Un incident survenu le 16 mai à l’aéroport de Londres-Gatwick jette une nouvelle ombre sur la gouvernance d’Air Mauritius. Selon des sources aéroportuaires bien informées, un haut responsable de la compagnie nationale de surcroit un ancien pilote, a été intercepté par les agents de sécurité alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur le vol MK53 à destination de Maurice.
Les agents auraient découvert environ six bouteilles miniatures d’alcool, soigneusement dissimulées dans la doublure intérieure de son bagage à main, inacessible de l’extérieur. Une infraction claire aux règles internationales de sécurité aérienne, qui limitent strictement le transport de liquides à bord à 100 ml par contenant et un litre maximum par passager, tous flacons devant être présentés dans un sac plastique transparent au moment du contrôle.
Mais contre toute attente, aucune sanction ne lui aurait été infligée. Pas d’amende, pas de confiscation, pas même de rapport officiel – et encore moins de suspension temporaire. Le cadre supérieur a pu embarquer comme si de rien n’était, sans que la direction d’Air Mauritius ou l’aéroport de Gatwick ne publient la moindre déclaration sur l’affaire.
Deux poids, deux mesures ?
L’affaire suscite l’indignation au sein de l’entreprise, notamment parmi les employés soumis à des procédures disciplinaires strictes pour des écarts bien moindres. « Quand un employé lambda oublie un flacon dans son sac, il peut être suspendu. Là, on parle d’un haut dirigeant qui transporte de l’alcool caché, et rien ne se passe », s’indigne un cadre, sous couvert d’anonymat.
Certains syndicalistes n’hésitent pas à parler de « favoritisme institutionnalisé », alimenté par des liens familiaux supposés entre ce dirigeant et des personnalités influentes du secteur public, dont un haut gradé d’Airports of Mauritius qui serait son oncle. D’autres rappellent les circonstances opaques dans lesquelles il aurait été nommé, dans le sillage de pressions politiques et de l’influence de la « lakwizinn » du régime précédent.
Silence embarrassant
Cet incident met la direction d’Air Mauritius dans une position délicate. Aucune communication interne n’a été faite. Or, le mémo n°199 du 24 avril dernier rappelait encore l’importance de l’exemplarité et du respect des procédures, en particulier dans un contexte où la rigueur est exigée du personnel à tous les niveaux.
Dans une entreprise en crise où la moindre erreur est scrutée, l’impunité apparente d’un membre du top management risque d’alimenter davantage le malaise social et la défiance des équipes. D’autant plus que plusieurs employés ont récemment été suspendus pour des manquements bien moins graves, notamment dans les opérations au sol et le service cabine.