Affaire Fréjus-Toulon – Alexis Wiehe, prêtre en reconversion artistique :« J’ai été victime de maltraitance, de harcèlement moral, de diffamation… »

Au début de 2023, le diocèse de Port-Louis relaie des informations transmises par celui de Fréjus-Toulon concernant la suspension du père Alexis Wiehe, prêtre mauricien incardiné dans ce diocèse français. Selon le communiqué, le prêtre ferait l’objet d’instructions civiles et canoniques pour avoir à plusieurs reprises manqué à son engagement au célibat sacerdotal. L’évêque signataire du communiqué, Mgr Dominique Rey, est lui-même poussé à la démission par le Vatican quelque temps plus tard. En cause : de graves dysfonctionnements dans la gestion du diocèse, notamment sur le plan financier, ainsi que des « erreurs d’appréciation et de discernement », selon Rome, dans l’accueil de certaines communautés religieuses. L’affaire Alexis Wiehe fait alors grand bruit. Dans un communiqué personnel, le prêtre reconnaît que « le célibat n’a pas été facile à vivre ». Il y annonce avoir adressé une demande au Pape pour être relevé de ses obligations sacerdotales et exprime sa volonté de « rétablir la vérité ». C’est à Poste-Lafayette, dans un cadre paisible et proche de la nature, que nous avons rencontré le prêtre suspendu. Il attend toujours une réponse officielle du Vatican. Mais en parallèle, Alexis Wiehe a entamé un nouveau chemin. Il s’est tourné vers l’artisanat, a obtenu un diplôme en management des organisations nationales et internationales à la solidarité et prépare une première exposition. S’il n’est pas encore prêt à tout dire sur les coulisses du communiqué de Fréjus-Toulon, sa démarche actuelle — centrée sur la création, l’humain et la reconstruction — l’encourage à s’exprimer sur certains aspects de cette affaire.

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l  Vous exposerez (ndlr : voir encadré) vos créations dans quelques jours. Cette sortie publique pourrait ramener en surface d’une manière ou d’une autre votre suspension par l’Église il y a deux ans. Y êtes-vous préparé ?

Je ne sais pas si je suis entièrement préparé à cela. Mais je crois que certaines étapes m’y ont conduit. Après des mois durant lesquels je n’ai pratiquement vu personne, une petite ouverture s’est présentée grâce à mes activités artisanales, qui m’ont permis de me reconnecter aux autres. Aujourd’hui, je me sens prêt. Je ressens le besoin de sortir d’une vie trop retirée. J’ai besoin d’un équilibre : le silence et la solitude me sont nécessaires, à la fois pour mon travail et pour ce que je vis intérieurement. Mais je reste un être humain, avec un profond besoin de contact. J’ai toujours eu une vie très relationnelle. Aujourd’hui, après un cheminement intérieur, je me sens plus disponible pour une reconnexion humaine et la poursuivre avec des personnes que j’apprécie. Cette exposition sera une manière de dire que je suis là, sous une autre casquette — non pas celle du prêtre, mais celle de l’artiste. Il ne faudra donc pas attendre de moi des conseils spirituels, religieux ni de sacrements. Ce ne sont plus des choses que je peux offrir aujourd’hui. En réalité, je ne sais pas ce que cette sortie donnera. Mais j’y vais sereinement, parce que je sens que le moment est venu. Il y a une part de risque, certes, mais je suis prêt à la prendre.

l  Dans un communiqué, en avril 2023, vous écriviez : « Je m’exprimerai plus longuement afin de rétablir la vérité ». Quelle est votre part de vérité dans cette affaire survenue à Toulon ?

D’abord, il faut savoir que j’ai dû faire ce communiqué pour pouvoir rentrer à Maurice. Rentrer à Maurice était un besoin vital pour moi. Je ne voulais pas forcément m’exprimer publiquement, mais c’était la condition posée pour mon retour. L’évêque de l’époque me l’a demandé. Face à la violence des communiqués de l’Église à mon égard, je ne pouvais pas simplement faire comme si j’étais d’accord avec tout cela, comme si j’acceptais ce qui se passait. J’éprouvais certes de la colère et, par moments, l’envie de régler des comptes avec certaines personnes. Mais je ne voulais pas non plus entrer dans une logique de guerre ou de jugement. Je n’étais pas prêt à m’exprimer. Si je m’étais exprimé sous le coup de la souffrance que je ressentais alors, j’aurais pu être maladroit et envenimer encore plus la situation. Ce n’était pas mon but. Je me disais qu’un jour, j’aurais l’occasion de m’exprimer. Je ne pense pas que ce moment soit encore venu aujourd’hui. Mais me basant sur des faits objectifs, il y a eu de la maltraitance psychologique. Mais comme on est souvent mal placé pour avoir soi-même un jugement équilibré, je me suis adressé au nouvel Évêque de Toulon, puisque Mgr Rey avait été sanctionné par le Vatican. Je suis en contact avec son successeur, Mgr Touvet, qui est pour moi la personne la mieux placée pour poser un regard juste et équilibré sur ma situation ayant accès à plusieurs paramètres. Je lui ai demandé son avis sur ma situation et je l’ai même rencontré. D’ailleurs, nous sommes toujours en contact. Il m’a demandé six mois, le temps de faire sa propre enquête, avant de me donner son analyse. Six mois plus tard, en décembre 2024, il me dit ceci : « Alexis, l’Eglise vous a malmené. » C’est une parole qui rejoint mon sentiment, celui d’avoir été victime de maltraitance, de harcèlement moral, de diffamation, de dénonciation calomnieuse. Je pèse mes mots.

l  Pouvez-vous préciser de qu’elle Église Mgr Fouvet fait référence ?

Il ne parle que de l’Église de Toulon. La violence du communiqué, ainsi que le non-respect des droits canoniques et civils, sont flagrants : j’ai été traité comme un criminel, un coupable, alors même que je n’ai jamais eu l’occasion de m’exprimer sur quoi que ce soit. Tout cela relève de Toulon. À Maurice, l’Église a été dépassée par la situation. Dans une certaine précipitation et face à la difficulté d’évaluer les faits — car elle ne disposait pas de tous les éléments —, elle s’est contentée de relayer ce qui venait de Toulon. Cela dit, je pense sincèrement qu’il y a eu de la malveillance de la part de certaines personnes. Quand on me dit que « l’Église vous a malmené », il faut comprendre que cela passe par des personnes concrètes, et non par l’institution dans son ensemble. On a parlé de procès et de plaintes, alors qu’il n’y en a jamais eu. Je ne suis pas là pour juger qui que ce soit ni pour donner des noms. Mais c’est une situation qui abîme… On se sent diminué. L’estime de soi en prend un coup. Et il faut du temps pour se reconstruire.

l  En 2023, le vicaire épiscopal du diocèse de Port-Louis, Jean-Maurice Labour, a commenté votre affaire dans nos colonnes, déclarant en passant qu’il avait « honte » pour son Église. Vous en souvenez-vous ? Comment aviez-vous réagi à l’époque ?

Je m’en souviens très bien. Cela m’a fait très mal. Le journaliste qui avait réalisé cette interview posait les bonnes questions ; il semblait bien informé sur ce qui se passait alors à Toulon, où il y avait de graves dysfonctionnements. Ici, en revanche, il régnait une certaine — voire une grande — naïveté. Jean-Maurice Labour a sans doute été surpris par la pertinence des questions. Mon impression est qu’il a été déstabilisé, car ces questions étaient justes, et il a réagi de manière maladroite. Il est allé trop loin — c’est d’ailleurs pour cela que je parle de dénonciation calomnieuse. En effet, quand Jean-Maurice Labour affirme « qu’il y a eu un signalement contre Alexis Wiehe à Maurice », c’est une contre-vérité. Cela s’appelle une diffamation. Ma grande consolation a été le nombre de messages de soutien — y compris de personnes que je ne connais pas — que j’ai reçus. Mon compte WhatsApp a littéralement explosé, au point où j’ai fini par supprimer l’application : c’était trop d’émotions à gérer. Je ne lisais même plus ce qui paraissait dans la presse. Je ne remercierai jamais assez toutes ces personnes qui m’ont témoigné leur solidarité à un moment où j’étais au plus mal. Leur soutien m’a donné de la force, d’autant qu’elles n’ont pas été dupes du communiqué de Toulon. Elles ont perçu qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Cela m’a fait énormément de bien, surtout dans une période où je ne pouvais pas prendre la parole publiquement. Beaucoup ont continué à prier pour moi — et cela a été une très grande consolation. D’ailleurs, jusqu’aujourd’hui, certains continuent à offrir des messes pour moi, ce qui me touche profondément.

l  Comment s’organise votre vie lorque vous rentrez à Maurice en mai 2023 ?

Très simplement, je ne voulais voir personne. J’avais besoin de silence, de solitude… Mes parents, qui ont très bien réagi et m’ont apporté un soutien précieux, m’ont mis un lieu à disposition. Ce n’était pas facile pour eux — ce fut un choc. Mais grâce à eux, ma vie a pu s’organiser autour de cet endroit, un point d’ancrage au bord de la mer, proche de la nature. J’avais besoin d’apprendre à vivre autrement : de mon travail, de mes œuvres. J’ai commencé à faire un peu d’élevage, à planter des légumes… Ma vie s’est construite autour de cet espace qui m’a été offert, dans une quête de simplicité, de reconnexion avec la nature et d’apprentissage. J’ai appris à bricoler, à faire des choses que je ne connaissais pas. Et pendant un an, je me suis aussi projeté pleinement dans mes études.

Aviez-vous alors rencontré l’évêque de l’époque, Maurice Piat ?

Je suis arrivé en mai 2023, à un moment de transition marqué par la nomination de Mgr Durhône. Le Cardinal Maurice Piat était alors très pris par les préparatifs de l’ordination épiscopale. Mais dès que ces événements ont pris fin, il est venu me voir et nous avons pu échanger.

l  Si la teneur de votre échange est d’ordre privé, pouvez-vous néanmoins nous dire si vous aviez pu cette fois-là vous sentir soutenu, compris ?

Je me suis senti soutenu par le Cardinal Piat. D’ailleurs, il avait tout fait pour que je puisse rentrer à Maurice alors que l’évêque (ndlr : Dominique Rey) en France ne l’entendait pas ainsi. Il voulait que je reste dans un monastère, enfermé, sans autorisation de sortir… c’était abominable ! C’était une situation déprimante et injuste. Je ne peux que remercier Mgr Piat, qui a tout fait pour que je puisse revenir, sa seule condition était que je communique et clarifie les choses, que je ne rentrais pas en tant que prêtre et que j’avais écrit au Pape… Ce qui est très compréhensible. Cette rencontre a été très cordiale. Mais je n’étais pas prêt à revenir sur ce qui s’était passé, j’étais encore bouleversé. Toutefois, nous nous sommes rencontrés récemment et nous avons pu entrer en profondeur dans les événements.

l  Revenons sur le communiqué de Toulon. Vous laissez entendre qu’il était motivé par une intention. Laquelle ?

Je ne sais pas… Je ne comprends pas vraiment. C’est difficile de faire un procès d’intention à quelqu’un — ce ne serait pas juste. Je me pose des questions. J’ai peut-être quelques réponses, mais je peux aussi me tromper. Je préfère donc ne pas me prononcer. Avec le recul, la situation apparaît comme complexe. À l’époque, Mgr Rey était déjà dans le collimateur du Vatican. Des enquêtes sur sa gouvernance à Toulon avaient commencé. Un vent de panique s’est installé, c’est un fait avéré. Par ailleurs, en France, plusieurs scandales éclataient autour d’évêques. Ceux-ci commençaient à avoir peur, d’autant que, pendant longtemps, ils étaient perçus — du moins médiatiquement — comme intouchables. On attaquait les prêtres, parfois à juste titre, mais les évêques restaient en dehors de tout. Puis sont venues les consignes de Rome : il fallait désormais écouter davantage les victimes. Et alors que, durant des années, on avait souvent protégé des prêtres quel que soit le contexte, on est soudainement tombé dans l’excès inverse. Au moindre soupçon, on dénonçait un prêtre sans même chercher à comprendre. Beaucoup de prêtres se sont suicidés… Je les comprends. Je suis moi-même passé par des détresses intérieures très profondes. Mon histoire est survenue à un moment où plus personne ne savait vraiment comment gérer ce genre de situation.

l  D’où aviez-vous puisé la force pour ne pas sombrer ?

Sans hésiter, je peux vous dire que je n’ai jamais perdu la foi ni abandonné la prière ou les sacrements. J’ai besoin de ma vie de prière personnelle, de ce contact quotidien avec Jésus, de prier le rosaire et de me nourrir de l’eucharistie. J’ai encore besoin de me confesser, de me réconcilier régulièrement avec Dieu. Il y a eu quelques personnes avec qui je suis resté en contact et qui m’ont apporté un soutien précieux. Ce que l’on ignore, c’est que le communiqué n’est que la partie visible de cette affaire. Beaucoup de choses se sont passées en coulisses — et c’est cela, surtout, qui a été difficile à vivre.

l  Aujourd’hui, quelle est votre relation avec l’Église locale et l’Église universelle ?

Je suis toujours en contact avec l’évêque de Toulon, avec qui j’entretiens de bonnes relations. Il en est de même avec le nouvel évêque de Maurice. Tous deux savent où j’en suis dans mon cheminement. J’échange avec la communauté, je prie avec elle et je participe à l’Eucharistie. Mais comme je suis encore dans une phase de transition, je ne peux entretenir un lien pleinement vivant avec elle. L’Église universelle, je la porte toujours en moi. Je demeure catholique.

l  Votre histoire a-t-elle façonné votre regard sur les hommes qui dirigent l’Église ?

Pas à cause de ce que j’ai vécu. Je n’ai pas attendu mon histoire pour avoir un regard plus lucide. Quand on devient prêtre, on entre dans un nouveau statut. J’ai été ordonné prêtre à 29 ans. Dans ma mission, je me rendais compte que je restais Alexis, profondément humain. Et que chaque prêtre est un être humain, avec ses limites et ses failles. Jésus a choisi des disciples qui n’étaient pas parfaits : il a choisi Pierre, qui l’a renié, et Judas, qui l’a trahi. C’est ainsi qu’il a commencé son Église — avec des disciples parfois à côté de leurs pompes. Au fond, je me dis que c’est normal que l’histoire continue ainsi… À Maurice, surtout, on a tendance à mettre le prêtre sur un piédestal, comme s’il était un demi-dieu.

l  Le célibat des prêtres est une question éternelle. Ne serait-il pas temps, selon vous, que l’Église clarifie sa position ?

Il ne faut pas croire que, du fait de mon histoire, je sois forcément un défenseur de l’abolition du célibat des prêtres. Ce n’est pas, selon moi, une solution en soi. Je trouve que le modèle adopté par certaines Églises orientales — où les candidats au sacerdoce doivent, avant leur ordination, décider s’ils souhaitent être mariés ou rester célibataires — est très équilibré. Être célibataire comporte de nombreux avantages : cela rejoint la vocation monastique d’une disponibilité totale pour Dieu, pour les fidèles et pour le ministère. Mais pour certains, c’est plus difficile à vivre. L’Église catholique a fait le choix d’associer vocation sacerdotale et célibat, ce qui peut freiner certains candidats. Il existe également un trop grand tabou, en interne, autour de la question du célibat. Peut-être que cela a évolué depuis, mais quand je suis entré au séminaire en 1998, cette question était totalement absente de la formation. Il y avait, selon moi, un manque de courage de la part des formateurs, qui n’osaient pas aborder le sujet en profondeur : comment réagir si l’on tombe amoureux d’une femme ? Quelles sont les règles de prudence à adopter ? À qui peut-on se confier ? Ce silence peut être déroutant, surtout si l’on croit — à tort — que l’ordination est une forme de protection divine contre le fait de tomber amoureux. C’est une illusion ! Si l’Église choisit de maintenir la règle du célibat sacerdotal, elle doit en parler plus ouvertement, afin que cela ne reste pas un sujet tabou — ou, comme cela a été le cas pour moi, un sujet qui devient soudainement un scandale. Quand j’étais jeune prêtre à Toulon, j’ai eu l’occasion d’aborder ce sujet avec mon évêque. Pour lui, ce n’en était pas un. Mais quelques années plus tard, en voulant faire preuve de transparence en évoquant de nouveau cette vieille histoire, cela s’est transformé en scandale public.

l  À quel moment de votre vie vous avez senti l’appel du Christ ?

Dès mon plus jeune âge, je me suis senti appelé à sortir d’une vie confortable pour me mettre au service des plus fragiles — c’était, à mes yeux, plus conforme à l’Évangile. Soutenu par le père Henri Souchon et sœur Marie-Céleste, j’ai vécu mon premier engagement dans cet esprit. Vivre à Medjugorje a été une expérience décisive. À 21 ans, je servais dans une ONG dans un contexte d’après-guerre. Medjugorje est un lieu de grande spiritualité, où la Vierge Marie est apparue. J’avais, au départ, des doutes sur cette apparition, mais ils se sont vite dissipés. À mon retour, avec des amis, nous avons nourri le désir de fonder une communauté à Maurice. En portant ce projet, je me voyais prêtre, porteur de nouvelles idées pour l’Église. Mon désir de devenir prêtre est né de ces élans. Mais les projets que j’avais en tête ne pouvaient pas se concrétiser à Maurice. C’est ainsi que je me suis retrouvé à Toulon, où je suis resté pendant vingt ans…

l  À quel moment vous vous remettez en question sur le célibat ?

Parce que je savais que le célibat serait un défi, la vie communautaire représentait pour moi un véritable soutien. Le célibat ne se résume pas à la question de la sexualité, c’est surtout une question de lien affectif, de ce qui nous porte et nous encourage au quotidien. Mais j’ai aussi beaucoup idéalisé, les projets de communauté… qui, finalement, n’ont jamais vu le jour. Que voulez-vous, je suis un idéaliste. Vous savez, au moment où on décide de devenir prêtre, on se pose bien sûr la question du célibat. On se dit que cela ira, que ça se passera bien… Mais on réalise plus tard que ce n’est pas si simple, et que le célibat est un véritable défi. Pour moi, cette prise de conscience est arrivée un peu tard — à mon arrivée à Toulon, en 2001. Après mon ordination diaconale, celle de prêtre a suivi rapidement. Les projets se sont enchaînés, et je me suis retrouvé « coincé » à Toulon. C’est cela qui a été une véritable épreuve pour moi — pas nécessairement le célibat. Je tiens à dire que je n’ai pas mené une double vie pendant mon ministère. Le vrai drame, pour moi, c’est le sentiment d’avoir été retenu à Toulon contre mon gré. J’y étais venu dans le cadre d’un projet missionnaire qui devait se concrétiser à Maurice… un projet qui, finalement, n’a jamais vu le jour. Et comme par hasard, au moment où je décide de dire « ça suffit, je rentre », c’est là qu’on commence à monter un dossier contre moi ! Pourtant, l’évêque de Toulon s’était engagé, par écrit, auprès de Mgr Piat et de moi-même, à ce que je rentre à Maurice en 2020. Je suis effectivement rentré, comprenant qu’il n’y aurait finalement pas de communauté à fonder, et j’ai exercé comme prêtre à Sainte-Thérèse. Mais durant ces deux années à Maurice, j’ai subi une pression constante de la part de Toulon — une pression qui frôlait le harcèlement. Je suis donc retourné en France, en remettant sérieusement en question la suite de mon cheminement… Quand le communiqué est tombé, j’étais encore à Toulon. Ma décision de démissionner n’a pas été immédiate. Mais cela faisait longtemps que j’étais poussé à bout. Psychologiquement, c’était devenu insupportable. Je ne voyais plus d’autre issue que de partir.

l  Vous avez demandé au Pape de vous relever de la prêtrise. A-t-il agréé ?

Je n’ai pas encore reçu de réponse. Comme le veut le protocole, j’ai adressé ma demande à mon évêque, afin qu’il la transmette au Pape. C’est un processus qui prend du temps. En attendant une réponse, mon statut officiel reste celui de « prêtre suspendu ». Ce n’est pas une sanction, mais une mesure de précaution, en attendant que toute la lumière soit faite. D’un point de vue canonique, je reste un prêtre de l’Église… mais suspendu.

l  Cette situation représente-t-elle un obstacle à votre vie civile, notamment si vous envisagez une vie de couple ?

À ma vie civile, non. La preuve, je fais une exposition. Pour le moment, je n’ai pas de projet de vie de couple, de mariage ou de fondation de famille. Si cela devait arriver un jour, le plus grand service que je pourrais rendre à la personne concernée serait d’aller au bout de ce chemin de transition. Je suis heureux de cette vie que je mène aujourd’hui, de ce rythme sain… Le contact avec la nature.

l  Le mot de la fin ?

Quelles que soient les épreuves inattendues de la vie, chaque être humain a un nouveau chemin à découvrir. Je crois en la lumière qui se manifestera en temps voulu pour permettre d’avancer. Chaque situation douloureuse nous prépare à une ouverture nouvelle, souvent imprévisible.

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