L’impossible rêve

La reconnaissance formelle et définitive de la souveraineté de la République de Maurice sur l’archipel des Chagos dans son entièreté, actée le 22 mai 2025, est et restera une date historique. 

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Inutile donc de se disputer sur qui a le plus fait ou qui sont ceux qui, se sentant redevables envers l’Histoire, surtout autour des pourparlers de Lancaster en 1965, se sont résolus à mener un ultime combat qui a conduit à la conclusion heureuse d’un dossier riche en rebondissements depuis six décennies. Il faut voir le résultat final qui est considérable.

Ce qui importe, en fin de compte, c’est que ce qui était pour beaucoup – les grands sceptiques et les plus défaitistes – un impossible rêve, un objectif inatteignable, est aujourd’hui une réalité signée et chiffrée. Tout reste à faire pour le retour des Chagossiens sur les îles Salomon et Peros Banhos et pour d’éventuelles visites des Mauriciens. Du pain sur la planche aussi pour que des projets économiques viables et durables voient le jour sur notre territoire retrouvé.

C’est une grande victoire et une énorme fierté, non pas pour quelques individus, mais pour la République dans son intégralité et pour tous les Mauriciens, Rodriguais, Agaléens et Chagossiens. En attendant de trouver un nom pour les habitants de Tromelin, peut-être les Tromelinois ! Nous sommes, en tout cas, riches d’un vaste territoire et à nous de faire en sorte de bien maîtriser notre destin, de relever les défis, de réussir et d’en faire un exemple pour le monde. Au travail, donc.

Ici aussi, ça pourrait être le rêve impossible ou le cauchemar avéré, celui d’un groupuscule, présenté comme incarnant un idéal, mais qui a été le premier à se fracasser sur les récifs imprévisibles et piégeux du pouvoir.

Qui aurait pu croire que Resistanz ek Alternativ serait le premier parti à se retrouver en plein tourment pour une histoire de copinage et d’ingérence externe dans la désignation des dirigeants d’une organisation qui a pour mission de combattre la pauvreté !?

Cette affaire était mal embarquée depuis le début. Pour se démarquer de leurs collègues, accusés de nommer leurs partisans même lorsque leur compétence est indiscutable, les animateurs de ReA avaient décidé de se singulariser un procédant à un appel à manifestation d’intérêt pour la composition du conseil d’administration de la National Empowerment Foundation (NEF).

Très bien jusque là.  C’est ce que nous avions pensé et écrit à tort la semaine dernière, même avant de découvrir que tout l’exercice était, en fait, vicié. C’est un postulant écarté, sur lequel il y a quelques interrogations et non des moindres, qui a sonné l’alerte sur les conditions de la désignation des membres du board de la NEF.

On aura ainsi appris que ce sont les membres du parti qui ont fait le tri et que c’est Kugan Parapen ainsi que la compagne du ministre Subron, Dany Marie, qui ont conduit les entretiens d’embauche. Une telle situation est inacceptable, quel que soit l’angle sous lequel on veut bien le considérer. Il y a là tous les ingrédients du népotisme et du conflit d’intérêts.

Des animateurs de parti n’ont rien à faire dans ce genre de choix. Soit ils font comme les autres et désignent ceux qui semblent pouvoir faire le travail, soit ils vont jusqu’au bout de leur logique et confient à des entreprises spécialisées dans le recrutement ou des chasseurs de tête ce travail qui aurait alors vraiment eu le mérite de la transparence et de l’indépendance.

Nouveauté, noviciat, naïveté. C’est sans doute un peu de tout ça qui a conduit ReA dans ce tourbillon dont il a visiblement du mal à se dépêtrer. Cette affaire a aussi été l’occasion en interne de faire quelques révélations sur le fonctionnement de cette formation.

C’est aujourd’hui que l’on commence à parler ouvertement de la place plus que prépondérante qu’occupe Dany Marie, dont les qualités de militante ne sont absolument pas remises en question. Lors de discussions en vue de la conclusion d’une grande alliance de l’opposition menée par Navin Ramgoolam, ReA avait insisté pour une troisième candidature.

L’agrément obtenu, ReA avait d’abord, en toute logique, proposé David Sauvage sauf qu’ils furent quelques uns à s’étonner qu’il n’y ait aucune femme sur la liste de ce parti qui se revendique progressiste. ReA avait alors proposé le nom de Dany Marie, ce qui fut accueilli avec d’énormes pincettes de part et d’autre. Et c’est finalement Babita Tannoo qui fut choisie et, là aussi, pour la circonscription considérée comme un guet-apens électoral, celle d’un Premier ministre sortant, un défi qu’elle a relevé avec brio !

Mais dès l’installation d’Ashok Subron comme ministre et Kugan Parapen comme son Junior, ReA a opéré une véritable OPA sur la Sécurité Sociale. Le ministère organise les assises des ONG et c’est Stéphane Gua, membre du parti, qui assure l’animation. Le ministre va effectuer une visite surprise à la frauduleuse maison de retraite de Fieldview à Mon Goût et c’est sa compagne qui marche dans ses pas. À quel titre ? Personne n’avait compris cet étrange mélange des genres jusqu’à l’éclatement de l’affaire de la NEF.

Quant au directeur désigné de la NEF, Axcel Cheney, même s’il est animé de bonnes intentions, il est quand même incongru que quelqu’un qui vient tout juste d’être nommé par un conseil des ministres s’autorise des jugements de valeur sur des tiers dont le Président de la République. Où est la réserve attendue d’un dirigeant d’un organisme public ? Cela n’est pas de la liberté de parole, mais de l’insulte gratuite.

Et lorsque ses commentaires antérieurs refont surface comme ceux qu’il a fait sur Rajesh Bhagwan qualifié “d’exécrable”, il aurait d’abord pu essayer de se faire élire une seule fois au lieu de déverser sa bile sur quelqu’un qui a été plébiscité à toutes les élections depuis 1983. Il entretient l’ambiguïté sur son poste de directeur de la NEF ? Ah bon ! Il sait, sans doute, qu’il s’est déjà complètement grillé ?

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