Souveraineté sur les Chagos: épilogue !

L’accord conclu entre le Royaume-Uni et Maurice – et signé par le Premier ministre Navin Ramgoolam et son homologue britannique, sir Keir Starmer – a été accueilli avec joie et émotion presqu’à l’unanimité dans le pays. Il a été célébré vendredi par le chef du gouvernement Navin Ramgoolam, par le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger et tous les membres du gouvernement et les députés auxquels se sont joints les membres du Groupe Réfugiés Chagos. L’accord a aussi été accueilli par l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth et par le chef de l’église catholique, Jean-Michael Durhône. Les principaux partis de l’extrême gauche ont contemplé l’exercice de la souveraineté de Maurice avec des réserves quant au maintien de la base militaire américaine à Diego Garcia.
Ce que beaucoup de bien-pensants à Maurice pensaient ne jamais se réaliser est maintenant chose faite. « L’exil des Chagossiens est maintenant terminé. » Même l’appellation de Groupe Réfugiés Chagos est dépassée et devrait plutôt devenir Groupe chagossiens mauriciens alors que le BIOT est désormais bien enterré. Le drapeau brandi par les Chagossiens britanniques pour manifester contre la souveraineté mauricienne sur les Chagos n’a plus de sens puisque le BIOT n’existe de plus. Maurice a enfin retrouvé sa souveraineté sur les Chagos.
Aujourd’hui c’est la genèse bouleversante du parcours des Chagossiens qui revient en mémoire. Jetés comme du bétail sur les quais à Port-Louis après avoir été déracinés contre leur gré de leur terre natale, ils n’ont jamais baissé les bras et n’ont jamais perdu la foi de retrouver un jour la terre promise, c’est-à-dire leur terre natale. Pour la première fois, ils pourront s’y rendre sans aucune contrainte pour prier sur les tombes de leurs ancêtres dans l’attente de leur installation. Leur résilience a largement contribué au succès aujourd’hui. Le début de leur lutte n’a pas été facile. Toutes ces femmes dont les noms sont célébrés aujourd’hui ont dû affronter la Riot Unit pour que leurs droits soient reconnus par les Mauriciens. Leurs cris ont été entendus par des personnalités comme Ti-Moignac, Paul Bérenger, les frères Michel et beaucoup d’autres bienfaiteurs. Vendredi, un hommage leur a été rendu par le Premier ministre qui n’a pas oublié la contribution de l’ancien Premier ministre sir Anerood Jugnauth.
Que ce soit sur le plan politique, parlementaire ou juridique, la lutte a été longue. Le Premier ministre a résumé en quelques mots la lutte juridique, soulignant que la stratégie tracée en 2010 avec le cas logé devant le Tribunal des Droits de la Mer a abouti à la victoire que nous connaissons aujourd’hui. Cela a servi devant la Cour internationale de Justice – et c’est grâce à cela que l’ancien gouvernement conservateur britannique avait commencé les négociations avec le gouvernement mauricien. Le Labour Party britannique a poursuivi sur la même voie.
Aujourd’hui, les points clés de cet épilogue sont que le
Royaume-Uni a officiellement reconnu la souveraineté de l’Île Maurice sur l’archipel des Chagos, mettant fin à plus de 60 ans de lutte politique, diplomatique et juridique. L’accord prévoit que le Royaume-Uni conservera un bail de 99 ans sur la base militaire stratégique de Diego Garcia. Le prolongement pour 40 ans devrait se faire avec l’accord du gouvernement mauricien. En contrepartie, le Royaume-Uni versera à Maurice un paiement annuel de 165 millions de livre sterling à Maurice pendant 28 ans, et 120 millions de livres sterling par la suite.
L’accord, salué comme une « victoire historique » à Maurice, est considéré comme « vital pour la protection et la sécurité » par le gouvernement britannique.
Cet accord représente un tournant majeur dans l’histoire des relations entre le Royaume-Uni et Maurice car il marque le parachèvement du processus de décolonisation non seulement de Maurice mais de l’Afrique.
La phrase de l’accord qui restera gravée dans notre mémoire est la suivante : « Mauritius is sovereign over the Chagos Archipelago in its entirety, including Diego Garcia. » La balle est actuellement dans le camp britannique qui doit passer par le parlement pour ratifier cet accord. Les débats seront suivis avec intérêt à Maurice.

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Jean Marc Poché

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