- Père Gérard Mongelard : « L’identité raciale conduit beaucoup à la pauvreté »
Dans le but de mieux appréhender les diverses formes de pauvreté et être mieux à même de les combattre, l’Eglise a démarré, hier, ses consultations des acteurs du terrain en contact direct avec les pauvres. C’était lors d’une première rencontre interactive d’une demi-journée au collège de Lorette de Rose-Hill, en présence notamment de l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michael Durhône, et du ministre de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, Ashok Subron.
Les ravages de la drogue, l’échec scolaire, le mal-logement, le surendettement et la vie chère, les crimes divers qui conduisent irrémédiablement à des peines d’emprisonnement, l’exclusion : autant de sujets abordés lors des témoignages durant cette demi-journée d’échanges interactifs. Des prises de parole souvent bouleversantes qui n’ont pas laissé insensibles tous ceux présents.
Comme quand en cette veille de la Fête des Mères, une dame âgée a témoigné en pleurs et à chaudes larmes de toute la souffrance qu’elle vit quotidiennement à cause de son fils pris dans l’enfer de la toxicomanie. L’autre témoignage qui aura surtout retenu l’attention est celui de cette jeune femme victime de commentaires désobligeants frisant le racisme en raison de ses origines créoles.
Issue d’un milieu modeste, elle devait expliquer qu’elle est parvenue à gravir les échelons grâce à son parcours éducatif réussi. Seule au sein de sa famille à avoir eu la chance de faire des études supérieures, ne voilà-t-il pas que quand elle prend de l’emploi au sein d’une grande institution bancaire, des collègues hautains lui demandent sur le ton du mépris : « Kouma to’nn ariv la twa ? »
C’est ainsi que quand il a été invité à résumer cette demi-journée d’interactions autour de la pauvreté, le père Gérard Mongelard, vicaire épiscopal chargé des questions sociales, a pointé du doigt l’identité raciale comme le facteur décisif de l’exclusion qui conduit beaucoup de personnes à diverses formes de pauvreté. « Kan zot get ou, zot get ou kouler, ki kalite ou seve, ki ou nom ! »
Pour le prêtre catholique, qui parlait en présence notamment du ministre de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, Ashok Subron, l’on ne peut continuer à identifier des compatriotes comme faisant partie de cette énigme identitaire que l’on appelle presque pudiquement « Population Générale ». « Ki ete sa ? Ki sa vedir sa ? » s’est-il demandé.
Intervenant brièvement pour sa part, l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michael Durhône, n’a pas manqué de faire le lien entre cette première rencontre à l’écoute des pauvres avec le verset tiré du Livre de l’Exode où Dieu dit à Moïse qu’il s’apprête à l’envoyer pour libérer son peuple de l’esclavage en Egypte : « J’ai entendu le cri des pauvres ».
Le ministre Subron a quant à lui surtout évoqué le dilemme qui consiste pour son ministère à prendre des actions contre les responsables des maisons de retraite impliqués dans des activités illégales et criminelles, et en même temps trouver des lieux alternatifs pour reloger ces retraités.
Cette première rencontre d’hier se poursuivra en juillet, quand le comité d’organisation sera à l’écoute des prisonniers. Deux autres rencontres suivront en septembre et en octobre avant la tenue des Assises de la Pauvreté qui coïncidera le 17 novembre avec la Journée Mondiale de la Pauvreté initiée par le Pape François en 2017.