Recensement ethnique : “Assez d’invisibilisation”, clame Ansam Sitwayen face au refus de l’État

Malgré des engagements internationaux, « le gouvernement mauricien continue d’ignorer les appels à la justice historique pour les personnes d’ascendance africaine ». Lors d’un point de presse, Bruneau Laurette, porte-parole de la plateforme Ansam Sitwayen, a une nouvelle fois dénoncé le silence des autorités sur la question des réparations, évoquant une « inaction institutionnelle qui frôle le mépris ».

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Au cœur de sa revendication : la mise en place d’un recensement ethnique, tel que préconisé par l’Organisation des Nations Unies, afin de mieux documenter les inégalités persistantes subies par les descendants d’esclaves. Selon lui, ce recensement constitue une étape indispensable pour toute politique sérieuse de réparation, dans un pays où les discriminations systémiques restent souvent tues. « ll est temps de revendiquer notre identité. Depuis trop longtemps, nous sommes invisibilisés sous le terme population générale mais ça suffit. Les Nations Unies ont recommandé un recensement ethnique, et nous exigeons que notre gouvernement agisse », lance-t-il.

Selon lui, l’absence de données ethniques nourrit l’effacement et empêche toute reconnaissance concrète des inégalités structurelles. Et les revendications dépassent le simple cadre statistique : « Ce recensement est essentiel pour établir la justice, la reconnaissance et la réparation. Nous ne sommes pas “Afro-Mauriciens”, comme une étiquette sans fond. Nous sommes des descendants natifs africains. Maurice est membre de la SADC, du COMESA, de l’Union africaine. Il est fallacieux de prétendre qu’il n’y a pas d’Africains à Maurice. »

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Le constat dressé par Ansam Sitwayen est sans appel, en 2025, les discriminations structurelles à l’encontre des descendants africains perdurent. Sous-représentation politique, inégalités dans l’accès à l’emploi public, expropriations foncières, invisibilisation historique et culturelle, et refus obstiné d’un recensement juste. Selon ce dernier, pendant ce temps, d’autres communautés – comme la GOPIO(Global Organization of People of Indian Origin) – bénéficient d’une reconnaissance officielle.

La plateforme réclame ainsi un recensement ethnique immédiat, la reconnaissance constitutionnelle des descendants africains comme composante identitaire de la nation, des réparations multidimensionnelles – financières, éducatives, culturelles et foncières – ainsi qu’un rééquilibrage des privilèges au sein de la société mauricienne.

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Bruneau Laurette a également rappelé que le gouvernement reste inerte malgré ses engagements affichés à l’étranger. En février, le Premier ministre Navin Ramgoolam assistait au 38e sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, placé sous le thème : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ». Mais à ce jour, aucune suite concrète n’a été engagée à Maurice.

« L’État ne peut plus se cacher derrière des slogans vides à l’international. Il est temps de regarder notre propre histoire coloniale en face, et de reconnaître les inégalités qui en découlent encore aujourd’hui », a insisté le porte-parole.

Ansam Sitwayen appelle donc les autorités à assumer pleinement leurs responsabilités. Selon la plateforme, le refus d’un recensement revient à entretenir une injustice déguisée. Pour porter cette revendication à l’échelle internationale, une pétition sera prochainement lancée. L’objectif est de saisir le Tribunal des droits de l’homme à Strasbourg.

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