“Dan gouvernma”

Tels des vautours affamés, ceux qui, avec leur cynisme habituel et leurs pratiques affinées du bribe électoral, se sont manifestés après le licenciement de travailleurs contractuels temporaires recrutés par le MSM à la veille des dernières élections générales.

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Il sont plusieurs à être sortis du bois ou du karo kann où ils végétaient pour larmoyer sur le sort des licenciés. C’est sans doute animés aussi d’un sentiment de culpabilité qu’ils se sont sentis contraints de se manifester. Ils savaient parfaitement en utilisant la faiblesse de ceux qui ne jurent que par un poste dans un organisme public qu’ils organisaient une tromperie destinée à acheter des votes.

On a ainsi pris, pour beaucoup, des agents politiques trop fatigués de travailler dans le privé pour peupler les organismes publics d’effectifs surnuméraires et inefficaces. Le paradoxe exécrable de toute cette situation, c’est que ceux qui encouragent la désertion de postes productifs dans le privé pour des sinécures “dan gouverma” sont ceux-là même qui encouragent le recrutement de la main-d’œuvre étrangère. Pour des postes les plus basiques dans les supermarchés, les stations-service, les pharmacies, les restaurants et ailleurs, les travailleurs étrangers sont désormais pratiquement partout.
Pour ceux qui auront oublié comment fonctionnaient les supposées institutions sous l’ancien gouvernement, il faut peut-être réécouter les enregistrements audio de Moustass Leaks, dont celui où on peut entendre un échange instructif entre Kobita Jugnauth avec la secrétaire administrative du Sun Trust.

Les deux dames, qui n’avaient rien à faire avec la cuisine administrative de l’État ou des organismes publics, étaient en possession de la “liste” des candidats de la LGSC et elles passaient en revue les numéros de ceux qui devaient être recrutés sur “ordre du PM”.
Sur cet enregistrement, on peut aussi entendre l’épouse de l’ancien Premier demander à l’employée du MSM que les sollicitations directes de Maneesh Gobin auprès de son oncle Dharamveer Gokool, un membre de la LGSC, soient ignorées. La méthode à l’époque étant que Pravind Jugnauth et son épouse, surtout, avaient toujours le dernier mot sur toutes les décisions, du recrutement à la promotion à la VIPSU, en passant sur ceux qui osaient s’approprier l’hymne national mauricien.

Pour ceux qui l’auront aussi effacé de leur mémoire, le président de la LGSC n’était autre que Banooduth Beeharee, celui qui, après des frasques et une drôle d’agression en public pendant qu’il était le président du conseil d’administration de l’Independent Communication and Telecommunication Authority de 2015 à 2016, avait été viré par SAJ, avant d’être repêché par le fils à la LGSC en 2020 jusqu’au renversement populaire du MSM en novembre dernier.

Voilà pour le décor qui a présidé aux recrutements illégaux de 2024. Qu’un employé perde son job, même annoncé comme précaire ou temporaire, est toujours regrettable, mais le ministre des Administrations régionales, Ranjiv Woochit, a déjà annoncé le recrutement de 3 000 personnes dans les collectivités locales. Sous des conditions que l’on espère absolument transparentes et basées sur le mérite le plus strict. Si ceux qui ont été virés répondent aux critères exigés, ils peuvent postuler et prétendre, cette fois, à un emploi définitif. Les passe-droits, les bribes électoraux, les listes de “nou dimounn”, tout cela n’a que trop duré. Le changement, c’est nettoyer, c’est la rupture avec des pratiques mafieuses passées.

À ceux qui déplorent certaines nominations — quelques-unes sont, en effet, contestables — en soutenant que certains ne bénéficient pas de chances égales, il faut les inviter à consulter les journaux et autres publications sur la toile pour constater qu’il y a, en ce moment, une pléthore d’offres d’emploi dans le public comme dans le privé.
Dans la seule édition du Mauricien de mercredi 14 mai, des appels à candidatures sont publiés pour des postes de Financial Manager, de Procurement Manager, d’IT Manager, de Commercial Analyst, de Systems Coordinator, ICT Technician, de Procurement and Supply Officer et de Tradesman à la State Trading Corporation. À la Road Development Authority, on recherche un Administrative Manager ainsi que des Accountant/Senior Accountant, Manager (Civil Engineering), Administrative Officer, Technical and Mechanical Officer, Human Resource Officer/Senior Human Resource Officer, Systems Administrator et Technical Officer (Civil Engineering). Autant de postes à pourvoir aussi dans la police, la Tourism Authority, à la GRA, à la Mauritius Ports Authority ou à la SICOM et dans les banques.

Au lieu de se transformer en drogués de la critique gratuite sur la toile et en adeptes du commentaire définitif sur ce qui s’avère le plus souvent des fake news, ces esprits chagrins, qui voient des dinosaures partout, peuvent toujours postuler, la voie étant tracée pour des recrutements ouverts aux plus méritants. Dans cette même veine, il est utile que le ministère de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale ait, par le biais d’un communiqué émis hier, clarifié la situation à la National Empowerment Foundation, objet de critiques les plus infondées, farfelues et délirantes après l’annonce de la conformation de la nomination de Hootesh Ramburn et Axcel Cheney à la présidence et à la direction de la NEF. Il a été rappelé que le choix des personnes annoncées suit un appel à manifestation d’intérêt depuis janvier et que ce sont les plus méritants qui ont été retenus pour les postes de direction.
Heureusement que, dans ce paysage que certains voudraient présenter comme étant celui du “tout va mal” et les images inacceptables de policiers prompts à utiliser la force que l’on croyait d’un autre temps, il y a de réelles avancées. Parce qu’elles ne sont pas polémiques, parce qu’elles échappent à la compréhension populaire faute de relais adéquat des médias, les importants textes votés les mardis passent inaperçus, alors qu’ils sont porteurs d’espoir d’un dépoussiérage trop longtemps retardé et repoussé de nos vieilles lois.
Un rappel de ce qui a été déjà accompli ne serait pas de trop. Question de pédagogie et de communication.

Josie Lebrasse

 

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