Le coup d’envoi des séances visant à écouter les cris des pauvres, organisées par le diocèse de Port-Louis, a été donné samedi au gymnase du Collège Lorette de Port-Louis, sous la présidence de Marie-Michèle Etienne. Une série de rencontres et d’activités avec les organisations engagées dans le soutien des plus démunis et dans les activités en vue de l’allègement de la pauvreté sont prévues durant les mois à venir pour déboucher sur les assises de la pauvreté, devant se dérouler en novembre prochain.
Pendant plus de deux heures, l’assistance a eu droit à des témoignages poignants de la part de jeunes en échec scolaire, de mères de famille dont les enfants sont victimes de la drogue, de détenus qui évoquent les problèmes de réinsertion malgré leur bonne volonté, mais aussi de la promiscuité et de la stigmatisation auxquelles sont confrontées de nombreuses personnes.
À la fin de la séance, Mgr Durhône, présent tout au long des délibérations aux côtés du ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, de l’adjointe au maire de Beau-Bassin/Rose-Hill, Gina Poonoosamy, de Karen Foo Kune et Véronique-Leu entre autres, a affirmé qu’il faut connaître les réalités des pauvres pour pouvoir les aider. Pour l’évêque de Port-Louis, la pauvreté n’est pas uniquement matérielle ou un problème d’argent ; c’est également la stigmatisation, la misère morale et émotionnelle. Il parle de pauvreté du cœur.
Intervenant au début de la rencontre, le père Gérard Mongelard a rendu hommage aux Chagossiens après la conclusion de l’accord entre le gouvernement de Maurice et celui de la Grande-Bretagne. En tant qu’aumônier des Chagossiens, il a eu l’occasion de les accompagner et de se rendre à leurs côtés dans les îles lors du premier voyage organisé. Il a évoqué le « sagrin » dont les Chagossiens ont toujours parlé. Il estime que ce « sagrin » touche également les Mauriciens les plus pauvres qui vivent dans la misère. Il a noté qu’en cette année jubilaire, plusieurs activités sont prévues concernant, entre autres, la violence dans les familles, les détenus, ainsi que des organisations nationales qui accompagnent les pauvres et qui déboucheront sur les assises.
C’est Monique, qui a collaboré pendant des années avec le père Henri Souchon, qui a été la première à parler de la misère des jeunes en échec scolaire et qui, à 16 ans, ne savaient ni lire ni écrire. Aujourd’hui, l’ONG Oasis de Paix touche pas moins de 160 jeunes. Elle souligne l’importance de la formation des éducateurs pour soutenir et aimer les enfants. Une autre personne parle de la pauvreté affective des enfants. Elle évoque le manque d’amour, d’affection et de tendresse qui est difficile à combler.
Une mère de famille a parlé du calvaire qu’elle a vécu pendant 25 ans alors que son fils était tombé dans la drogue, mais souligne que malgré tout, elle n’a jamais abandonné son enfant. Une autre mère raconte avoir dû fuir la violence de son fils, tombé dans la drogue. Les aides sollicitées auprès de la police ont été vaines.
Comme la première, c’est dans la Lakaz A qu’elle a trouvé le soutien nécessaire. Jean Claude parle de ses 20 ans passés en prison et du soutien obtenu des prêtres et religieux qui l’ont suivi. Pour lui, ainsi que pour d’autres co-détenus qui animaient la matinée en tant que musiciens, les problèmes rencontrés à la sortie de prison ont également été abordés.
Pour eux, si la réhabilitation et l’accueil sont importants, le plus important est la réinsertion dans la société, qui est le plus difficile en raison de la stigmatisation. « De nombreux détenus libérés se retrouvent en prison faute d’avoir réussi leur insertion dans la société », affirme-t-il.
Sean Runghen, de l’action familiale, parle pour sa part de la souffrance silencieuse des enfants abandonnés par leurs parents.
Pour résumer la rencontre, le père Mongelard a évoqué les problèmes d’identité et s’est appesanti sur les problèmes rencontrés au niveau de l’éducation et du logement. Il a dénoncé les autorités qui veulent déplacer un groupe de personnes à Rivière-Noire.