Face aux ravages de la drogue à travers le pays, le travailleur social Raouf Khodabaccus demande au gouvernement d’agir contre les trafiquants de drogue dans les meilleurs délais. Au cas contraire, « mo pou remet mouvman anti-mafia debout. » Ce groupuscule usait de la violence dans les années 90 pour « nettoyer » certains quartiers. Néanmoins, il affirme qu’il optera pour cette mesure qu’en cas de dernier recours. Auparavant, il compte balancer les noms des trafiquants en public et même citer des entreprises, engagées dans le blanchiment de l’argent de la drogue. Puis, lui et ceux qui souhaitent le rejoindre vont manifester devant des institutions censées lutter contre le trafic de drogue.
Lors d’un point de presse tenu à Port-Louis hier, Raouf Khodabaccus estime que la situation est extrêmement grave dans le pays. « Il y a eu deux meurtres liés à la drogue. Christine Foolchand a été tuée par son fils toxicomane alors que Reade Boodhoo a trouvé la mort aux mains de son neveu toxicomane. Ena landrwa pe vann ladrog kouma dan fensifer. Trafikan ladrog pe fer boufon avek lotorite », dénonce-t-il. Maîtrisant le terrain, Raouf Khodabaccus affirme que beaucoup de familles souffrent en silence. « Ena fami pe bizin kasiet pou pa gagn dezoner. Mwa mem mo konn enn avoka so tifi pe droge. Me li pe bizin res trankil », fait-il comprendre.
Il réitère le fait que l’Alliance du Changement avait mené campagne l’année dernière pour lutter contre la drogue et les trafiquants. « Les politiciens doivent agir maintenant », estime Raouf Khodabaccus, qui demande au gouvernement d’apporter des amendements au cadre légal. Il cite par exemple le fait que des drogués vendent des bijoux volés aux trafiquants pour se procurer leurs doses. « Comment les trafiquants arrivent à vendre tout cet or en dépit des lois existantes. Existe-il une connivence entre certains bijoutiers et les trafiquants ? » se demande-t-il. Idem en ce qui concerne l’achat de la drogue par les barons. « Kot zot gagn sa kantite deviz la pou aste la drog deor? Kouma zot pe gagn dolar ek euro ? »
Le travailleur social lance un appel au Premier ministre, Navin Ramgoolam, pour donner l’ordre à la police de sceller les propriétés des trafiquants et saisir leurs biens. Il est d’avis que le National Agency for Drug Council ne fait pas peur aux trafiquants.
Citant le cas du meurtre de Reade Boodhoo, qui est son voisin, Raouf Khodabaccus dit connaître le présumé meurtrier également. « Kadeer Boodhoo était un très bon garçon. Il travaillait comme ingénieur informatique dans une grande compagnie et il est marié et père d’un enfant. Il s’est mis à se droguer en cachette. Six mois après, il a fini par tuer son oncle », dit-il. Il a montré à la presse une photo du présumé meurtrier avant et après son addiction à la drogue. « Sa famille est anéantie, de même que celle de Reade Boodhoo. Azordi fami inn vinn lenmi ar fami akoz ladrog », poursuit le travailleur social.
Par ailleurs, Eshan Madar dont son épouse était hospitalisée en ICU après un cambriolage commis chez lui par des toxicomanes, tire la sonnette d’alarme. « Les autorités ne font pas assez dans la lutte contre la drogue », croit-il savoir. Il affirme que des taxis moto sont présents dans certains quartiers à Port-Louis pour transporter des toxicomanes chez les revendeurs de drogue. « Ou pey Rs 100, li amenn ou aste ladrog ek revini. Enn zourne zot roule mem, zot revini ar ladrog. Zis lapolis ki pa kone », révèle-t-il. Idem selon lui pour certaines personnes qui Kas Poz pendant toute la journée dans certains endroits spécifiques pour surveiller les mouvements de la police afin que la vente de la drogue puisse se faire sans problème. « Abitan kone ki tabazi pe vann ti-papie, ou fer mwa kwar ki sanse lapolis pa kone? » fait-il encore comprendre.