- Le cri du cœur de la famille Toussaint face à un enchaînement médical tragique
En ce dimanche de Fête des Mères, alors que beaucoup célèbrent l’amour maternel autour d’un repas ou d’un bouquet de fleurs, Géraldine Toussaint, 47 ans, vit cette journée avec un cœur lourd. Entourée de son mari et de ses enfants, elle ne peut pourtant serrer dans ses bras la petite Imaïa Heaven, née prématurément il y a deux mois. Clouée au lit, elle regarde impuissante les jours passer, tandis que son nouveau-né, fragile, navigue d’une unité de soins à l’autre. La famille dénonce aujourd’hui une succession de négligences médicales qui, selon elle, ont mené à cette situation dramatique.
C’est Aurélie, la fille aînée de Géraldine, qui prend la parole pour raconter le calvaire vécu depuis deux ans. Le drame débute en août 2023, lorsque sa mère subit une biopsie à la suite de douleurs au sein. En septembre, le verdict tombe : cancer du sein droit de stade 2. Les traitements débutent en octobre au New Cancer Hospital de Phoenix. Géraldine entame une série de 17 chimiothérapies.
Sur recommandation médicale, elle arrête toute contraception. On lui dit que, vu son âge, la ménopause devrait s’installer. Pourtant, ses cycles menstruels persistent. En juillet 2024, elle signale pour la première fois l’absence de règles. “Le médecin aurait dit à Géraldine que ce n’est pas grave. De toute façon, elle entre en période de ménopause’”, relate Aurélie. En août, un scanner révèle un fibrome. L’hôpital décide d’attendre la fin des chimiothérapies, prévue le 23 octobre 2024, avant toute intervention.
Un long parcours médical semé d’incompréhensions
Mais le 17 octobre, un nouveau scan montre une évolution : “Inn dir li fibrome la pré are so lacaz baba”, raconte Aurélie. Une lueur d’espoir apparaît toutefois : la rémission du cancer. “Ti repli ena cancer. Li tien guéri docteur inn dir’”.
Une grossesse inattendue et un suivi défaillant
Les douleurs de plus en plus aiguës amènent Géraldine chez un médecin privé le 5 novembre. Le choc est immense : elle est enceinte de quatre mois. Une grossesse méconnue, développée malgré les traitements agressifs. “Tan leker bébé pe bâter tout même zour. Enn sok pou nou tou”, confie Aurélie, émue. Le médecin recommande un suivi urgent.
Mais au New Cancer Hospital, la patiente est simplement redirigée vers l’hôpital de Rose-Belle, sans prise en charge particulière. À Rose-Belle, le gynécologue s’indigne. Géraldine doit retourner d’urgence au New Cancer Hospital. “Nounn perdi enn journée. Nounn bizin réale lopital Cancer kot dossier inn perdu sa fois la. Même carte la zot ti garder”, déplore Aurélie.
Un accouchement sous haute tension
Le 6 mars, de retour d’un simple check-up de grossesse, Géraldine fait une crise d’hypertension. “Mo mama ti pe kimé. Li pe fer enn crise tension”, se souvient Aurélie. Géraldine est hospitalisée d’urgence, victime d’éclampsie. L’accouchement est précipité. À sept mois, Imaïa Heaven naît prématurément et doit être placée au NICU. Si Géraldine retrouve elle son domicile le 12 mars, ce n’est que le début d’un nouveau cauchemar.
Des métastases inattendues et une détérioration rapide
À peine quelques jours plus tard, sa famille note une faiblesse sur le côté gauche de son corps. Les examens confirment un diagnostic terrible : “Li ti ena métastase ek ti ena deux tumeurs dans so la tête”, dit Aurélie, la voix tremblante. Géraldine est transférée à nouveau au New Cancer Hospital, puis au service de radiothérapie de l’hôpital de Candos.
Un mois plus tard, elle rentre chez elle, mais sa condition ne lui permet pas de s’occuper de sa fille. C’est Aurélie, déjà mère de trois enfants, qui prend le relais. “Mon papa a des problèmes cardiaques et ne peut pas travailler… Notre situation n’est pas évidente, surtout avec deux petits frère et sœur sans compter mes enfants”, explique-t-elle.
Une petite fille fragile, une mère alitée, une famille en détresse
L’état de santé d’Imaïa Heaven demeure préoccupant. Sortie de l’hôpital, elle souffre d’une hernie nécessitant une opération et régurgite constamment. Cette semaine, elle a rendez-vous à l’hôpital ENT de Vacoas pour un nouveau suivi. Pendant ce temps, Géraldine reste alitée, incapable de tenir son enfant.
La famille vit dans la précarité. “Li pa facile. Li pa suffisant parski mo papa pa travay ek nou pe bizin fié lor dimoun”, dit Aurélie, évoquant l’allocation de sa mère comme seule source de revenus.
Une plainte qui reste lettre morte
Face à ce qu’elle considère comme des défaillances médicales en série, la famille Toussaint a déposé une plainte auprès du ministère de la Santé. Elle est redirigée vers le New Cancer Hospital. Mais là encore, les réponses se font attendre. “Couma si linn fer fut li même pou guet dossier la”, s’insurge Géraldine. Lors de leur dernière visite, le dossier médical est introuvable. Une journée d’attente, pour rien.
Aurélie promet de ne pas baisser les bras. “Li pa facile kan ou mama alité, ek ena enn bébé lor lébra pou occuper et bizin monter dessin ale fer plainte. Mais nou bizin gagn enn lajustice parski lopital pa finn trouve bébé, zot inn dir tumeur, après enn sel coute, métastases, ek zordi, mo mama pa kapav bouger”.
Un cri pour la justice
Ce que demande la famille Toussaint aujourd’hui, ce n’est pas seulement un accompagnement médical plus humain. C’est une reconnaissance de leurs souffrances. Une responsabilité assumée. Une justice rendue. En ce jour dédié aux mères, Géraldine Toussaint reste alitée, privée de moments tendres avec sa fille. Mais sa voix, relayée par sa fille Aurélie, résonne avec une force bouleversante : un appel à ne pas laisser une autre famille vivre le même cauchemar.