiste, mais que ce dernier a fait la sourde oreille. D’où la décision d’avoir recours à la police pour aider les officiers dans l’exécution de cette opération.