Elle envisage de céder ses services au sol : vers une nouvelle cure d’amaigrissement pour Air Mauritius 

  • Dialogue social en mode pause

Un vaste plan de sous-traitance se dessine en coulisses chez Air Mauritius (MK), avec la compagnie émiratie Dnata en ligne de mire pour reprendre l’ensemble des services au sol. Selon des sources concordantes, les discussions entre les deux parties sont déjà bien avancées. Dnata, entreprise spécialisée dans les services aéroportuaires et dont le représentant à Maurice  serait le proche d’un gradé du pouvoir, dispose de ses propres équipements et de son personnel. Si l’accord est conclu, cela signifierait une externalisation totale des opérations au sol de MK — une étape supplémentaire vers la réduction structurelle de la compagnie nationale.

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Un département stratégique menacé de disparition

Les opérations au sol concernent plusieurs fonctions essentielles : enregistrement des passagers, manutention des bagages, assistance en piste, fret et services de cargo. Ce sont des centaines d’employés qui pourraient voir leur avenir bouleversé. Les plus âgés seraient forcés à la retraite dès 60 ans, selon une déclaration récente du CEO Kishore Beegoo à la radio. Les plus jeunes, eux, seraient redéployés dans d’autres services internes… dans la mesure du possible.

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Cette initiative s’inscrit dans une logique plus large de restructuration amorcée depuis plusieurs années sous la houlette d’Airport Holdings Ltd (AHL), maison-mère d’Air Mauritius. Si MK continue à déléguer ses fonctions clés à des prestataires externes, elle risque de se réduire à une simple coquille vide, sans véritable capacité opérationnelle. AHL, de son côté, se consoliderait comme entité holding, concentrée sur la gestion d’actifs et la supervision stratégique.

Une situation bloquée sur le front des relations industrielles

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Parallèlement, le dialogue social est à l’arrêt chez Air Mauritius depuis plusieurs mois, voire années. Plusieurs cas en suspens devant la Commission de Conciliation et de Médiation (CCM) — certains remontant à plus de deux ans — n’ont toujours pas été résolus. Cela concerne des travailleurs issus de différentes unités syndicales. S’il est vrai que certains dossiers impliquent des fautes avérées, d’autres relèvent de litiges non tranchés où les employés seraient victimes d’atermoiements délibérés de la direction.

« MK utilise des tactiques de retard systématiques », déplore une source syndicale. « Tant que rien n’est décidé, les travailleurs restent dans l’incertitude, ni blanchis ni sanctionnés. »

Une logique de démantèlement accéléré ?

Pour de nombreux employés et observateurs du secteur, ce projet de cession des services au sol à Dnata constitue une étape cruciale, voire irréversible, du démantèlement progressif d’Air Mauritius. Ce n’est plus seulement une question de survie financière, mais bien de modèle économique : MK continue de déléguer ce qui faisait sa substance même, tout en maintenant une gouvernance centralisée sous AHL.

Le risque à terme ? Un affaiblissement profond de l’identité d’Air Mauritius, au profit d’un opérateur sous-traitant plus rentable, mais aussi plus éloigné des réalités sociales locales.

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